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SNJ du 21 juin
Sur la grève des cheminot-e-s
Si tout le monde s’accordait à dire que la grève des cheminot-e-s et des intermittent-e-s est très importante pour nous et qu’il faut y intervenir, des divergences d’appréciation se sont exprimées sur la façon d’intervenir des jeunes du NPA. Selon nous, le soutien de camarades jeunes est pleinement justifié, ne serait-ce qu’en tant que militant-e-s du NPA. Il est certain que ce soutien extérieur a beaucoup moins de poids que l’implantation de militants du NPA à la SNCF, mais ce soutien est néanmoins vital, aussi bien pour le renforcement de la lutte que pour mener des discussions politiques avec les grévistes et usagers. Il y avait par ailleurs accord pour dire que le démarrage d’un mouvement étudiant à la rentrée serait un des meilleurs soutiens possibles aux revendications de tous les secteurs en lutte (et la relance de la grève à la SNCF n’est pas impossible à l’occasion des négociations sur la convention collective ferroviaire).
Par ailleurs, un débat est apparu sur l’influence d’idées d’extrême droite parmi les cheminot-e-s, et surtout sur la façon de les combattre. La lutte en elle-même est le principal levier pour faire reculer les idées de Le Pen ou Dieudonné. Mais levier ne signifie pas automatisme, cela nécessite un sujet qui l’actionne. Il n’y a qu’une politisation « lutte de classe » qui puisse faire reculer des politisations nationalistes.
Enfin, la question des directions syndicales ne doit pas être esquivée. Car beaucoup de jeunes grévistes ont fait l’amère expérience du freinage massif opéré par la direction de la CGT et de SUD. L’extrême droite s’appuie de plus en plus sur le sentiment de trahison de beaucoup de syndicalistes pour avoir leur oreille. Il faut discuter de réappropriation des syndicats avec ces secteurs combatifs, à la fois pour donner une compréhension de la situation et une perspective, et pour avoir une chance de voir enfin de vraies grèves générales ! Car la méthode du dialogue social, malgré ses crises, ne s’effondrera pas toute seule.
Sur le front unique et l’extrême droite
Un autre débat important a été celui sur les manifestations de lycéen-ne-s suite au score du FN aux élections européennes.
Certains camarades estiment que le centre de gravité de la mobilisation devait être la lutte contre l’extrême droite. Nous pensons que la politique suivie par le secteur jeune, de faire reprendre aux manifestant-e-s des slogans anti-gouvernement, était juste. La politique anti-sociale du gouvernement et le racisme d’État depuis Mitterrand jusqu’à Valls sont largement responsables de la montée du FN, et il faut bien voir que ce n’est qu’une petite minorité aujourd’hui qui est prête à réagir à un score si élevé. Cette minorité de lycéen-ne-s doit donc justement nous intéresser, mais puisqu’il n’y a pas de perspective immédiate à leur lutte, il faut surtout leur proposer une perspective et une raison de s’organiser : la sortie de crise par la révolution, ou le danger réactionnaire.
Nous avons aussi défendu notre point de vue : le PS étant un parti capitaliste, et de plus directement au gouvernement, il ne faut même pas discuter avec les satellites du PS, qui apparaissent comme tels (MJS, JRG...) mais nous présenter comme un pôle totalement distinct des forces pro-capitalistes (de gauche comme d’extrême-droite), tant dans les communiqués que dans les manifestations. Nous ne pouvons pas négocier courtoisement avec des jeunes qui nous écrivent de rue de Solférino, au moment où les attaques sont issues du même endroit.
Sur les enjeux des prochaines RIJ
Cette journée a aussi été l’occasion d’échanger sur les enjeux (et l’organisation) des Rencontres Internationales de Jeunes de cet été. Une large partie des camarades, dont nous faisons partie, estime qu’il est important de faire des bilans et des débats sur la question des « partis larges ». Il nous semble en effet qu’entre la politique de l’Alliance Rouge Verte au Danemark et celle de l’OKDE Spartakos en Grèce, les débats doivent être posés sur la table. Il ne s’agit pas de cliver pour cliver, il s’agit d’éviter de nouvelles dérives et de prendre nos responsabilités pour qu’émerge un pôle révolutionnaire à l’échelle internationale.
Pour autant, nous sommes pour un regroupement large des révolutionnaires. La clarté sur le rôle de l’État, la différence entre anti-libéralisme et anti-capitalisme, le refus de l’étapisme et la nécessité de l’auto-organisation nous semblent par exemple essentiels. Il n’est en revanche pas nécessaire ni souhaitable de verrouiller l’organisation sur telle ou telle variante ultra-délimitée de « trotskisme ».
Sur la capacité à débattre
Cette réunion des membres du SNJ a eu des aspects positifs et négatifs entremêlés. L’élément positif est la qualité des débats, qui ont abordé des questions politiques imposées par la situation. L’élément plus négatif est une certaine crispation conduisant à une logique de bloc.
Nous avons toujours défendu que pour sortir le NPA de sa crise, il fallait une tendance la plus large possible, regroupant les camarades voulant une orientation et une intervention révolutionnaire pour le parti. Il nous semble qu’il faudrait prioritairement se fédérer autour de cet objectif, en acceptant que des débats et désaccords continuent de nous traverser. La création du courant Anticapitalisme et Révolution pourrait être un pas vers ce regroupement. Mais la direction d'A&R cherchant à tout prix à construire et vérifier l'homogénéité de son regroupement, est amenée à grossir des divergences et à refuser certains débats tant qu’ils n’ont pas été tranchés dans le courant (comme la résolution féministe au CPN d'avril). Il nous semble important d’arriver à créer des cadres de débat sereins, sans que cela conduise automatiquement à des tensions entre camarades.