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Après Tunis, Le Caire et Damas, la révolte gronde à Athènes et Madrid
Combattons pour un programme révolutionnaire!
L’accentuation de la crise des dettes publiques et l’ampleur des processus révolutionnaires dans les pays arabes produisent leurs effets en Europe. À Athènes, à Madrid, à Barcelone et dans d’autres villes européennes, la population se rassemble massivement pour crier sa défiance à l’égard du système et des politiciens qui le servent, en se servant au passage.
Depuis la mi-mai, les « indignados » madrilènes campent illégalement dans le village alternatif planté sur la Puerta del Sol, dans un parallèle saisissant avec la mobilisation Place Tahrir en Égypte. Transformant la place en village autogéré avec ses propres cantines gratuites, son stand d'information juridique, son infirmerie, sa garderie pour enfants, les milliers d’indignés dénoncent la crise, les coupes budgétaires, le chômage (40% des jeunes de moins de 35 ans en subissent les affres). Les politicards et les plumitifs des grands médias les appellent « la Génération Ni-Ni » (qui n'étudie, ni ne travaille) montrant combien leur arrogance et leur mépris sont grands vis-à-vis de cette jeunesse sans avenir. Les plans d’austérité mis en place par le « socialiste » Zapatero suscitent colère et révolte, et la Puerta del Sol gronde de « el pueblo unido jamas sera vencido ». Pour le moment, la classe ouvrière d’Espagne, dont la combativité est faible, mais qui avait réalisé une grève interprofessionnelle très suivie en septembre, ne suit pas massivement la jeunesse, mais reste encadrée par des bureaucraties syndicales extrêmement intégrées. Mais, par leur auto-organisation et leurs revendications politiques et sociales élevées, les jeunes d’Espagne montrent la voie aux jeunes et aux classes ouvrières de toute l’Europe, où ils ont fait entrer le vent frais de la révolte arabe.
Alors que le patron du FMI se trouve sous les verrous, les Grecs reprennent le chemin de la lutte où ils s’étaient puissamment engagés l’année dernière (1), cherchant à se libérer du carcan des politiques d’austérité et des plans de semi-colonisation de leur pays par la « troïka » européenne (UE, FMI, BCE). Les travailleurs, la jeunesse, les retraités n’en peuvent plus des attaques, dont on espère que ce seront les dernières, mais qui se succèdent à un rythme effréné. Alors que les bureaucrates syndicaux cherchent à contenir la colère des travailleurs avec des journées de grève dispersées (une dizaine depuis un an), les Grecs cherchent la voie qui leur permettrait de stopper la spirale régressive qui les entraîne dans la misère. Faisant écho à la mobilisation espagnole, des centaines de milliers de grecs convergent sur les principales places du pays. Dimanche 5 juin, ce sont environ 250 000 personnes qui ont conflué sur la Place de Syntagma à Athènes, pour vomir la politique commune du parti « socialiste » au pouvoir et de l’opposition de droite. Nous n’en avons eu aucun écho dans les grands médias français : censure d’un système absurde qui pense qu’il pourra tenir longtemps en abrutissant les gens à coups de faits divers ou de petites phrases commentées à l’infini. Comme en Espagne, et plus profondément qu’en Espagne car cela intervient après plus d’un an de luttes et de grèves, avec une bien plus forte mobilisation des prolétaires, le mouvement s’auto-organise, avec à Athènes une Assemblée populaire quotidienne à 21h et la tenue de très nombreux débats, dont la richesse contraste avec la vacuité des programmes télévisuels.
Les communistes révolutionnaires doivent bien sûr intervenir dans ces processus naissants d’auto-organisation, pour y apprendre et y contribuer. Les AG et les débats ne peuvent suffire à faire vaciller le pouvoir. Sans projet politique alternatif, le mouvement est condamné à refluer et les travailleurs à sombrer dans la désespérance qui fait le lit de tous les démagogues, comme on le voit avec la montée du FN en France (cf. l’article de Tomazo Kafliyov). Il est frappant de constater qu’en Espagne ou au Portugal, la défiance à l’égard des politiciens bourgeois ne profite pas aux « antilibéraux », considérés comme partes prenantes du système. Le « Bloc de gauche » portugais s’effondre de 10 à 5%, incapable de rassembler les travailleurs révoltés autour d’un projet de rupture anticapitaliste concret. Ses mots d’ordre n’ont aucune crédibilité, non pas parce qu’ils seraient trop « radicaux », mais parce qu’ils sont désincarnés, vaguement articulés à un programme de réforme des institutions auquel personne ne croit (à juste titre) et s’accompagnant d’un parfait opportunisme, comme le vote du plan européen d’austérité imposé à la Grèce l’an passé (2).
Alors que débat fait rage, à l’intérieur du NPA, autour de notre stratégie politique à la veille des échéances électorales de 2012, le « Bloc de gauche » montre la voie à ne pas suivre. Il est central d’expliquer que sortir de la crise, tout en restant dans le capitalisme, implique nécessairement une immense dévalorisation de capital constant (machines) et de capital variable (salaires), c’est-à-dire des conséquences terribles pour les travailleurs (cf. les articles de Gaston Lefranc). Les réformistes qui nous font miroiter la promesse d’un « New Deal », c’est-à-dire d’un capitalisme à visage humain, trompent complètement les travailleurs, en oubliant de préciser qu’une forme de « New Deal » n’a été possible, pendant les « Trente Glorieuses », qu’à la suite des destructions de capital engendrées par la Grande Dépression et la guerre.
La seule issue favorable aux travailleurs est celle de leur propre gouvernement, en rupture avec les institutions de la bourgeoisie, seul capable de changer la vie en renversant le capitalisme. C’est sur la base de cette stratégie révolutionnaire, en mettant en discussion les premières mesures que devrait prendre un gouvernement révolutionnaire et en intervenant activement dans la lutte des classes, pour l’auto-organisation des travailleurs, contre la politique de collaboration de classe des directions syndicales et réformistes, que nous pourrons construire le parti avec les travailleurs les plus avancés qui cherchent une issue. C’est le sens du combat de la Tendance CLAIRE pour une grande tendance révolutionnaire du NPA, pour que le NPA se construise en priorité dans la classe ouvrière et la jeunesse et se dote d’un programme clairement révolutionnaire.
1) Cf. Au CLAIR de la lutte n° 6, http://tendanceclaire.npa.free.fr/article.php?id=178
2) Cf. Au CLAIR de la lutte n° 7, http://tendanceclaire.npa.free.fr/article.php?id=208