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Pourquoi n’y a-t-il pas de plateforme commune P3/P5 ?
Les camarades P3 (A&R et CCR) disent « regretter » qu’il n’y ait pas de plateforme commune de la « gauche du parti »... et que ce serait à cause de la P4 et de la P5. Vraiment ?
Depuis le début du NPA, nous proposons une « grande tendance révoltutionnaire pluraliste ». La direction du CCR a rompu le processus de fusion qui était engagé, avec des « méthodes » dont d’autres camarades font depuis les frais. Les dirigeant-e-s A&R ont toujours refusé de discuter, excluant la TC du regroupement de gauche en 2010 et ne répondant pas à nos lettres, même lors du processus constituant de leur courant en 2013.
Au congrès de 2013, les délégué-e-s TC et Meuse de la PZ avaient voté le texte proposé par la PY – le CCR hurlant alors à la « capitulation devant les centristes de gauche ». Puis, CPN après CPN, les élue-e-s TC et CCR au CPN ont multiplié les appels à discuter avec A&R, tout en amendant ses résolutions. Les dirigeant-e-s d’A&R ont refusé toute discussion sérieuse, intégrant ou non les amendements CCR et parfois TC selon leur bon vouloir. Apparemment sans logique, les mêmes amendements (pour articuler les revendications avec l’objectif du pouvoir des travailleurs/ses, pour regrouper les syndicalistes lutte de classe, pour enlever l’appel à voter PS sous prétexte de faire barrage au FN...) étaient tantôt rejetés, tantôt intégrés... En fait, il s’agissait de tester les capacités respectives du CCR et de la TC à faire des « compromis »... ou à renoncer aux fondamentaux de la PZ !
Lors de notre rencontre cet été, ils/elles ont exigé comme préalable qu’on s’engage à discuter sur la base de leur plateforme. Nous avons répondu que nous voulions d’abord discuter des divergences de fond et leur avons adressé une lettre ouverte... une fois encore sans réponse !
À la veille du dernier CPN, les dirigeant-e-s A&R et CCR ont prétendu qu’il n’y avait pas de désaccords importants entre nos plateformes et nous ont demandé d’abandonner la nôtre pour amender la leur. Nous avons proposé de discuter nos divergences – toujours en vain. Finalement, la plupart ont voté... contre la P5 – comme la P1 ! Et on nous dit « regretter » l’absence de plateforme commune ?
Selon nous, il y a bien des axes communs importants, comme le refus de mettre le NPA à la remorque des réformistes sous prétexte d’« unité », la volonté de construire le parti dans la lutte des classes, de l’implanter en priorité dans les lieux de travail, la convergence des luttes... Ces acquis précieux nous font plus espérer pour l’avenir que regretter le passé !
Mais il y a aussi des divergences qui méritent d’être enfin discutées comme telles, sans qu’on leur substitue une quelconque pression à l’« unité » – d’autant plus ridicule qu’une telle manœuvre imite celle dont nous nous plaignons ensemble quand elle vient... de la P1 à l’égard des autres plateformes.
Pour nous, la P3 développe une ligne parasyndicale et non clairement communiste, dans son texte et plus encore dans la pratique. Les camarades juxtaposent d’une part une orientation « vers l’extérieur » fondée sur l’appel à « lutter » et la défense de mesures d’urgence, et d’autre part le rappel – à usage interne – des principes de la « stratégie » révolutionnaire, que sont censés garantir quelques « topos » d’un marxisme plus ou moins dogmatique. Pour nous, il s’agit au contraire d’articuler systématiquement les revendications immédiates à l’objectif de la prise du pouvoir, en défendant ouvertement le communisme autogestionnaire, tout en enrichissant le marxisme des acquis de l’écologie, du féminisme... Au CPN, on s’est gaussé de notre « auto-gestion ». Dans les luttes, les camarades d’A&R interviennent avec courage et détermination, mais se croient l’embryon d’un « état-major » et négligent l’auto-organisation – tandis que leurs jeunes mènent de vaines batailles d’appareil dans l’UNEF. Quant aux camarades du CCR, pour la plupart étudiant-e-s, ils/elles interviennent en soutien de l’extérieur dans les luttes choisies selon la tactique sinueuse de leur propre construction, et crient ensuite sur tous les toits qu’ils/elles sont au cœur de la lutte de classe, que tou-te-s les camarades qui ne font pas leurs choix ne sont pas des « révolutionnaires », ne participent pas aux luttes – et autres allégations aussi sectaires que grotesques.
Logiquement, la P3 n’accorde aucune importance à des combats qui sont pour nous au cœur du projet communiste du XXIe siècle, comme l’écologie (rien dans leur texte et refus d’amender la motion spéciale sur le sujet) et le féminisme (boycott des débats du CPN sur ce point, quatre lignes sur les « femmes travailleuses » dans le texte P3).
Enfin, la P3 refuse de combattre pour la rupture anticapitaliste et internationaliste avec l’UE – question qui fait partie de celles sur lesquelles elle est en fait si divisée, sous la façade d’un accord fragile, qu’elle est loin de proposer une alternative conséquente à la direction sortante.