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    Calais : solidarité avec les migrant-e-s, malgré l’interdiction de l’Etat policier

    Par Marc Rajman ( 9 mai 2016)
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    Ce samedi 7 mai, à l’occasion d’un appel à manifester, je me suis rendu avec quelques camarades du NPA et de l’AFA Calais/NP2C à un rassemblement devant le centre de rétention administratif de Coquelles (CRA, où sont enfermés les exilé-e-s et celleux qui sont par exemple en situation d’obligation de quitter le territoire français, OQTF). Quelques jours plus tôt, un arrêté préfectoral était tombé, interdisant toutes formes d’actions et rassemblements à proximité du CRA, lui-même situé juste à côté d’un énorme centre commercial nommé assez cyniquement « cité Europe ». Suite à cette interdiction, nous avions d’abord hésité à mener l’expédition, puis nous sommes arrivés là-bas avec un peu de retard.

    Quelle ne fut pas notre surprise lorsqu’après dix minutes de tentative de dialogue avec la police présente en surnombre (plus de 200 policiers tous confondus, agents de la BAC, Police nationale, CRS), ceux-ci décidèrent après quelques pseudos-sommations de nous repousser en faisant usage de la force dans diverses directions afin d’essayer de disperser le rassemblement. Il leur a fallu au total presque deux heures pour séparer une petite centaine de manifestants alors qu’ils étaient deux fois plus nombreux que nous, preuve de la détermination des militant-e-s présent-e-s ce jours-là, pour la plupart habitués aux actions contre la répression des migrants à Calais et des actions et manifestations de solidarité vis-à-vis des exilé-e-s.

    Une partie du rassemblement a alors décidé de se diriger vers le parc Richelieu où était prévu un pique-nique solidaire des migrants. L’autre partie, dont je faisais partie (Antifa / No Borders /Autonome en général), décide alors spontanément de se rapprocher du centre de rétention car une poignée de militant-e-s fascistes s’était attroupée non loin. Ceux-ci, probablement pas issus d’un parti politique (ou éventuellement du PDF, parti de la France, véritable centrale fasciste à Calais), ont été rapidement couverts par la police. Après quelques échanges d’amabilités entre nous et eux, la police a décidé d’intervenir pour … repousser une fois de plus notre groupe.

    C’est alors qu’un militant altermondialiste anglais qui venait d’arriver a été violemment pris à parti par la BAC, puis interpellé sans autre motif que le fait d’avoir essayé d’employer un mégaphone pour tenter de dire au reste du groupe de reculer. Il s’en alors est suivi une fois de plus les intimidations policières habituelles, ponctuées de quelques insultes bien évidemment. Cela a duré jusqu’à ce que nous nous retrouvions presque sur le parking du centre commercial. Il était devenu clair et net qu’il ne s’agissait plus de nous disperser mais bel et bien de nous interpeller ou du moins de nous intimider.

    Avec un camarade, nous avons finalement était sauvés par le passage d’une voiture de militants solidaires des migrants qui étaient présents au rassemblement. Devant la présence policière abusive (environ une vingtaine de flics en armes pour 5 militants), nous sommes partis en voiture  avec eux au pique-nique solidaire.

    De là-bas, nous avons appris qu’un camarade de l’Action Antifasciste avait écopé d’une amende de 350 euros au prétexte que celui-ci n’était plus en état de rouler, selon les mêmes forces de police que ceux qui nous harcelaient déjà depuis deux heures : la bonne blague ! Après avoir mangé et réfléchi durant quelques minutes à la suite de la journée, nous avons décidé de nous rendre au commissariat où était détenu le militant anglais afin de réclamer sa libération.

    Après 25 longues minutes d’attentes, nous avons obtenu sa libération. Mais d’un seul coup, après qu’il soit sorti, 4 officiers de la BAC sont alors sortis et m’ont encerclé ! Plusieurs militants ont tenté de s’interposer, mais la brutalité de la BAC les a empêché de faire quoi que ce soit… C’est sans menottes et avec le sourire aux lèvres que j’ai donc été amené dans le même commissariat que le militant anglais. C’est ainsi que la fanfare déjà sur place a pu recommencer à jouer, et bientôt les slogans tels que «  libérez notre camarade » ont commencé à fuser.

    Quelques échanges d’amabilités ont eu lieu à mon arrivée au commissariat et les coups d’épaules, tentatives d’intimidations, insultes de la BAC ont commencé à fuser à mon égard. L’un d’eux s’est par ailleurs empressé de m’arracher mon badge «  Action Antifasciste Calais » et de le jeter à la poubelle… Mais quelle ne fut sa surprise lorsque j’en ai ressorti un aussitôt et que je me suis empressé de le remettre à l’endroit exact où se trouvait l’ancien ! Nul besoin de vous dire qu’il l’a aussitôt jeté également à la poubelle, sous mes éclats de rires puisque j’en avais quelques dizaines un peu partout dans mes poches. Après quelques minutes de joutes verbales et de combats de réparties entre la police et moi, ils ont été contraints de me faire changer de salle car les manifestant-e-s commençaient à taper dans les carreaux. Pour les rassurer, je leur lançais des signes de victoire à la fenêtre.

    Une fois arrivé là-bas, la torture psychologique de leurs remarques s’est drôlement amplifiée, jusqu’au point où j’ai été obligé d’évoquer un sujet qui fâche la BAC : le sujet de leur virilité (d’ailleurs c’est une bonne astuce si vous voulez vous marrer avec la BAC). Rappelons que théoriquement, je n’ai été interpellé pour aucun motif précis, si ce n’est un sticker sur un poteau. Donc finalement, après avoir relevé mon identité et confisqué mon matériel militant, j’ai enfin pu sortir du commissariat, toujours accompagné par la BAC.

    A ma sortie du commissariat, ce fut une véritable explosion de joie ! Une centaine de militant-e-s se sont mis à m’applaudir. Nous sommes alors retournés au parc Richelieu en scandant des slogans anti-répression tels que « Police nationale, milice du capitale », « état d’urgence, état policier, on nous empêchera pas de manifester ». Ou encore, sur une note plus légère, un chant de stade des Ultras dunkerquois dont nous faisons partie avec un camarade : «  Rentre chez toi, ta mère elle fait des crêpes », en ciblant bien évidemment la BAC... Quelques militant-e-s ont ensuite entonné la chanson « You’ll never walk alone » avant que nous ne retournions vers Dunkerque en voiture.

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