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Contre la campagne haineuse et hypocrite de la bourgeoisie, une priorité : défendons notre camarade Ilhem Moussaid et le NPA !
La contradiction entre le foulard musulman et les valeurs féministes ne peut faire obstacle à la pleine intégration de ces militantes si elles défendent le programme du parti
De nombreux camarades se sont émus, voire indignés, en apprenant par la presse qu’une militante du NPA, qui a fait le choix de porter un voile en raison de ses convictions religieuses, se trouvait sur la liste NPA du Vaucluse (région PACA). Le débat est d’autant plus nécessaire que la direction de notre parti a refusé de l’organiser au préalable. Mais il nous semble important d’essayer de le poser dans des termes concrets, car on ne peut pas se contenter de réaffirmer les principes généraux de la laïcité ou du féminisme. Nous devons inscrire ce débat dans le contexte politique et tenir compte du fait que des jeunes femmes musulmanes se réclament du féminisme et de l’anticapitalisme tout en faisant le choix de porter un foulard, afin de nous demander dès lors si cette contradiction, réelle, ne pourrait pas être assumée dans le cadre d’un parti anticapitaliste révolutionnaire cherchant à gagner les plus opprimés.
Dans quel contexte intervient cette campagne de la bourgeoisie contre la camarade Ilhem et le NPA ?
Depuis trente ans — sans même remonter à la guerre d’Algérie —, la bourgeoisie essaie de nous faire croire que l’une des causes du chômage de masse serait la présence massive d’immigrés, originaires avant tout de pays musulmans. Depuis trente ans, la politique des gouvernements successifs de droite et de gauche consiste à multiplier les lois anti-immigrés et sécuritaires, à parquer les populations d’origine immigrée dans des ghettos de banlieue et à soutenir de fait la montée des discriminations de toutes sortes contre ces populations. Cela s’est encore aggravé avec l’arrivée de Sarkozy au pouvoir, qui s’est fait élire en reprenant des thèmes du Front national et qui, depuis, mène une chasse systématique et impitoyable aux sans-papiers et aux jeunes des quartiers populaires. Enfin, depuis la crise capitaliste qui a éclaté à l’été 2008, la bourgeoisie redouble ses coups contre les travailleurs, la jeunesse et les femmes. D’autant plus que le retour du prolétariat sur la scène de la lutte des classes et la résistance multiforme des travailleurs, malgré la politique des appareils, l’inquiètent. C’est pourquoi elle cherche frénétiquement à diviser les travailleurs, à détourner leur attention des véritables problèmes et à trouver des boucs émissaires à la crise. C’est pourquoi le gouvernement a lancé son débat raciste sur l’identité nationale et prépare une projet de loi interdisant le port de la burqa dont le seul but est de stigmatiser les musulmans.
Ne pas comprendre que la campagne hystérique de la bourgeoisie contre notre camarade Ilhem et le NPA est étroitement liée à ce contexte politique, c’est prendre le risque de mener un débat abstrait, coupé de la très difficile situation sociale et politique à laquelle nous sommes confrontés. De fait, cette campagne a été lancée par le quotidien réactionnaire Le Figaro et relayé en quelques heures par tous les principaux partis de la bourgeoisie, du FN aux dirigeants du PCF. Naturellement, les arguments « laïques » et « féministes » avancés ne sont qu’hypocrisies de la part de ces partis qui gouvernent le pays à tour de rôle, aux niveaux national et régional, en subventionnant les écoles et lycées privés (catholiques à 90%), en rémunérant par les fonds publics les prêtres d’Alsace-Moselle, en refusant toute mesure sérieuse pour l’égalité salariale des hommes et des femmes, en rétablissant le travail de nuit des femmes dans l’industrie (gouvernement Jospin-Buffet-Mélenchon en 2001), en refusant la contraception gratuite, en fermant les centres IVG, en soutenant les gouvernements les plus réactionnaires de par le monde, etc. Dans le cas du PS et du PCF, la participation à la campagne contre le NPA est d’une hypocrisie d’autant plus scandaleuse que ces partis ont l’un et l’autre présenté une candidate portant un foulard musulman à des élections antérieures, l’une siégeant au conseil municipal de Creil (Oise), l’autre à celui d’Echirolles dans l’Isère (cf. Le Monde du 8 février).
Les camarades qui protestent ont raison de dénoncer la direction du parti qui n’a pas organisé le débat nécessaire sur cette question difficile
Il n’en reste pas moins que les camarades qui protestent aujourd’hui sont fondés à faire valoir que la présence d’une camarade voilée sur les listes du NPA susciterait nécessairement une polémique et qu’il aurait donc fallu l’anticiper, afin que la discussion soit menée, que la décision soit prise collectivement et que le parti soit, le cas échéant, capable de l’assumer politiquement. On peut donc comprendre celles et ceux qui s’estiment mis devant le fait accompli, d’autant plus que les camarades du Vaucluse disent avoir lancé le débat depuis plusieurs mois et que la question aurait encore pu être soumise au CPN du 29 janvier (mais la direction a préféré consacrer du temps à une vaine attaque contre la Tendance CLAIRE plutôt que de réfléchir, entre autres, à ce vrai problème !). Il est grave que la direction se montre à ce point incapable de sentir les nombreuses frustrations démocratiques qui s’expriment régulièrement à la base du parti.
Face aux critiques, elle a beau jeu de rappeler qu’il revenait aux départements et aux régions de constituer les listes électorales : de fait, cela a été décidé par le CPN du 13 décembre — et nous n’étions pas nombreux, à l’époque, à dénoncer frontalement la résolution confuse et démobilisatrice qu’il avait adoptée, en particulier le fait d’autoriser chaque région a faire des listes à sa sauce, avec son programme et ses alliances. Mais tout cela prouve justement qu’il aurait fallu organiser sur la question des élections et plus généralement de la politique immédiate du parti, une vraie conférence nationale à l’automne, comme nous le préconisions, plutôt qu’un référendum déguisé (la « consultation nationale ») et un CPN chargé d’en « interpréter » à sa guise le résultat. Dans ce cadre, il aurait été possible de mener un vrai débat dans tout le parti sur les alliances électorales comme sur la composition des listes et de le trancher démocratiquement par une assemblée nationale des délégués élus par la base. De la même façon, plutôt que de violer les statuts en reportant le congrès national (qui devait avoir lieu « un an à un an et demi » après le congrès de fondation), la direction serait bien inspirée de convoquer le congrès pour le printemps, comme nous le demandons depuis plusieurs mois, afin de limiter par l’organisation urgente de vrais débats programmatiques et stratégiques les dégâts causés par ses choix politiques et sa désinvolture méthodologique, que nous mesurons chaque jour.
Ce que nous devons dénoncer avant tout dans cette campagne, ce sont les accords régionaux du NPA avec les réformistes cogestionnaires du PC et du PG !
Si nous comprenons donc la protestation sincère des camarades contre l’absence d’un débat préalable à la candidature d’Ilhem dans tout le parti, nous considérons que le plus grave des scandales, c’est la décision de mener une campagne électorale à géométrie variable et de soumettre notre parti anticapitaliste, dans la moitié des régions, au programme des réformistes cogestionnaires des institutions. Quoi que l’on pense de la présence d’une camarade portant le foulard sur nos listes, nous estimons que les sujets qui devraient susciter les polémiques les plus passionnées, sont les accords purement électoralistes et opportunistes passés avec des réformistes du PG, du PC, des Alternatifs ou des Objecteurs de croissance. D’autant plus que ces accords impliquent :
-
le refus de critiquer le bilan des exécutifs régionaux auxquels les élus du PC et du PG ont participé depuis 2004 avec le PS ;
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l’acceptation que ces « alliés » du NPA continuent à gouverner les régions avec le PS et Europe écologie, comme c’est prévu notamment en Languedoc-Roussillon où la liste PC/PG/NPA a d’ailleurs pour numéro 1 René Révol (PG), qui reconnaît avoir voté le budget de Frêche au conseil d’agglomération de Montpellier et alentour1 ;
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dans certains cas, l’acceptation dans le texte même de l’accord signé par le NPA de subventions publiques aux entreprises privées, comme en Bourgogne et dans le Limousin — en totale contradiction avec le programme du NPA.
Cette politique empêche donc la délimitation claire entre programme réellement anticapitaliste et programme compatible avec le capitalisme, elle sème la confusion dans la tête des travailleurs et des jeunes — et elle prépare d’ailleurs notre parti à être la première victime de leur choix majoritaire de l’abstention, comme aux européennes, car nos sympathisants ont besoin de clarté et d’espoir, non de cuisines électoralistes et opportunistes. De ce point de vue, il est évident que c’est cette politique qui met gravement en péril les fondamentaux de notre projet anticapitaliste, non la présence d’une unique camarade portant le foulard parmi les 2000 candidats présentés ou soutenus par le NPA !
Ilhem a toute sa place dans notre parti et ne doit subir aucune discrimination !
Mais venons-en maintenant au fond du problème : un parti anticapitaliste, laïque et féministe peut-il accepter en son sein, voire présenter comme candidates, des femmes qui font le choix de porter le foulard, alors que le foulard est le symbole d’une religion et en particulier d’une oppression patriarcale des femmes ? Tout en estimant nécessaire un vrai débat sur cette question, la Tendance CLAIRE y répond par l’affirmative.
En effet, la camarade Ilhem n’est ni une militante de l’islam politique, ni une prosélyte de sa religion : c’est une militante qui revendique, comme nous tous, un combat anticapitaliste, laïque et féministe, se prononçant en particulier, publiquement, pour la liberté sexuelle, la contraception et le droit à l’avortement (cf. Politiques, 05/02 et Le Monde, 10/02). À moins de l’accuser de mentir ou de lui faire un procès d’intention, ce qui serait contraire au principe selon lequel on juge les gens par leurs actes, il n’y a aucune raison de douter de la sincérité de son engagement. D’autant plus que le NPA a fait le choix d’accepter en son sein toute personne se disant en accord avec « l’essentiel de ses principes fondateurs » et de ses statuts — et, dans les faits, il accueille à bras ouverts même des réformistes assumés, voire les met aux premières places électorales, sans que cela suscite de polémiques au-delà de la Tendance CLAIRE et de quelques autres camarades de la gauche du parti1. — Bref, Ilhem a toute sa place dans le parti et, comme il n’y a pas deux catégories de militants, elle a comme les autres le droit de représenter le NPA si elle s’engage à défendre publiquement son programme et si, après débat, le parti le décide (sachant qu’elle est évidemment mandatée et révocable, comme tout représentant du parti).
Certes, Ilhem porte un foulard musulman sur la tête. Mais rien ne l’interdit dans nos statuts — fort heureusement. Contrairement à un ou une chrétien-ne qui porterait une grosse croix, ce foulard n’en fait pas par lui-même une militante de l’islam qui ferait du prosélytisme : chacun sait que c’est là un signe consubstantiel à une certaine interprétation de la religion musulmane. Si cette camarade est croyante et qu’elle partage cette interprétation de sa religion, c’est son droit. Il serait inacceptable de lui faire subir une discrimination sous prétexte que le signe en question est inévitablement visible alors que la croyance d’un homme musulman ne le serait pas et que celle d’un ou une chrétien-ne s’exprimerait plus discrètement par une petite croix autour du cou.
Le foulard musulman est contradictoire avec nos valeurs féministes, mais cette contradiction est secondaire si l’on est d’accord avec notre programme
Certes, ce foulard symbolise, dans la religion musulmane (comme d’ailleurs dans la religion juive et dans la religion chrétienne à d’autres époques et encore aujourd’hui dans certains cas), une oppression des femmes par les hommes. Mais nous combattons avant tout les oppresseurs, donc les hommes qui imposent le foulard aux femmes, non les opprimées, les femmes qui le portent et que nous aidons au contraire à prendre conscience qu’elles peuvent s’en libérer et à combattre pour cela. De ce point de vue, il est juste de soutenir et encourager les femmes qui décident d’enlever le foulard : nous devrions les mettre systématiquement en avant pour en faire des modèles et qu’elles assurent prioritairement la représentation du parti dans les quartiers populaires (et il n’y aurait ainsi pas la moindre attaque possible sur cette question contre le NPA).
Cependant, le fait est qu’Ilhem, après avoir acquis par son engagement les instruments politiques qui la mettent à égalité avec les autres militants, persiste quant à elle à vouloir porter un foulard tout en se revendiquant du féminisme et des autres valeurs de notre parti. Or ce combat politique subvertit par lui-même, non complètement, mais largement, le sens de son foulard. Il s’agit certes d’une contradiction personnelle qui pose un problème politique : on ne peut le nier, comme prétendent le faire certains camarades en parlant unilatéralement de « libre choix », comme si le foulard ne symbolisait rien. De plus, en menant la campagne du NPA tout en portant le foulard, Ilhem affichera en permanence cette réelle contradiction. Si nous comprenons que cela trouble certains camarades, nous pensons néanmoins que nous devons l’assumer. En effet, Ilhem n’est pas la seule militante à porter une ou plusieurs contradictions personnelles posant des problèmes politiques ! Nous connaissons aussi des militants qui se disent anticapitalistes et qui signent des accords avec le PC et/ou le PG pour subventionner les entreprises privées. Nous en connaissons d’autres qui se disent révolutionnaires et qui croient que des élus NPA dans les conseils régionaux vont pouvoir changer les choses. Plus généralement, nous connaissons tous des militants dont le comportement trahit un machisme ordinaire même quand ils se disent féministes. Nous savons que certains prennent leur grosse voiture bien polluante même quand ils ont un métro ou un RER près de chez eux. Et nous connaissons même des camarades qui fustigent le capitalisme et qui exercent pourtant des professions d’encadrement. La seule différence avec Ilhem, c’est que ces contradictions personnelles ne se voient pas sur une liste électorale !
Mais surtout, la camarade Ilhem est une femme, une jeune et immigrée (elle est née au Maroc). Elle fait donc partie à trois titres des catégories les plus opprimées de la société française profondément inégalitaire et de plus en plus oppressive. À moins de sombrer dans le formalisme d’une morale abstraite, on ne peut être insensible à l’importance politique décisive de ce fait. Le NPA revendique à juste titre de vouloir se construire comme un parti des exploités et des opprimés qui luttent contre le capitalisme, car c’est là que se trouve le principal ferment de la révolte et la classe qui accomplira la révolution. S’il doit se concentrer avant tout sur l’activité en direction de la classe ouvrière (ce qu’il ne fait vraiment pas assez aujourd’hui), il est crucial que notre parti recrute tout particulièrement parmi les couches les plus opprimées, notamment les femmes, les jeunes les personnes d’origine maghrébine ou africaine. Nous devons donc revendiquer fièrement la présence de ces opprimés dans notre parti et sur nos listes.
S’il s’agit de femmes musulmanes, le parti préférera certes qu’elles ne portent pas de foulard, mais c’est à elles seules de le décider : on ne peut se libérer que librement ! De plus, dans un pays impérialiste, colonialiste et raciste comme la France, depuis les années 1980 et surtout depuis la « guerre des civilisations » lancée par Bush après les attentats du 11 septembre 2001, beaucoup de jeunes musulmanes portent le foulard pour exprimer leur solidarité avec leur communauté, pour dire leur refus des discriminations et du racisme. Même si cet acte exprime alors une évidente confusion dont il faut discuter avec elles, il traduit aussi une préoccupation légitime et constitue de fait un véritable phénomène de génération, qu’on ne peut nullement réduire à la montée de l’islam politique. Beaucoup de jeunes du parti et les camarades intervenant dans les quartiers populaires en ont conscience, alors que ce phénomène relativement récent n’est pas toujours bien perçu par des camarades venus en politique dans les années 1970, croyant voir dans toutes les femmes voilées, sans distinction, le visage de l’islam politique qui étrangla la révolution iranienne en 1979 avec la complicité des staliniens alliés à Khomeyni sous prétexte d’anti-impérialisme. De fait, la montée de l’islam politique depuis les années 1980 s’est nourrie des trahisons staliniennes et réformistes qui ont à la fois facilité l’offensive néolibérale et impérialiste des bourgeoisies occidentales et entraîné une crise profonde du mouvement ouvrier et de la conscience de classe. Pourtant, il est évident que le foulard imposé de force par un État réactionnaire, un imam ou même une famille traditionaliste n’a pas le même sens que celui porté par de jeunes musulmanes en signe de solidarité avec leur communauté d’origine opprimée. C’est pourquoi, si le parti n’a pas réussi à convaincre les camarades gagnées à l’anticapitalisme et au féminisme, mais voulant garder leur foulard, de la contradiction que celui-ci représente avec de tels principes, cela ne doit pas être un obstacle au fait de militer ensemble et à égalité. Le parti doit au contraire assumer publiquement le fait qu’une telle contradiction personnelle ait sa place dans ses rangs — d’autant plus qu’elle restera de toute façon secondaire et marginale. C’est ainsi qu’il sera possible d’aller au dialogue à la fois avec les femmes musulmanes qui ont enlevé leur foulard et avec celles qui le portent encore, en défendant nos principes et notre volonté d’y gagner en priorité les opprimés.
La seule manière de lutter efficacement contre les préjugés religieux des opprimés, c’est de les gagner au marxisme révolutionnaire
Il ne s’agit évidemment pas de faire la moindre concession à l’islam politique. Tout au contraire, il faut condamner avec la plus grande fermeté la politique du SWP britannique, relayée par ses amis au sein du NPA, consistant à passer des accords politiques (coalition « Respect ») avec des organisations politiques islamistes, donc bourgeoises, sous prétexte que l’islam est, dans les pays impérialistes, une religion d’opprimés et que cela suffirait à en faire une force contestataire du système. Nous devons combattre l’islam politique comme tous les programmes bourgeois, ne jamais mélanger notre drapeau avec le sien — même quand une mobilisation contre la guerre impérialiste, contre le racisme anti-musulman ou pour soutenir le peuple palestinien peut justifier de frapper ensemble et au même moment l’ennemi commun.
Il ne s’agit pas non plus de sombrer dans la démagogie. De ce point de vue, le propos d’Olivier Besancenot tentant de justifier la candidature d’Ilhem en suggérant que cela serait le signe d’une implantation du NPA dans les quartiers populaires, est unilatéral et donc erroné. D’une part, il est vrai que cette implantation, qui doit être une priorité, nous confronte à des personnes religieuses et à toutes sortes de préjugés populaires entretenus par les curés, les imams, la famille et plus généralement par la quête d’un sens dans ce monde capitaliste inhumain. Mais, d’autre part, il est clair que, pour gagner ces personnes à notre programme, il faut les faire rompre avec le maximum de leurs préjugés au moyen la discussion et de la formation, en plus évidemment de la participation active à la lutte de classe contre le capital et son État. De ce point de vue, le fait qu’elles entrent dans le parti est une victoire colossale, mais qui reste partielle si elles gardent, par exemple, leur foulard. Mais il est encore plus vrai que tous les comportements des hommes gagnés au parti devraient cesser complètement d’exprimer un machisme ordinaire — ce qui est loin d’être toujours le cas et sera sans doute impossible tant que le patriarcat subsistera, c’est-à-dire jusqu’au communisme. C’est pourquoi il serait ridicule de faire de ces ruptures des préalables à leur intégration et à leurs pleins droits de militants.
En fait, pour se donner le maximum de chances parvenir à de telles ruptures, nous avons besoin d’un programme beaucoup plus profond que celui du NPA. Nous avons besoin du marxisme, intégrant le matérialisme historique, notamment son explication de la fonction fondamentalement conservatrice des religions, et un programme révolutionnaire pour le présent. En étant anticapitaliste cohérent et conséquent, un tel programme est seul réellement anti-impérialiste : contrairement aux réformistes, nous devons soutenir inconditionnellement la résistance populaire et nous prononcer pour la défaite de l’impérialisme, notamment en Irak, en Palestine, au Liban et en Afghanistan ; mais nous devons montrer en même temps aux travailleurs et aux jeunes d’origine immigrée l’impasse du nationalisme bourgeois dans leur pays d’origine, qu’il soit laïque ou islamiste, et qui conduit toujours à des dictatures anti-ouvrières, réactionnaires et tôt ou tard compromises avec les puissances impérialistes qu’elles prétendent contester. Nous devons aussi nous battre de toutes nos forces contre toutes les divisions de la classe ouvrière, pour son unification, la convergence des luttes autour d’un programme anticapitaliste indépendant des réformistes et des directions syndicales et la préparation politique d’un affrontement central avec Sarkozy par la grève générale (c’est l’axe majeur que propose la Tendance CLAIRE au NPA depuis le congrès).
De ce point de vue, les camarades qui protestent avec virulence contre la candidature d’Ilhem (mais aussi ceux qui font comme si cela ne posait aucun problème), devraient d’abord se demander s’ils mènent un vrai combat pour faire du NPA un parti marxiste révolutionnaire. Car seul le combat marxiste révolutionnaire est réellement « humaniste » et « féministe » et le fait de poser des conditions formelles excessives à l’intégration dans un parti anticapitaliste nous rendrait incapables de trouver le chemin des masses opprimées. Celles-ci, en effet, ne tombent jamais toutes rôties dans la marmite du combat révolutionnaire, mais ce sont elles, et elles seules, qui portent la dynamique explosive capable de faire sauter le vieux monde.
1 Cf. par exemple notre critique des positions de Raoul-Marc Jennar, tête de liste aux européennes dans le Sud-Est, dans Au CLAIR de la lutte n° 2, printemps 2009. Notons d’ailleurs que ce camarade réformiste a pris à juste titre la défense de la candidature d’Ilhem, confirmant que, sur cette question, les différentes positions qui divisent le parti ne recoupent pas les principaux clivages habituels…
1 Cf. La Gazette du 11 février 2010, http://www.agauchemaintenant.fr/Entretien-avec-la-Gazette