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Solidarité anti-impérialiste avec les migrant-e-s expulsé-e-s de la Chapelle !
Une « manif sauvage » dynamique, impulsée par le NPA
Mardi 9 juin était organisé un rassemblement devant la halle Pajol (Paris, XVIIIe arrondissement), en soutien aux migrant-e-s qui avaient été expulsé-e-s du campement de La Chapelle la semaine dernière, puis re-expulsé-e-s de différents endroits. Ce rassemblement réunissait plusieurs centaines de personnes malgré la violence de la répression policière qu’avaient essuyée la veille les migrant-e-s et leurs soutiens. La décision avait été prise que les principaux intéressés ne soient pas présents, ce qui permettait de les protéger des interpellations, mais les empêchait de prendre eux-mêmes la parole. Pourtant, si les pouvoirs publics ont pris la décision d’expulser ces migrant-e-s, c’est précisément pour les rendre invisibles, car leur situation est emblématique des injustices et des contradictions du capitalisme mondial.
Après 50 minutes de prises de parole fades de différentes organisations, les militant-e-s du NPA ont pris l’initiative de lancer un départ en manif sauvage, alors que les autres organisations voulaient plutôt se disperser rapidement. Le cortège qui s’est formé comprenait la majorité des personnes présentes au rassemblement. Il était animé notamment par des collectifs de sans-papiers. On remarquait l’absence de la plupart des organisations qui avaient pris la parole.
Nous nous sommes dirigé-e-s vers le point de chute actuel de la plupart des migrant-e-s, à quelques minutes à pied du campement où ils ont vécu pendant des mois dans des conditions indécentes entretenues par la mairie de Paris – laquelle a mis à disposition un seul point d’eau et quatre toilettes portables… pour des centaines de migrant-e-s ! Avec les drapeaux du NPA en tête et une fanfare au milieu, le cortège était dynamique et ne risquait pas de passer inaperçu au milieu des embouteillages.
Des mots d’ordre trop timides
Dans un premier temps, les CRS qui entouraient la halle Pajol ont tardé à se redéployer, nous laissant la voie libre. Ils avaient clairement pour priorité d’empêcher une nouvelle occupation de la halle. Nous avons donc pu avancer tranquillement vers La Chapelle, sous les regards attentifs des riverains. Une revendication juste était mise en avant : « De l’air, de l’air, ouvrons les frontières ! ». Un slogan simple permettait de dénoncer le racisme d’état soutenu par l’ensemble des partis de gouvernement : « Qu’elles soient de droite ou ‘socialistes’, abolition de toutes les lois racistes ! » Problème, ces mots d’ordre ont vite été remplacés par d’autres plus limités. Dans l’ensemble, on entendait surtout « solidarité avec les réfugiés » (c’était d’ailleurs la pancarte la plus visible) et quelques slogans anti-flics (« police nationale, milice du capital » ; « flics, porcs, assassins »).
Se déclarer solidaires uniquement avec les réfugié-e-s revient à une forme d’immigration choisie. Le mot d’ordre minimum aurait donc dû être « solidarité avec les sans-papiers ». Dans ce quartier populaire où vivent beaucoup d’immigrés, il était plus juste encore de faire entendre : « français, immigrés, solidarité », « première, deuxième, troisième génération, nous sommes tous des enfants d’immigrés » et d’autres slogans de ce type. Il fallait aussi mettre en avant les revendications concrètes des expulsé-e-s de La Chapelle : un logement pour tou-te-s ! régularisation sans condition ! Autant de slogans qui auraient trouvé un écho parmi les habitant-e-s du quartier, pour élargir le cortège pendant les quarante minutes où nous avons pu circuler librement…
Les CRS ont fini par former un cordon en travers de la rue Marx Dormoy, pour nous bloquer la route au niveau de la rue du Département. À partir de ce moment, la taille de la manifestation a diminué peu à peu. Même si les forces en présence n’étaient pas suffisantes pour déborder ou affronter les « robocops », ils ont quand même été forcé de reculer jusqu’à la place de la Chapelle.
Poursuivre et intensifier la mobilisation en lui donnant un contenu internationaliste de classe
Sous la pression des manifestant-e-s, la mairie de Paris a promis le lendemain de loger tout-e-s les migrant-e-s. Aujourd'hui, le préfet Carenco défend l'usage de la force par ses flics. Après la répression violente des derniers jours, nous ne pouvons avoir aucune illusion sur la bonne volonté des pouvoirs publics, qui ont déjà envoyé plusieurs dizaines des expulsé-e-s de La Chapelle en centre de rétention, tenté de disperser les autres aux quatre coins de la région parisienne et lancé les CRS et la BAC contre les manifestations de soutien. Il faut poursuivre et intensifier le mouvement de solidarité, il faut donner aux expulsé-e-s de La Chapelle les moyens d’élargir leur lutte et de la mener eux-mêmes jusqu’à la victoire.
Pour y arriver, une vision humanitaire de la solidarité internationale est insuffisante. Il faut systématiquement lier la solidarité avec les immigré-e-s et la dénonciation de l’impérialisme. Les flux migratoires sont la conséquence des menées impérialistes, notamment de l’impérialisme français. Concrètement, les interventions militaires de la France déstabilisent des régions entières, et sa politique étrangère, aux ordres du grand capital, empêche l’économie des pays dominés de se développer sous le contrôle de leurs populations. Par exemple, qui n’a pas entendu parler des ravages de Total ou Monsanto à travers le monde ? Qui peut douter que l’intervention militaire au Mali est motivée par la présence d’importants gisements d’uranium dont dépend Areva ? En plus, le patronat français utilise la main-d’œuvre immigrée pour faire pression sur les salaires et les conditions de travail de tou-te-s les travailleur-e-s. C’est donc uniquement en dénonçant à chaque occasion le rapport entre impérialisme et flux migratoires que nous pouvons construire un front large de solidarité avec les immigré-e-s.