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    Le NPA et les Bonnets rouges : un essai non transformé

    Une situation complexe mais pas inextricable

    En octobre 2013, des salarié-e-s de l'agroalimentaire se mobilisaient pour sauver leurs emplois dans le Finistère. Le patronat breton avait instrumentalisé la lutte contre l'écotaxe pour déplacer la problématique de l'emploi vers celle du "ras-le-bol fiscal". Cette tentative de récupération avait servi de prétexte aux soutiens critiques du gouvernement, CGT et Front de Gauche en tête, pour organiser une contre-manifestation à Carhaix le 2 novembre.

    Au début du mouvement, une analyse et une vision des tâches partagées par l'ensemble des militant-e-s du NPA

    L'implication des militant-e-s du NPA dans les collectifs de soutien aux salarié-e-s de Carhaix et de Brest, leur présence lors des actions des salarié-e-s ou sur les piquets de grève et leur connaissance du paysage syndical régional leur ont permis de voir clair. La tâche consistait à ne pas laisser le patronat instrumentaliser le mouvement des salarié-e-s ni à laisser le flanc gauche du gouvernement le torpiller.

    Les enjeux des manifestations du 2 novembre à Quimper et du 30 novembre à Carhaix étaient de regrouper les salarié-e-s et de faire apparaître des revendications indépendantes d'un point de vue de classe.

    Le 2 novembre, ces deux conditions ont été réalisées principalement grâce à FO qui avait organisé un cortège de salarié-e-s et est intervenu à la tribune sur une base combative. Le 30 novembre à Carhaix, l'initiative du NPA de formation d'un "Pôle ouvrier" a été un succès.

    D'un nécessaire repli stratégique à l'absence regrettable de bilan politique collectif

    Le 30 novembre à Carhaix sur la scène du collectif "Vivre décider et travailler en Bretagne" rejointe par le Pôle ouvrier, les interventions des salarié-e-s n'ont pas été aussi classistes qu'elles l'avaient été lors du rassemblement indépendant préalable à la gare, rappelant à tous et toutes que la récupération patronale guettait. Or des mesures divisant les perspectives de luttes communes comme la fin du conflit chez Marine Harvest, la remise sous perfusion de Tilly Sabco avec de l'argent public mais aussi le retrait de FO du mouvement ne permettait raisonnablement plus d'envisager de disputer la direction politique du mouvement au collectif "Vivre décider et travailler en Bretagne" aux aspirations interclassistes régionalistes.

    Hélas, aucune des organisations engagées dans la création du Pôle ouvrier à Carhaix n'a répondu à la proposition du "Comité brestois de soutien aux travailleurs et travailleuses de l'agroalimentaire" d'organiser des meetings avec les salarié-e-s mobilisé-e-s pour tirer le bilan politique de cette expérience et tenter de continuer de mobiliser sur nos bases.

    Quel bilan politique pour le NPA et notre congrès de 2015 ?

    Les militant-e-s du NPA ont tenté de pallier leur manque d'implantation dans les entreprises en se rendant sur les piquets de grève et en multipliant les contacts directs avec les salarié-e-s lors des manifestations. Concernant la question de l'implantation dans les entreprises, nous devons profiter de ce congrès pour en faire une priorité et améliorer les méthodes du NPA.

    Cette lutte a aussi montré une fois de plus l’obstacle considérable que sont les réformistes. Le jeudi 30 octobre 2013, le NPA de Quimper a interpellé des organisations du mouvement ouvrier sur la nécessité de manifester à Quimper le 2 novembre pour ne pas laisser la rue à la droite et communiquer sur la remise en question du système de production dans un sens anticapitaliste et écologique. Les sections quimpéroises PG, PC, Alternatifs, ATTAC donnèrent leurs accords pour signer le communiqué allant en ce sens. Le lendemain matin, le PG et le PC de Quimper retiraient leur signature, assurément sous la pression de leurs directions.

    Dès lors, la démonstration politique nécessaire pour faire tomber les masques et favoriser une meilleure lisibilité de la situation par les salarié-e-s mobilisé-e-s était en bonne voie, permettant notamment de distinguer le NPA comme le seul parti "anti-système".

    Pourtant, quelques mois après, le NPA se lançait dans une campagne unitaire avec le Front de Gauche dans plusieurs villes du Finistère. Comment rendre une conception anticapitaliste du pouvoir politique lisible auprès de salarié-e-s écoeuré-e-s par le système, en faisant alliance avec des partis qui protègent ce système ? On voit là encore très concrètement pourquoi cette question est au cœur du congrès.

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