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Après la manifestation du 16 octobre dans l’enseignement supérieur et la recherche, s’opposer à l’université austéritaire et concurentielle, rompre avec l’université capitaliste
Vendredi 16 octobre 2015, sous l'impulsion du collectif « Sciences en Marche » rejoint par l'UNEF, Solidaire Étudiant-e-s, la FAGE et quelques syndicats de personnel, des manifestations regroupant quelques milliers de personnes ont eu lieu dans toute la France (entre 1000 et 2000 à Paris).
En effet, depuis maintenant plusieurs décennies, des dizaines de réformes réduisent le financement public de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) et instaurent la concurrence à tous les niveaux. Les conditions de travail pour les étudiant-e-s et le personnel se dégradent donc jour après jour. Amphis et TD surchargés, étudiant-e-s empêché-e-s de s’inscrire, enseignements sans moyens, gel du nombre de postes de fonctionnaire, nombre toujours croissant de postes précaires, évaporation des financements pérennes pour la recherche au profit de financements sur projets ne durant que quelques années… La situation dans l’ESR est, rentrée après rentrée, toujours plus catastrophique.
Malgré leurs beaux discours, les gouvernements capitalistes successifs font tous de l’enseignement supérieur une usine à reproduire la main-d’œuvre diplômée nécessaire à l’exploitation. En accentuant la formation à deux vitesses, avec toujours plus de sélection et de mise en concurrence, cet enseignement accentue toujours plus les inégalités sociales. Ils traitent la recherche scientifique comme une machine à produire des applications technologiques rentables et, pour les sciences humaines, à justifier idéologiquement la barbarie capitaliste. Les travailleur-e-s de l’ESR et les étudiant-e-s ont donc intérêt à formuler collectivement des revendications en rupture avec cette organisation aliénante du travail scientifique et pédagogique. La cure d’austérité et la mise au pas de l’ESR poussent certain-e-s de nos collègues et de nos camarades à se radicaliser. C’est l’occasion d’imaginer d’autres formes d’organisation pour l’ESR, une autre université, ouverte, populaire, émancipatrice, sous le contrôle des travailleur-e-s.
Un mouvement qui reste à construire
L'initiative du collectif, cherchant à reproduire la marche du 17 octobre 2014, doit être saluée malgré le manque de prise avec la conscience des travailleur-e-s. « Sciences en Marche » est un mouvement très hétérogène, mêlant des revendications de rupture avec le système en place et des demandes de plus de financement pour relancer le capitalisme par la recherche et l'innovation. Les revendications pour cette manifestation étaient :
-
Des créations d’emplois (enseignant-e-s, chercheur/se-s, ingénieur-e-s, technicien-ne-s et administratif/ve-s) pour résorber la précarité et répondre aux besoins des établissements.
-
Une amélioration des salaires et des conditions de travail, ainsi que le dégel du point d’indice des fonctionnaires.
-
Une augmentation substantielle des dotations d’État aux laboratoires et établissements d’enseignement supérieur pour améliorer les conditions de travail et d’étude.
-
Le refus de toute sélection à l’entrée de la licence, et un investissement pour l’accueil et de la réussite des étudiant-e-s.
-
Une meilleure reconnaissance des diplômes universitaires, et en particulier du doctorat, au sein des fonctions publiques et des entreprises.
L’appel a été signé par Sntrs-CGT, Snesup-FSU, Sncs-FSU, Snasub-FSU, Snep-FSU, Sgen-CFDT, Sgen-CFDT Recherche EPST, SNPTES, Sup’Recherche-UNSA, UNSA ITRF-BI-O, SUD Recherche EPST, Sciences en Marche, UNEF, Solidaires Etudiant-e-s, FAGE.
Malheureusement, cette mobilisation a été moins préparée que l’an dernier et les travailleuses et travailleurs de l'ESR ne s'y sont pas reconnu-e-s. Les cortèges des personnels des universités étaient clairsemés, et peu d'animateurs et d'animatrices de l'association étaient présent-e-s.
Du côté des étudiant-e-s
L'UNEF a rejoint cette initiative en dénonçant les amphis trop pleins et le manque de moyens pour les étudiant-e-s (voir le tumblr « MaSalleDeCoursVaCraquer »). S'en est suivie l'adhésion au mouvement de Solidaires Étudiant-e-s apportant de la radicalité :
« Nous demandons l’arrêt complet de toute logique capitaliste, soumise aux intérêts privés et au jeu de la concurrence effrénée dans le monde de la recherche. [...] Nous exigeons également la titularisation de tou-te-s les salarié-e-s de l’ESR, une revalorisation massive des revenus des personnels et refusons que leurs emplois soient remplacés par une main-d’œuvre étudiante malléable : de leurs conditions de travail dépendent nos conditions d’études! La précarité étudiante doit disparaître, pas en nourrir une autre ! »
Grâce à l’implication des étudiant-e-s, la manifestation a pu regrouper des milliers de personnes sur toute la France. Ce sont elles et eux qui ont animé et constitué la mobilisation.
Que faire ?
La construction du mouvement de masse est compliquée tant l'ensemble des travailleur-e-s sont submergés par le poids de l’exploitation capitaliste sur leur vie, tant les conditions d’étude que connaissent les étudiant-e-s sont infernales. Mais il n’y a pas de fatalité ! Toutes et tous, étudiant-e-s, précaires, personnels des universités, nous pouvons participer à la construction de ce mouvement. Pour cela, impulsons des cadres d'auto-organisation (des AG dans nos labos, nos établissements) qui sont indispensables pour que toutes et tous nous prenions en main les revendications réelles et radicales qui s'imposent. En particulier, revendiquons :
-
la titularisation de tous les précaires et, à l’avenir, l’embauche uniquement sur le statut de la fonction publique ;
-
une université uniquement publique pour une recherche indépendante et de qualité;
-
le rétablissement intégral du cadre national des diplômes, et donc l’abrogation du système LMD ;
-
des moyens pour l'enseignement, des salles de cours à effectifs limités, un cadre d'étude agréable et ouvert à toutes et tous.
Mais aussi :
-
le retrait du projet de loi Fioraso ;
-
l’abrogation de la LRU et du Pacte de la recherche.
La jonction du mouvement étudiant et des personnels est une nécessité : il faut continuer dans cette voie. Nous ne gagnerons pas seul-e-s, il faut regrouper étudiant-e-s et personnels, et bien plus loin encore. L'UNEF et l'UNL ont le mot d'ordre commun « Ma salle de cours va craquer » : on voit que les mêmes problèmes se retrouvent de la maternelle à l’université, c’est en organisant la convergence des luttes qu’on pourra peser dans le rapport de forces. Dans un premier temps, nous pouvons aussi faire la jonction avec les salarié-e-s des grands groupes capitalistes qui mènent des activités de recherche scientifique, par exemple les multinationales du secteur pharmaceutique.
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Des moyens pour un service public de qualité dans l’enseignement et la recherche !
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Contre les journées d’action sans lendemain, auto-organisation des travailleur-e-s et des étudiant-e-s et convergence des luttes !
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À l’encontre de l’université capitaliste qui reproduit la main-d’œuvre à exploiter et qui justifie le système, luttons pour l’université ouverte, populaire, émancipatrice et autogestionnaire !