[RSS] Twitter Youtube Page Facebook de la TC Articles traduits en castillan Articles traduits en anglais Articles traduits en allemand Articles traduits en portugais

Agenda militant

    Newsletter

    Ailleurs sur le Web [RSS]

    Lire plus...

    Twitter

    Les robots volent-ils nos emplois ?

    Par Julien Varlin (17 septembre 2016)
    Tweeter Facebook

    Toute une série d’articles de presse reprennent régulièrement ce thème vendeur des « robots tueurs d’emplois » : « Les robots, le chômage et les emplois de 2030 » (France Info, 10/05/2015), « Robots au travail : 3 millions d’emplois menacés en France d’ici 2025 » (La Voix du Nord, 25/05/2016)… En même temps, d’autres vont insister sur les nouveaux emplois créés (ingénieur-e-s, technicien-nes…) et soutenir qu’il n’y a pas de crainte à avoir : « Des centaines de milliers d’emplois créés par la robotique » (Monster, 16/04/2015), « La vérité sur les robots destructeurs d’emplois » (Slate, 06/06/2016).

    Ce que l’on dit aujourd’hui des robots n’a rien de nouveau, on l’a dit des ordinateurs et plus généralement des machines, dès les débuts de l’économie capitaliste. C’est d’ailleurs le principal argument de ceux qui assurent qu’il n’y a pas de conséquence sur l’emploi : sur le long terme, regardez donc, il n’y a pas de « fin du travail ». En dehors de ce constat plus ou moins vrai empiriquement, peu d’explications sont apportées. Ici on va évoquer la « destruction créatrice » de Schumpeter, on va se permettre de transposer la loi de Lavoisier « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme »

    Dans le Capital, Karl Marx réfutait déjà (1867) la « théorie de la compensation » de ces « économistes bourgeois [qui] soutiennent qu’en déplaçant des ouvriers engagés, la machine dégage par ce fait même un capital destiné à les employer de nouveau à une autre occupation quelconque ». Soyons clairs : à niveau de production égal, les machines et l’automatisation diminuent bien le temps de travail nécessaire en augmentant la productivité, c’est précisément pour cela que les entreprises les introduisent.

    Si nous n’assistons pas à une augmentation linéaire du chômage depuis deux siècles, c’est parce qu’il y a un autre facteur qui contrebalance la productivité : la croissance. Pour le dire simplement : on ne s’est pas contenté de produire toujours plus efficacement les objets que l’on produisait déjà au 19e siècle, on a créé d’innombrables nouveaux secteurs, à un rythme plus ou moins soutenu (taux de croissance). Décortiquer ce moteur capricieux qu’est la croissance capitaliste, c’était justement la tâche que Marx se donnait dans le Capital.

    La croissance a certainement des conséquences positives en mettant à disposition des biens utiles pour la population. De ce point de vue, certains biens manquent encore cruellement à des milliards d'êtres humains (logement avec eau courante, électricité et chauffage central, congés payés, nourriture suffisante et saine, transports, moyens de transports et soins de santé accessibles...). Simultanément, la croissance est déséquilibrée et inégalitaire, conduit dans les pays riches à un consumérisme aliénant, et impose un coût écologique non soutenable en termes de consommation d'énergie et production de déchets.

    Faire l’impasse sur cette dimension spécifiquement économique débouche à coup sûr sur des explications techniques réductrices, comme croire que c’était la chaîne de production fordiste qui créait des emplois (ce qui a été dit et répété au sujet des années 1920, des « 30 glorieuses »…). Quoi qu’il en soit, même si elle n’offre pas d’explication globale, dans une période de stagnation durable comme les années 1930, ou comme l’époque actuelle, l’équation « automatisation = chômage » est relativement correcte.

    Par ailleurs, on pourrait tout à fait imaginer que l’automatisation conduise à travailler tou-te-s et travailler moins. Dans les années 1970, un collectif détaillait comment on pourrait « travailler 2h par jour ». On voit pourtant à quel point nous en sommes toujours loin. La logique de profit maximal conduit plutôt les capitalistes à se débarrasser des salarié-e-s « excédentaires » et à continuer de faire travailler les autres autant (voire leur demander davantage). On voit là encore que l’impact social de l’automatisation dépend du système économique dans lequel elle se développe.

    Comme unique moyen d’éviter une crise sociale majeure, les politiciens prient sans cesse pour le retour de la croissance, et dès qu’ils en ont l’occasion ils y sacrifient nos intérêts (compression des salaires, flexibilisation / précarisation…). Par ailleurs, même au ralenti, la croissance incontrôlée du capitalisme dans certains secteurs suffit à nuire aux écosystèmes et à empêcher tout ralentissement sérieux de l’effet de serre.

    Certain-e-s parlent de privilégier les secteurs les plus gourmands en main d’œuvre, par exemple la petite industrie au lieu de la grande, au nom de la « sauvegarde de l’emploi ». On peut remettre en question certaines industries (nucléaire, pétrolière…) pour de bonnes raisons, mais ce serait une impasse et une voie bien peu souhaitable que de chercher par principe à abaisser la productivité.

    Partant de ce constat, beaucoup en viennent à penser qu’il faut un changement social, pour ne pas subir la raréfaction des emplois, mais au contraire en profiter. Ainsi, beaucoup des défenseur-ses du revenu de base inconditionnel s’appuient sur la robotisation pour déduire la nécessité d’une redistribution des fruits de la technologie, ce qui est une préoccupation juste.

    D’un point de vue marxiste, ce n’est pas seulement au niveau de la distribution des richesses qu’il faut poser la question, mais au niveau de leur production. C’est-à-dire se réapproprier les moyens de production. C’est la condition pour pouvoir sortir des équations piégées du capitalisme (croissance ou chômage, machines ou emplois), laisser les robots voler les emplois que nous voulons leur laisser, et maîtriser démocratiquement l’économie : assurer un revenu universel, réduire fortement le temps de travail en mettant fin au chômage, décider de ce qui est produit, des secteurs qui doivent croître ou qui doivent décroître...

    Télécharger au format pdf

    Ces articles pourraient vous intéresser :

    Assemblée nationale

    Abrogation de la réforme des retraites et RN : retour sur un débat à gauche.

    L’utilisation par le RN de sa « niche parlementaire » (qui aura lieu ce 31 octobre) pour soumettre au vote une proposition de loi d’abrogation de la réforme des retraites a pris de court les députés du Nouveau Front Populaire. Les députés du NFP doivent-ils ou non voter cette proposition de loi ? La publication le 16 octobre dernier d’une tribune intitulée « Voter l’abrogation de la réforme des retraites avec le RN, c’est vaincre le RN et la Macronie… en même temps ! » et signée entre autres par Frédéric Lordon, Annie Ernaux, Stathis Kouvélakis, Houria Bouteldja, et Bernard Friot a déclenché un débat et des prises de positions au sein de la gauche réformiste et révolutionnaire, sur lequel nous reviendrons dans cet article. Le 23 octobre dernier, le groupe parlementaire de la France Insoumise ainsi que Jean-Luc Mélenchon se sont positionnés contre le fait de voter la loi d’abrogation. Le débat est donc désormais en quelque sorte « caduque » mais cela témoigne de la verticalité de l’organisation, qui tranche sans consulter les groupes d’action dont un certain nombre débattaient pourtant de cette question. 

    Lire la suite...

    Télécharger en pdf Tweeter Facebook

    Cinéma

    Souleymane contre Retailleau

    Au moment même où le Premier ministre Barnier, otage du RN, annonçait un nouveau projet de loi contre les migrant-e-s, exigé par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, sortait sur les écrans L’Histoire de Souleymane. Il faut courir voir ce film de Boris Lojkine, qui a du reste obtenu le prix du Jury de la section « Un certain regard » au dernier festival de Cannes et le prix d’interprétation masculine pour Abou Sangaré. Celui-ci n’est pas seulement l’acteur principal du film, époustouflant, mais aussi son inspirateur puisque l’histoire de Souleymane est en partie la sienne. Tous deux sont en effet Guinéens émigrés en France, sans papiers et pouvant donc à tout moment être embarqués par la police et expulsés – même si Abou Sangaré est en réalité mécanicien, alors que Souleymane est livreur à vélo. Lire la suite...

    Télécharger en pdf Tweeter Facebook

    Transports

    La galère est de retour sur le RER B, à peine un mois après la fin des Jeux olympiques et paralympiques

    La semaine dernière, les usagèr-e-s du RER B ont à nouveau subi des perturbations massives, en particulier sur la partie Nord gérée par la SNCF – un regrettable retour à la normale, à peine un mois après la fin des Jeux olympiques et paralympiques. Chaque jour de la semaine, les retards s’accumulaient, les trains étaient annulés sans préavis et la communication était presque inexistante. Ce qui aurait pu n’être qu’un incident isolé est en réalité le symptôme d’un système ferroviaire en crise et d’un système capitaliste qui sacrifie les besoins des usagers sur l’autel de la rentabilité.

      Lire la suite...

    Télécharger en pdf Tweeter Facebook

    France

    Le meurtre du cycliste Paul Varry relance la colère contre la violence routière et la voiture-reine

    La mort de Paul Varry, tué à 27 ans alors qu’il roulait en vélo à Paris, suscite une immense émotion. Il ne s’agit pas seulement de tristesse, mais aussi de colère. Les premiers témoignages indiquent en effet que le chauffard a fauché volontairement le cycliste. La voiture du meurtrier se trouvait sur la piste cyclable, boulevard Malesherbes, et il a d’abord heurté la victime, en lui roulant sur le pied. Il semble que Paul ait alors tapé sur le capot ou le rétroviseur du véhicule. C’est alors que le conducteur, furieux qu’on ose s’en prendre à son gros SUV Mercedes, l’a écrasé volontairement, ce qui a entraîné sa mort par hémorragie rapide.

      Lire la suite...

    Télécharger en pdf Tweeter Facebook