Agenda militant
Liens
- Notre page FaceBook
- Site de la france insoumise
- Site du NPA-Révolutionnaire
- Site anti-k.org
- Le blog de Jean-marc B
- Démocratie Révolutionnaire
- Fraction l'Étincelle
- Révolution Permanente (courant CCR)
- Alternative Communiste Révolutionnaire (site gelé)
- Ex-Groupe CRI
- Librairie «la Brèche»
- Marxiste.org
- Wiki Rouge, pour la formation communiste révolutionnaire
La candidature de Philippe Poutou n’est utile ni aux idées révolutionnaires, ni aux luttes de notre classe
Tribune à paraître dans le journal du NPA, l'Anticapitaliste
Délégué-e-s de la pf 3, nous sommes les seul-e-s à avoir voté contre la déclaration de la CN et la troisième candidature de Philippe. Nous estimons qu’elle n’est utile ni aux mobilisations de notre classe, ni à la construction du NPA – et moins encore du parti réellement révolutionnaire dont notre classe a besoin.
Nous avions expliqué dans notre plateforme que la question du programme était décisive et qu’une éventuelle candidature ne pouvait que lui être subordonnée. Or la déclaration de la CN confirme l’incapacité de la majorité du NPA à proposer un véritable programme révolutionnaire. D’abord, elle revendique « un revenu tout au long de la vie, au moins égal à un SMIC de 1800 euros nets, y compris lorsque l’on est sans travail », en se contentant de mettre en avant la nécessité de partager le temps de travail et d’interdire les licenciements. Or elle ne dit pas que cela est impossible sans l’expropriation des capitalistes. Cela revient donc à semer des illusions, voire à reprendre sous une forme plus « radicale » le « revenu universel » de Hamon. Nous avons défendu au contraire la nécessité de mettre en avant la « garantie économique générale » assurant la satisfaction des besoins fondamentaux par l’extension de la sécurité sociale, une caisse de salaire et une caisse d’investissement financées par la valeur ajoutée d’unités de production agréées par les Assemblées générales de travailleur/ses et d’usager-ère-s. Or cela implique la conquête du pouvoir par les travailleur/ses et la fin des grands groupes capitalistes, par l’expropriation immédiate des uns et l’asphyxie économique des autres.
De même, la déclaration de la CN dit qu’il faut « en finir avec un régime autoritaire, raciste et inégalitaire », donc « défendre la fin de cette république impérialiste des riches et des patrons et du présidentialisme particulièrement incarné par Macron » ou encore la « suppression des corps spéciaux de répression (BAC, BRAV...) ». Or il ne s’agit nullement là d’un programme révolutionnaire : des réformistes aussi veulent en finir avec cette république, et les révolutionnaires ne sauraient approuver le maintien des corps « normaux » de répression, des CRS, de la gendarmerie, des juges et procureurs non élus, des hauts fonctionnaires non contrôlés, etc. Il s’agit en effet de liquider les institutions régaliennes de l’État bourgeois et de constituer de nouvelles institutions, sur la base de la démocratie ouvrière, dont la Commune a fourni un modèle. Que ce soient des fonctions de pouvoir civil ou des tâches répressives, toutes devraient être exercées par tou-te-s, à tour de rôle, en élisant les responsables et en contrôlant les spécialistes indispensables.
Non seulement la déclaration de la CN n’augure pas d’une campagne apte à faire progresser les idées révolutionnaires, mais elle ne propose même pas des perspectives utiles aux mobilisations de notre classe. En particulier, elle ignore la question clé des organisations syndicales et politiques du mouvement ouvrier, elle n’a pas un mot contre leur stratégie du « dialogue social » et des journées d’action dispersées, comme si cela n’avait pas un rôle majeur dans les défaites des années précédentes et dans la difficulté générale de mener et de coordonner les luttes. Il ne suffit pas de se prononcer contre « l’union de la gauche » (encore heureux !), de critiquer Mélenchon et LFI, ni de regretter « l’absence de représentation anticapitaliste de masse ». Car il y a bien des forces politiques et syndicales qui continuent d’influencer une bonne partie des masses et jouent un rôle important dans les luttes (surtout dans leurs défaites) comme sur le terrain électoral. Or, en ne s’adressant pas à ces forces, en n’ayant aucune politique à leur égard, tout en ne proposant pas non plus un programme politique clairement contradictoire au leur, le NPA ne pourra guère faire la différence et attirer à lui les secteurs les plus avancés de notre camp social.
En particulier, entre la LFI, qui a un programme clair, quoique de type réformiste, et LO, qui met en avant le projet du communisme, quoique de façon routinière et abstraite (sans compter l’éventuelle candidature d’Anasse), on ne voit vraiment pas ce que la candidature de Philippe va apporter d’utile. Il ne suffit pas d’avoir un bon profil de candidat, de tacler à la télévision des politicien-ne-s corrompu-e-s, de soutenir les luttes et d’attirer la sympathie : on a vu en 2012 et 2017 que cela ne permettait guère de construire le NPA, et le contexte politique, notamment la polarisation sur Macron, Le Pen et Mélenchon, rendra cette troisième campagne encore moins efficace.
Dans ces conditions, nous désapprouvons les décisions de la CN et nous nous donnons l’été pour décider de la campagne que nous ferons – ou pas – dans le contexte de la présidentielle.