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La leçon de Fukushima : sortir du nucléaire et du capitalisme
Trois mois après la série d’explosions à la centrale nucléaire de Fukushima, alors qu’une catastrophe de plus grande ampleur n’est pas écartée, l’idée qu’il faut sortir du nucléaire progresse au Japon. La responsabilité de la multinationale TEPCO et de l’État, obéissant à la logique capitaliste, est mise en lumière. En France, le rôle clé du nucléaire rend plus clairement nécessaire, pour en sortir rapidement, avant qu’il ne soit trop tard, de renverser le capitalisme.
La catastrophe de Fukushima
Depuis deux mois, la compagnie électrique japonaise TEPCO (Tokyo Electric Power), qui exploite le site nucléaire de Fukushima Daiichi, où se sont produites les explosions de plusieurs réacteurs, tente de minimiser les conséquences de cet accident nucléaire à répétition. Elle a d’abord profité de l’émotion et du chaos provoqués par le violent séisme du 11 mars et le tsunami qui a suivi, et reste avare d’informations sur la situation réelle autour des réacteurs endommagés.
Cette compagnie privée possède la dizaine de réacteurs des deux sites de Fukushima, qui alimentent Tokyo et sa région en électricité, et a pu faire d’énormes profits pendant des décennies grâce au soutien de l’État : gouvernements et campagnes pronucléaires, Agence Japonaise de Sûreté Nucléaire accommodante, développement capitaliste énergivore… au point de devenir la première entreprise de production d’électricité au monde.
Si elle n’est pas la seule à produire de l’électricité au Japon, dans des conditions peu respectueuses de l’environnement bien dissimulées, sa soif de profits est telle que son nom est apparu à plusieurs reprises dans des scandales, pour non-respect de la sécurité de ses travailleurs et des populations vivant aux alentours de ses centrales .
Épinglée en 2002 pour falsification de documents (Tepco avait cherché à masquer des incidents intervenus dans ses centrales), elle avait aussi été dénoncée par la presse et des spécialistes du nucléaire après l’accident survenu en 2007, suite à un séisme, dans une autre de ses centrales, dans la région de Niigata. En vain...
Seul le réacteur n° 3 de Fukushima 1 (34 ans) avait subi une rénovation, avec la fourniture par AREVA , en août 2010, de MOX (mixed oxydes). Ce combustible dont les nucléophiles français sont si fiers, mélange de plutonium retraité et d’uranium, a un point de fusion plus bas que les combustibles dits « classiques » et l’échauffement dû à sa radioactivité est plus difficile à réduire, si bien qu’il pourrait, selon les spécialistes, provoquer une réaction nucléaire en chaîne totalement incontrôlable, et donc une catastrophe environnementale planétaire inégalée.
Si le pire a jusqu’à maintenant été évité, les explosions et incendies qui se sont succédés sur différents réacteurs à la mi-mars, les moyens dérisoires et inefficaces mis en oeuvre par les autorités japonaises face à l’incurie de TEPCO (canon à eau de la police puis hélicoptères militaires), les fuites et rejets massifs d’eau contaminée depuis début avril, la crainte d’un effondrement des cuves, tout concourt à démontrer le manque de maîtrise de la production de ce type d’énergie et les failles dans la gestion des risques, pourtant prévisibles dans cette région à grande activité sismique. L’absence de moyens pour refroidir les combustibles est d’autant plus choquante qu’ils sont nécessaires dans des conditions d’exploitation normales, pour éviter que les nombreux incidents qui surviennent dans les centrales ne deviennent des accidents graves.
La leçon de Fukushima : remise en cause du nucléaire
La responsabilité de TEPCO est patente mais aussi celle de l’État. Les Japonais se réveillent, amers, après des décennies de sommeil ponctuées de discours mensongers de TEPCO et de ses complices représentants de l’état capitaliste, falsification de la réalité qui perdure mais transparaît plus facilement dans le contexte actuel. Beaucoup dénoncent TEPCO et le gouvernement.
Certains manifestent : de quelques dizaines à Tokyo et Nagoya le 27 mars, ils sont passés le 7 mai à quelques milliers de personnes - étudiants, syndicalistes et familles - qui ont défilé dans les rues de Tokyo pour demander la fermeture des centrales nucléaires.
Si ces manifestations, qui ne sont pas ancrées dans la tradition ouvrière comme en France, restent modestes, les Japonais sont finalement nombreux, selon les sondages, à remettre en cause non seulement les discours rassurants sur la situation présente, mais aussi, du coup, ceux du passé, lénifiants, sur cette source d’énergie : soi-disant sécurité nucléaire nationale, capacité à trouver des solutions à long terme grâce à un énorme centre international de recherche nucléaire, compétitivité économique accrue, etc.
Beaucoup découvrent que la production d’énergie électrique nucléaire est, et de loin, plus nocive que celle de toutes les autres énergies. Certes, sa production ne provoque pas forcément, au quotidien, plus de nuisances pour l’environnement et de maladies chez l’homme que d’autres sources d’énergie, et en tout cas moins que la production d’électricité à partir de charbon.
Mais il est clair, même pour ceux qui n’avaient pas retenu la leçon de Tchernobyl, que:
- L’énergie nucléaire est susceptible d’hypothéquer violemment et durablement le devenir du vivant dans une zone plus ou moins étendue, aujourd’hui 20 km autour de Fukushima, mais ce pourrait être demain un pays, une partie d’un continent.
- L’énergie nucléaire produit des déchets à plus ou moins longue vie, dont certains extrêmement toxiques, comme ceux retrouvés depuis début avril dans l’océan Pacifique, et dont l’accumulation ou la dissémination dans diverses parties du globe représente une menace durable, pour les générations futures et le vivant en général. Les nucléocrates font miroiter des avancées technologiques qui résoudraient le problème, mais les résultats jusqu’à aujourd’hui sont désastreux (ex. du MOX ci-dessus), et pour l’avenir les certitudes relèvent de la foi, non de la science. La recherche intensive, même dans un autre type de société, ne provoquera pas forcément de miracle.
- L’énergie nucléaire n’est pas un gage d’indépendance énergétique du pays mais un fardeau économique pour l’ensemble de la population, du fait des déchets (lieux de stockage, centrales fermées, etc.), du coût de démantèlement des centrales une fois celles-ci arrivées en fin de vie, etc., autant d’éléments qui ne sont pas pris en compte dans le prix réel de l’électricité produite par les centrales nucléaires, quand on nous dit qu’il est inférieur à celui de autres énergies. Et cela devient véritablement exorbitant en cas d’accident nucléaire grave comme à Fukushima.
En effet, au Japon, l’aspect économique de la barbarie nucléaire passe aujourd’hui sur le devant de la scène, alors que l’on commémore la catastrophe de Tchernobyl et que l’on s’interroge sur le financement du second sarcophage du monstre engendré par un Etat dit « communiste », rentré dans une compétition folle avec les pays capitalistes, et qui avait depuis longtemps trahi les travailleurs.
Le gouvernement japonais a annoncé le 13 mai le financement par l’État de l’indemnisation des victimes de Fukushima. La couverture de la multinationale japonaise par son assurance était dérisoire par rapport aux coûts d’une telle catastrophe (c’est le cas pour toutes les entreprises productrices d’énergie nucléaire). Les indemnisations, prévues par TEPCO et les banques, sont tout à fait aléatoires. Ceux-ci accusent en effet l’État japonais d’avoir fait la promotion du nucléaire... et lui demandent d’assumer sa responsabilité ...
Le cynisme de TEPCO à l’encontre des populations et des travailleurs qui interviennent dans les centrales, et maintenant à propos du financement des indemnisations, commence à susciter la colère des Japonais et à leur ouvrir les yeux sur la responsabilité du capitalisme dans la barbarie du nucléaire civil (pour le nucléaire militaire, les Japonais n’ont plus de doute depuis longtemps, après Hiroshima et Nagasaki...).
L’État qui, via la Banque du Japon, a injecté dès la mi-mars des milliers de milliards de yens (des dizaines de milliards d’euros) pour soutenir les capitalistes, après la chute de la Bourse de Tokyo, continue par ailleurs de financer les pertes des industriels nationaux dues à la chute de la production : impossibilité de produire par manque de matières premières, d’énergie, de débouchés pour cause de contamination...
L’État japonais finance et mutualise les pertes des capitalistes, qui ont fait des profits et se préparent à en faire de nouveaux... tandis que les travailleurs paient les pots cassés : impôts, énergie chère, atteintes multiples à leur santé, (contamination aérienne, par ingestion d’eau et d’aliments...), difficultés de la vie quotidienne, chômage technique, ...
La solution que les travailleurs japonais doivent imposer est une sortie du nucléaire (14% de la consommation énergétique du pays), avec nationalisation de la production d’énergie sous contrôle des travailleurs, dont l’expropriation immédiate de l’empire TEPCO pour indemniser les victimes et financer les très coûteuses opérations pour stopper la contamination toujours en cours à partir de la centrale de Fukushima.
Cette mesure, qui remet en cause la logique même du capitalisme, devra, pour être durable, déboucher sur le renversement du système dans son entier.
Sortir du nucléaire, en France aussi
Ce qui est vrai pour le Japon, 3ème producteur d’énergie nucléaire au monde, l’est aussi pour de nombreux pays capitalistes dotés de centrales nucléaires, donc bien sûr aussi pour les États-Unis, n°1 mondial, mais plus encore pour la France, n°2 et pays proportionnellement le plus nucléarisé au monde.
En effet, la France est le pays qui possède le plus fort taux de réacteurs nucléaires par rapport à sa population : 58 réacteurs répartis dans 19 centrales nucléaires pour une soixantaine de millions d’habitants. Mais derrière ces chiffres se cache une réalité bien plus grave encore.
Les défenseurs du nucléaire repoussent l’exigence d’une sortie rapide du nucléaire en prétendant que ce serait impossible sans retourner à l’époque de la bougie. C’est de la poudre aux yeux. D’une part, cela repose sur la négation du potentiel considérable des énergie renouvelables, comme les éoliennes sur terre et sur mer, les panneaux solaires intégrés dans toute nouvelle construction, l’énergie de la mer et la cogénération, entre autres. Ce potentiel est encore largement inconnu : il a été très peu a été investi dans la recherche en ce domaine, car elle n’est pas assez rentable pour le capital à ce stade. D’autre part, l’arrêt des centrales nucléaires abaisserait la consommation d’énergie, les habitats peuvent être construits selon des normes permettant d’économiser du chauffage, la modification de l’éclairage public et domestique permettrait aussi de moins consommer, etc. Selon le réseau Sortir du nucléaire, il est possible, en l’état actuel des connaissances scientifiques, de sortir du nucléaire en dix ans.
Un autre argument avancé par les pro-nucléaires en France, c’est que le nucléaire français serait, par une magique « exception française », sûr. Ils disent notamment que les risques sismiques sont moindres risques dans l’hexagone et que les réacteurs à eau bouillante au Japon et réacteurs à eau pressurisée, REP, en France, seraient plus sûrs.
Or Le parc nucléaire français est vieillissant, les petits accidents se multiplient, les déchets s’entassent au centre de retraitement de La Hague et les projets de nouvelles centrales s’avèrent inexploitables tant du point de vue technique que financier (c’est certainement le cas du surgénérateur Superphénix, même si la dimension politique, mobilisations anti-nucléaires, a joué un rôle important dans son abandon). Les risques sismiques en France sont certes moindres, mais les centrales sont aussi moins bien conçues pour y résister. Selon la logique capitaliste, en France comme au Japon, il y a des investissements seulement pour parer à des incidents probables, mais pas à des accidents, par définition exceptionnels.
En outre, EDF, devenue source d’énormes profits, a été transformée en vue de sa privatisation (statuts et économies). Le recours à des sous-traitants s’est intensifié. Leurs travailleurs sont moins bien payés, moins bien formés, obligés de travailler dans de mauvaises conditions, au détriment de leur santé, qui n’est pas suivie par les médecins comme celle des agents titulaires, … et au détriment de la sécurité, bien évidemment. Les accidents, certes peu graves, sont extrêmement fréquents, alors que certaines centrales sont vieillissantes et de plus en plus dangereuses. Les déchets s’accumulent. Ils sont stockés et voyagent dans des conditions dangereuses, sont disséminés dans les sols et les océans.
En fait, derrière tout ce discours pseudo-scientifique, il y a les intérêts du capitalisme français. Le développement d’un nucléaire civil étatisé a été la continuation de la production de nucléaire militaire pour la France, contribuant à son poids comme puissance impérialiste, même de seconde zone. Dans cette logique, la France a développé un parc nucléaire très important, au nom de l’indépendance énergétique nationale, après la crise pétrolière de 1974. Elle a remplacé en partie l’énergie fossile, le fuel, et l’électricité de ses centrales thermiques au charbon, par de l’énergie nucléaire, pour le chauffage notamment. La chasse au gaspillage de l’après-choc pétrolier a alors laissé place à une incitation à la consommation d’électricité, comme au Japon, et ce d’autant plus aisément que la compagnie d’électricité nationale, EDF, sous le giron de l’État capitaliste depuis sa création en 1946, bénéficiait de la télévision publique pour assurer sa publicité. La plupart des centrales, construites dans les années 80, étaient amorties au tournant du XXIe siècle. Pourtant, cela n’a pas conduit à des investissements massifs dans la recherche sur le retraitement des déchets, la sécurité nucléaire et la radioprotection, l’entretien des centrales nucléaires et la préparation de leur démantèlement. Les grands trusts de l’énergie, public et/ou privé, Areva et EDF, n’y avaient pas intérêt. En effet, le renouvellement des centrales en France est à la fois un marché important et un point d’appui pour la compétition sur le marché mondial à un moment où la raréfaction des énergies fossiles peut pousser des pays à opter pour la fausse solution du nucléaire.
Mais nous n’avons rien à faire des profits d’EDF et d’Areva. Nous partons des besoins des travailleurs et de la nécessité de protéger leur vie et leur santé. C’est pourquoi, face à cette situation et après la catastrophe de Fukushima, qui confirment les craintes des plus pessimistes d’entre nous, il est urgent de se prononcer pour la sortie du nucléaire. Nous exigeons :
- La fermeture immédiate des centrales nucléaires les plus dangereuses, à commencer par Fessenheim, qui est à la fois la plus ancienne et située dans une zone sismique ;
- La titularisation de tous les personnels travaillant dans les centrales et de bonnes conditions de travail ;
- La renationalisation totale d’EDF et d’AREVA, sous contrôle ouvrier ;
- Le développement de la recherche sur le retraitement des déchets et la sécurisation de leur stockage : ni largage en mer, ni transports et exportations de ce poison dans des pays dominés ;
- La préparation de la sortie rapide, totale, du nucléaire, avec investissements massifs dans la recherche-développement sur les économies d’énergie et les énergies renouvelables.
En effet, nous ne croyons pas, contrairement à certains autres anticapitalistes, qu’il y ait un bon nucléaire, sûr, qui apparaîtra forcément dans une société débarrassée de l’exploitation capitaliste.
Mais il est aussi clair pour nous que, afin de résoudre le problème du nucléaire de façon durable, il ne peut être question de faire seulement, sous la pression de partis réformistes écologistes, des moratoires ou arrêt momentanés de construction de nouvelles centrales (comme en Italie ou en Suède, par exemple), ni même de simples incursions dans la propriété privée, avec la (re)nationalisation de certains pans de la production énergétique. En effet, dans ce domaine comme dans d’autres, les capitalistes apprécieraient certainement de se voir délestés de secteurs non lucratifs et même déficitaires, telles les centrales nucléaires les plus dangereuses comme Fukushima, pour garder ce qui leur procure des profits. La nécessité pour le capitalisme de créer sans arrêt de nouveaux marchés afin de maintenir ses profits, qui se font en surexploitant les travailleurs, en pillant les richesses naturelles et en saccageant de façon effrénée l’environnement, rend illusoire sa transformation pour répondre aux besoins fondamentaux de l’humanité.
L’industrie nucléaire, cœur du capitalisme français
Le capitalisme français dépend plus que celui d’autres pays, y compris les États-Unis, de son industrie nucléaire, puisque AREVA, société anonyme détenue essentiellement par le Commissariat à l’Énergie Atomique et l’État, est le n°1 mondial du nucléaire. Exploitation des mines d’uranium du Niger, transport et retraitement de déchets, exploitation des centrales, construction de réacteurs, surtout à l’étranger, comme en Inde et en Chine dernièrement, AREVA, avec toutes ces activités mortifères, est le fer de lance de l’impérialisme français. Elle agit dans un groupement d’intérêts avec EDF. Les volumes financiers mis en jeux sont colossaux : le chiffre d’affaire du groupe était par exemple de 9,1 milliards en 2010 (1).
Pas étonnant alors que les gouvernements aux bottes des grands groupes fassent des pieds et des mains pour défendre les intérêts d’Areva, n’hésitant pas à utiliser des moyens considérables pour faire fonctionner le réseau diplomatiques dans les 43 pays où Areva possède des intérêts ou encore à envoyer le VRP en chef pour vendre des EPR à la Chine, à l’Inde ou hier encore à la Libye de Kadhafi ! Le gouvernement français n’hésite pas non plus à déployer des forces armées pour faciliter l’exploitation des mines d’uranium au Niger (2). Il fait ainsi la démonstration de l’hypocrisie de son discours de rupture avec la « Françafrique » et bafoue bien plus que sa parole : il dépossède les prolétaires Nigériens d’une partie de leur richesse et de leur capacité à organiser de manière indépendante le fonctionnement économique et politique de leur pays.
Toujours concernant la dépendance du capitalisme français à l’industrie nucléaire, il faut évoquer les « bénéfices » engrangés par la privatisation des services intervenant de manière plus ou moins directe dans le secteur du nucléaire militaire. Les travailleurs français ne seront donc par exemple pas les seuls à payer pour les 5 milliards d’euros qu’a coûté le développement du missile nucléaire français dernier cri... Ils paieront par contre peu- être de leur santé la fabrication de ses missiles mais nous ne pouvons pas faire confiance à la Grande Muette pour communiquer là-dessus : « secret-défense », dira-t-elle...
La révolution énergétique passe par une révolution sociale!
Si une stratégie de sortie du nucléaire est envisageable sans renoncer à des capacités de production permettant de satisfaire les besoins de tous (3), elle ne pourra se concrétiser que si nous supprimons le pouvoir de la bourgeoisie tirant bénéfice du nucléaire et des autres secteurs de l’économie . Par exemple, tant qu’il y aura possibilité de faire des profits en vendant de l’énergie, nous pouvons faire confiance aux bénéficiaires pour ne pas faire de chasse au gaspillage. Par exemple, les actionnaires d’EDF n’ont pas intérêts dans une certaine mesure à ce que les pertes en ligne diminuent puisque cette perte énergétique est facturée au client. Si nous voulons l’efficacité énergétique, la propriété des producteurs d’énergie doit être collective. Cette logique vaut également pour le secteur de l’habitat dont les normes de construction en termes d’isolation thermique et donc de consommation énergétique ne seront pas déconnectées de la notion de rentabilité financière relative aux intérêts des patrons et actionnaires. En poussant le raisonnement plus loin, sortir du nucléaire appelle aussi à transférer la propriété des banques de quelques individus à tous puisque les investissements nécessaires aux modifications précités et d’autres comme la production d’appareils ménagers dont l’obsolescence est aujourd’hui programmée ne seront pas forcément rentables à court terme.
Ce dont il faut enfin parler pour parvenir à de tels changements, c’est des forces et de la forme de l’organisation susceptible de les mettre en œuvre. Pour des changements radicaux et pérennes, il faudra s’appuyer sur les luttes de la population, mais ne pas se limiter à des actions de pression sur les propriétaires des moyens de production et l’État. Les mobilisations et la catastrophe de Fukushima n’ont par exemple pas décidé les acteurs du G8 à planifier une sortie du nucléaire, tout juste à faire des déclarations sur le renforcement de la sécurité des centrale nucléaires, comme Sarkozy lors d’une conférence de presse. De plus, nationaliser certains secteurs de production tout en laissant la possibilité à la bourgeoisie de se « refaire » plus tard ou en profitant de son argent pour corrompre les acteurs des secteurs nationalisés ou de l’État chapeautant le fonctionnement de ces secteurs, se retournerait tôt ou tard sur les travailleurs comme l’ont montré les nationalisations françaises dans les années 80.
Le rôle du NPA quant à la sortie du nucléaire implique de travailler sur deux plans : montrer que la révolution énergétique est possible, œuvrer à la révolution sociale en impulsant l’auto-organisation des luttes et la mise en place d’un gouvernement des travailleurs eux-mêmes, qui décidera en fonction de leurs besoins et non des intérêts d’une petite minorité de capitalistes.
1) http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2011/03/03/97002-20110303FILWWW00647-areva-benefice-2010-en-hausse-de-60.php
2) http://www.afriquesenlutte.org/afrique-de-l-ouest/niger/article/niger-difficile-d-accepter-la
3) Voir l’étude du Réseau Sortir du Nucléaire : http://www.sortirdunucleaire.org/index.php?menu=sinformer&sousmenu=themas&soussousmenu=solutions&page=1