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Grève très combative à la poste du 92, répression patronale contre les militants, notamment du NPA
Plusieurs dizaines de postiers du 92 sont en grève depuis fin avril (soit depuis près de deux mois au moment où nous écrivons) contre les conséquences de la contre-réforme « Facteurs d’avenir ». Pendant les premières semaines, la grève a été majoritaire (60 à 80 %) sur les trois bureaux de Châtillon, puis Clamart, puis Asnières, et elle l’était encore mi-juin dans ce dernier cas. Elle a touché enfin des bureaux de Bois-Colombes et de La Défense.
Partie de Châtillon avec la seule revendication que la réorganisation du travail soit reportée de trois semaines, la grève a ainsi entraîné d’autres postiers amenant leurs revendications : refus des suppressions de tournées, qui reviennent à accroître chaque tournée ; refus de l’auto-remplacement et de la flexibilité des tournées, qui met en cause le principe « un facteur, une tournée » ; exigence que les CDD soient transformés en CDI sur place ; refus des suppressions de postes et de la délocalisation (Bois-Colombes)...
C’est d’ailleurs dans ce contexte qu’a été rendu public le rapport du syndicat des médecins de prévention des agents de la poste, qui a fait grand bruit car il dénonce en termes extrêmement clairs les effets catastrophiques des restructurations de la poste sur les agents, selon un scénario similaire à celui de France Telecom. Dénonçant les « réorganisations rapides et successives » et des « injonctions contradictoires », ces médecins écrivent notamment : « Les agents de distribution sont confrontés à des situations d’épuisement physique et psychique. Cela est lié aux nouvelles organisations de travail, dont la mise en place est très variable d’un établissement à un autre. » Ils vitupèrent aussi le silence de la direction de la poste face aux avertissements qu’ils lancent depuis plusieurs années.
Détermination des grévistes, refus de négocier et répression de la direction
Au début de la grève, pendant une dizaine de jours, la direction départementale de la poste (DOTC : direction opérationnelle territoriale et courrier) a refusé d’ouvrir des négociations, espérant que la grève ne tiendrait pas. Mais les grévistes ont décidé d’occuper les locaux de la direction départementale le 10 mai à Nanterre, ce qui a forcé la direction à ouvrir des négociations, même si elle a tout fait ensuite pour les ralentir. De plus, les grévistes du 92 ont décidé, lors d’une AG, de réaliser la jonction avec les postiers d’un centre de tri parisien (Paris 8) qui était lui aussi en lutte à ce moment-là. Même si la grève parisienne a cessé peu après, cela a permis un début de convergence des luttes le 28 mai et, malgré l’opposition de la CGT et notamment des militants de LO, une action commune a eu lieu au siège de la direction nationale de la poste pour exiger l’ouverture de négociations au niveau global.
Mais la direction a préféré miser sur l’intimidation et la répression en interdisant l’accès des grévistes du 92 aux locaux, voire en fermant purement et simplement les bureaux, et en envoyant des vigiles, des maîtres-chiens et autres huissiers. Et surtout, elle a décidé d’engager des procédures judiciaires et disciplinaires contre une trentaine de grévistes du 92 (ainsi que contre le secrétaire de Sud-PTT Paris pour sa participation à l’action commune du 28 mai). D’une part, une partie des postiers qui ont occupé la direction départementale le 10 mai sont traînés devant le tribunal correctionnel sous l’accusation de « séquestration »... alors qu’ils s’étaient contentés de s’asseoir dans les escaliers, sans empêcher la circulation des personnes ! D’autre part, ils se voient menacés au mieux de blâme, au pire de procédures de mises à pied pouvant conduire à la révocation (pour les fonctionnaires) ou au licenciement (pour les contractuels). Les cibles de la direction sont principalement les délégués syndicaux (essentiellement de SUD) et les postiers mandatés par leurs collègues pour négocier en leur nom, contre lesquels elle maintient pour le moment ses sanctions alors qu’elle les a retirées pour certains autres grévistes.
Une répression politique contre le NPA
Il s’agit ainsi de faire un exemple en tentant de briser une équipe militante combative pour dissuader les postiers de lutter. Cette équipe militante avait déjà permis que l’application de la contre-réforme « Facteurs d’avenir », qui s’est faite département par département et bureau par bureau, soit retardée dans de nombreux bureaux du 92, alors qu’elle est désormais en vigueur presque partout en France. Il y avait eu notamment une grève de 72 jours début 2009, qui avait mobilisé jusqu’à 200 postiers. Les militants du NPA jouent un rôle important dans cette équipe et dans la grève en cours et subissent de plein fouet la répression, y compris Olivier Besancenot.
Il s’agit donc d’une répression extrêmement grave, non seulement contre des grévistes et des syndicalistes, mais aussi contre des militants et dirigeants du NPA, accusés en tant que tels. La direction de la poste bénéficie pour cela des relais de l’UMP (dont le 92 est un fief), mais aussi de la CFDT, qui a osé diffuser (par l’intermédiaire de cadres de l’entreprise) un tract diffamatoire contre les camarades du NPA, accusés d’utiliser des méthodes de « voyous » ! Ce tract disait notamment que « Besancenot a peut-être sa place dans les médias, mais le terrain social, c’est celui des organisations syndicales : il n’a rien à y faire, ni lui, ni ses méthodes ! ».
Solidarité avec les grévistes et notamment avec les camarades NPA !
Il est donc essentiel de soutenir massivement les postiers grévistes du 92 et les camarades du parti. Une caisse de grève a été mise en place et des fêtes de soutien organisées pour aider les grévistes, dont les paies de mai ont été largement amputées. Un comité de soutien départemental a été monté (FSU, CGT-Fapt, Solidaires, Sud-PTT, Sud-Education, CFTC, NPA, PCF, Fase, MJCF, Attac, GEM, PG, M"PEP). Une pétition de soutien des postiers du 92 a récolté près de 1000 signatures, et une autre circule dans la population et parmi les élus du département. Les maires de Clamart et Asnières ont proposé de jouer les médiateurs, mais la direction de la poste a refusé. La pétition est maintenant adressée aux responsables nationaux des organisations syndicales et politiques de gauche. Enfin, des rassemblements de soutien ont eu lieu au moment des premiers entretiens préalables aux révocations ou licenciements.
La direction nationale du NPA doit monter en première ligne
Il est de la responsabilité de la direction nationale du NPA d’être au premier rang du combat contre la répression, puisque celle-ci touche des membres du parti, dont son porte-parole national. Nous devons montrer aux travailleurs qui veulent nous rejoindre que, dans la lutte, nous sommes toujours solidaires de nos camarades : c’est non seulement un devoir, mais aussi une condition pour que les travailleurs aient confiance en nous. Or, si la fédération du 92 a su mobiliser une partie des militants en soutien aux postiers (quoique d’une manière trop fragmentaire et insuffisamment politisée), la direction nationale du parti a quant à elle tardé à apporter son soutien aux camarades : elle ne l’a pas fait pendant plusieurs semaines, ses représentants n’étaient pas présents aux rassemblements jusqu’à celui du 14 juin, l’information n’a pas beaucoup circulé dans le parti et il a même fallu attendre début juin pour que Tout est à nous publie de vrais articles sur cette grève et sa répression !
À l’heure où nous écrivons, la grève continue même si elle est devenue minoritaire dans les bureaux où elle avait commencé. Elle reste majoritaire à Asnières alors même que les travailleurs aient obtenu le rétablissement de deux des quatre tournées supprimées, l’embauche en CDI de quatre postiers en CDD et le report de la réforme jusqu’à 2011. Mais les grévistes restent soudés face à la répression, exigeant la levée des sanctions.
Lors du rassemblement du 28 juin contre l’inculpation des grévistes devant la tribunal de Nanterre, ont pris la parole les syndicalistes postiers (SUD et CGT), mais aussi Annick Coupé pour Solidaires, Arlette Laguiller pour LO, Alain Krivine pour le NPA, Pascale Le Léouannic pour le PG et Xavier Mathieu au nom des travailleurs de Continental Clairoix licenciés en 2009. Le procès a été fixé à juin 2011.
Même s’il est trop tôt pour faire un bilan définitif de ses forces (détermination, solidité du groupe gréviste, radicalité, efforts considérables pour l’extension à d’autres bureaux...) et de ses faiblesses (absence de comité de grève qui aurait permis de mieux développer l’auto-organisation, retard dangereux dans l’interpellation des directions fédérales SUD et CGT comme dans le lancement de la campagne unitaire et de masse contre la répression...), cette grève est d’ores et déjà une lutte d’importance nationale. Sa victoire ou sa défaite sur la question décisive de la répression est un enjeu de premier plan pour la lutte de classe.
- Soutien financier : Chèques à l’ordre de SUD Poste 92, à envoyer au 51, rue Jean-Bonal, 92 250 La Garenne Colombes, mention « Soutien grévistes 92 » au dos.
- Blog de soutien aux grévistes : www.gennevilliers-asso.org/le_blog_des_postiers-d-asnieres