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Voter Philippe Poutou : un vote de classe, anticapitaliste !
La campagne présidentielle touche à sa fin dans un climat anxiogène, permettant aux réactionnaires de tous horizons, s’il le fallait encore, de déverser leur paroles de haine, de mépris, d’appels à la guerre et à la répression. Le programme porté par Philippe Poutou, malgré ses limites, s’y oppose radicalement, et cette campagne à permis d’en présenter les principaux axes.
Un difficile accès au pré carré
Cette participation à la présidentielle fut arrachée de haute lutte par les camarades qui ont participé à la recherche des parrainages, des mois, des semaines, des jours durant. Malgré les mesures anti-démocratiques de ce système électoral, visant à favoriser les candidats des grands partis ayant déjà des élus, nous avons réussi à faire irruption dans ce pré carré. Cela est déjà une preuve, s’il en fallait, d’un intérêt pour notre programme, nos idées.
C’est à partir de ce moment que nous avons enfin pu accéder aux médias qui ont tant souhaité ne pas nous voir. Accéder aux médias signifie s’affronter à eux. Les chiens de garde n’aiment pas « les petits », encore moins quand ceux-ci s’attaquent à eux, à ce qu’ils véhiculent, à ce qu’il défendent. Le mépris de classe insupportable de cette clique s’est évidement révélée lors du passage de Philippe à « On N’Est Pas Couché », provoquant la stupeur de millions de personnes. Cela a permis, malgré tout, de montrer le fossé qui existe entre les agents de l’idéologie dominante et les travailleurs/euses. Deux paroles, deux logiques, deux visons des choses s’affrontent.
A partir du 10 avril, le temps de parole de chaque candidat.e a été équitable, ce qui a signifié une présence importante dans les médias dominants, aux heures de grandes écoute et donc une pratique de plus en plus efficace de moyen de communication. Déjà, durant la séquence du 4 avril, lors du « Grand débat », suivi par 6 millions de personnes, Philippe s’était démarqué par ses attaques frontales contre Le Pen et Fillon, mais aussi en annonçant une série de mesures allant à contre-courant du discours dominant, dont l’interdiction des licenciements, le partage du temps de travail, l’ouverture des frontières.
Être présent.e.s aux élections pour défendre nos positions, porter des revendications, proposer un projet de société
Cela à souvent été dit lors de cette campagne : nous ne nous présentons pas afin d’être élus président de la république. Nous nous présentons pour faire entendre nos voix et pour y défendre des idées. Les acquis sociaux, tels les congés payés, les retraites, la sécurité sociale, l’assurance chômage ont été imposés par des lutte acharnées des travailleurs/euses, par des luttes de classes intensives. Ces acquis, nous les avons arrachés aux gouvernements au service de la bourgeoisie qui ont été obligés de céder face à la pression d’une classe unie dans l’affrontement. Être présent.e.s dans cette élection présidentielle, c’est le rappeler à une échelle de masse.
On sait que Hollande a fait cadeau de 20 milliards d’euro au patronat au titre du CICE et que les actionnaires du CAC40 ont, cette année fait plus de 75 milliards d’euros de profits ! Être dans cette campagne, c’est pouvoir pointer du doigt et s’opposer à ce qui est présenté comme un état de fait.
Faire cette campagne, c’est nous poser comme alternative radicale à la classe politique et comme opposition frontale aux capitalistes. Faire cette campagne, c’est mettre en avant nos revendications : interdiction des licenciements, 32 heures de travail par semaine pour travailler tous et toutes, le SMIC à 1700, l’égalité de salaire femme-homme, un salaire à vie, des embauches massive dans le secteur public.
Pourtant, nous avons des divergences avec notre camarade Philippe Poutou qui se contente de dire qu’il faut « répartir les richesses » et « prendre l’argent ou il est », et qu’en dernier recours seulement il faudra « exproprier les grands patrons ». Pour nous, il faut marteler que nous ne pourrons pas faire plier ces grands patrons par des lois, mais que c’est bien en les expropriant que nous arriverons à nous débarrasser de leurs oppressions et que nous pourrons produire en fonction de nos besoin et non de logiques de rentabilité. Et, si les journalistes s’affolent à l’idée que ces exploiteurs quittent la France (ils ne s’inquiètent d’ailleurs pas trop de l’évasion fiscale qui représente aujourd’hui près de 600 milliards d’euros !), eh bien qu’ils le fassent ! Nous n’avons pas besoin d’eux, ce sont eux qui ont besoin de nous. Ce sont les travailleurs/euses qui produisent les richesses, pas les patrons.
Etre présent.e.s aux élections nous a aussi permis de mettre sur le devant de la scène la nécessité de désarmer la police qui intervient en contact avec la population, de dissoudre la BAC qui agit comme une milice et de mettre fin à la pile de lois sécuritaires qui n’a de cessé d’élargir le permis de tuer des dites « forces de l’ordre ». Dénoncer cette police violente et répressive à permis de mettre en avant le racisme structurel et l’islamophobie qui habite ce bras armé de l’État dont les habitant.e.s des quartiers populaires, les personnes non-blanc.he.s, les personnes musulmanes ou assimilées sont les premières victimes. Les centaines de perquisitions, de contrôle au faciès, de condamnation préventives sans jugements depuis la proclamation de l’état d’urgence en sont l’illustration. La mort d’Adama Traoré et celle de Shaoyo Liu, le viol de Théo Lukala sont autant d’horreurs sur lesquelles la campagne a permis de se positionner, de se mobiliser et d’exiger la justice.
Enfin, l’écologie a pu être imposée dans le débat, à l’heure ou Hollande ne confirme même pas l’arrêt de la plus vieille centrale nucléaire de France, celle de Fessenheim. Enjeu central, la sortie du nucléaire dans 10 ans à été défendue, permettant de mettre en avant le danger que nous font courir les ordures capitalistes pour les simples besoins de leur portefeuille. Le modèle productiviste, fondement du capitalisme a été attaqué par notre candidat en mettant en avant la nécessité d’une reconversion des travailleurs/euses du nucléaire et des grandes exploitations agricoles dans les énergies renouvelables et le développement de l’agriculture biologique.
Voter Poutou, malgré les limites de sa campagne et la « dynamique » Mélenchon
Philippe Poutou à été choisi comme candidat à la présidentielle par les délégué.e.s du NPA. Il à été démocratiquement élu par ces délégué.e.s elles/eux même démocratiquement élu.e.s. Si ce choix à plutôt coulé de source lorsqu’il s’est présenté, la défense du programme, de la ligne politique a quant à elle été fortement discutée.
À la Tendance CLAIRE, nous regrettons que cette campagne n’ait pas réussi à se démarquer clairement d’un Mélenchon sur les questions économiques, ce qui finalement peut apparaître comme révélateur d’un anticapitalisme qui surfe trop près de l’anti-libéralisme. Nous avons largement bataillé pour que cette candidature ne se limite pas à une série de mesures d’urgences sans articulation avec notre programme révolutionnaire, ce qui fut malheureusement le cas à de nombreuses reprisesi. Pour nous, il aurait fallu défendre concrètement le projet communiste. Il aurait fallu mettre en avant de façon systématique l’objectif du pouvoir des travailleur-se-s, seule solution politique pour en finir avec le capitalisme. Il aurait fallu assumer l’objectif de la rupture révolutionnaire avec l’Union européenne et l’euro.
Nous regrettons aussi la faiblesse des interventions de notre candidat au sujet des luttes féministes et LGBTI dans une période ou un Christophe Barbier peut déclarer que payer les femmes autant que les hommes serait dangereux pour l’économieii. La Women’s March, l’Existrans, le 8 Mars pour Toutes ou encore la Marche des Fiertés sont autant de mobilisations qui auraient dû être mises en avant par notre candidat. A ce titre, nous regrettons largement l’intervention de Philippe concernant le port du voile, comme nous l’avions expliquéiii. Enfin, nous déplorons qu’au sujet de la Syrie, notre candidat n’ait pas assez insisté sur la lutte pour l’autodétermination que mènent les Kurdes au Rojava alors que ce peuple en armes au projet démocratique révolutionnaire, accompagné de brigades de volontaires internationaux, lutte à la fois contre Daesch, l'opposition armée islamiste et le régime dictatorial de l’immonde Assad.
Malgré ces divergences, nous appelons largement à voter Philippe Poutou, car le programme qu’il défend est celui des luttes ouvrières et de l’anti-capitalisme. D’ores et déjà, cette campagne a permis plus de rencontres, de débats, d’échanges, de constructions et de luttes communes avec les travailleurs/euses, les jeunes, les chomeurs/euses. D’ores et déjà, nous avons pu répandre un peu plus nos idées et la société que nous voulons créée, en remplacement de celle que nous voulons détruire.
Dans cette période électorale où quatre candidat.e.s sont au coude à coude pour l’accès au second tour, la pression se fait grande autour de nous pour peser de notre petit poids en la faveur de Mélenchon. Malgré nos désaccords profonds avec le programme de Mélenchoniv, nous comprenons les travailleurs/euses qui iront voter pour lui et nous savons que nous serons avec eux/elles dans les luttes demain comme hier.
Mais nous ne pensons pas que le programme de Mélenchon puisse être appliqué, faute d’orientation révolutionnaire. Nous avons nos idées, les réformistes ont les leurs : chacun les défend et nous n’avons à céder ni au prétendu « vote utile », ni à la logique anti-démocratique de l’élection présidentielle de la Ve République. C’est pourquoi nous voterons Poutou !
Notes
i http://tendanceclaire.org/article.php?id=all&keyword=CPN
ii https://www.marianne.net/debattons/editos/pour-christophe-barbier-l-egalite-salariale-femmes-hommes-serait-un-probleme-pour-l
iii https://tendanceclaire.org/article.php?id=1182
iv https://tendanceclaire.org/article.php?id=1175