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    Interview avec le rappeur VII

    Par Baptiste (23 mai 2016)
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    Nous avons interviewé le rappeur VII. Pour le découvrir, vous pouvez voir

    Peux-tu dire en quelques mots où tu as grandi et quel est ton parcours ?

    J’ai grandi au Pays Basque, c’est là que j’ai commencé à rapper sérieusement, j’avais 15 ans. Quelques années plus tard je suis monté à Bordeaux continuer la musique. J’ai sorti beaucoup de projets en tant que producteur et rappeur. Mon dernier album date d’octobre 2015 et s’intitule Éloge de l’ombre.

    Comment expliques-tu le fait que ta musique soit devenue de plus en plus politique par rapport à tes premiers albums ?

    Je ne l’explique pas, je fais avec ce que je ressens sur le moment. Dans un premier temps j’ai sorti des projets extrêmement sombres, puis mes albums se sont petit à petit de plus en plus politisés… Me connaissant c’était prévisible, mais bon, une partie des gens qui m’écoutent ont pu être déstabilisés par cette évolution… L’indépendance c’est avant tout faire les choses comme on le sent, sans contrainte.

    Ton dernier titre « Lit de mort » évoque la vie d'un militant indépendantiste basque. Qu’est-ce qui t’a donné envie d'évoquer la situation du peuple basque qui n'est que rarement évoquée dans le monde militant et même musical ?

    Rarement évoqué dans le monde militant en France alors ! Car je t’assure qu’ici au Pays Basque la figure du « gudari » est présente. Étant Basque et pour l’indépendance, j’ai voulu écrire un texte sur ce sujet et m’y investir tout particulièrement. Je suis très satisfait de ce titre, d’ailleurs ici les gens ne me connaissent qu’à travers ce morceau-là, ça en a touché pas mal, c’est avant tout une musique pour garder en mémoire toutes ces années de combat.

    Quel rapport entretiens-tu idéologiquement avec les mouvements de libération nationale ?

    C’est avant tout là que se situent mes modèles, on peut trouver ça romantique ou naïf je m’en fous, les peuples algériens ou vietnamiens resteront pour moi des héros de la lutte anticoloniale ! Les Corses, les Irlandais, les Palestiniens, les Kurdes et beaucoup d’autres nous ont enseigné le courage politique. Tous en leur temps ont été qualifiés de terroristes… Mandela lui même n’était rien d’autre qu’un terroriste pendant l’apartheid.

    Après un certain nombre d'albums studio dont un relativement récent, penses-tu continuer à produire de nouveaux albums ?

    Bien sûr ce n’est pas encore l’heure de la retraite loin de là. J’ai encore beaucoup à dire et à faire. J’ai encore du souffle !

    Le label « Rap and revenge » avec lequel tu travailles est un label indépendant ne produisant que des artistes politiquement très à gauche ?

    Non absolument pas. Tout d’abord « Rap and Revenge » ne produit actuellement plus personne car nous avons souvent été déçus par les artistes avec qui on a travaillé. En général ça marche au feeling et rien d’autre… Après je dois avouer que de manière générale le courant passe mieux avec les gens qui partagent mes opinions mais bon rien ne m’empêchera de travailler avec une rappeuse ou un rappeur absolument pas politisé tant qu’ils auront du talent à mes yeux.

    Tu as effectué un certain nombre de featurings avec « 1984 ». Des rumeurs circulent selon lesquelles le rappeur du groupe aurait rejoint le Bloc identitaire et que c'est cette rupture qui a provoqué la fin de votre collaboration. Peux-tu nous en dire plus ?

    C’est ridicule et totalement faux ! Ce mec n’a rien rejoint du tout, ce n’est pas son genre, l’action. Il ne faut pas croire tout ce qu’on raconte… C’est ce qu’on pourrait appeler un membre passif de la pseudo « dissidence dieudo-soralienne » comme il y en a plein sur le net, et c’est en effet ce revirement d’opinion qui a mis fin à toute collaboration avec lui.

    Pávlos Fýssas a été assassiné par les fascistes d’Aube dorée en Grèce. Comment perçois-tu et ressens-tu cette montée de la violence ?

    L’occident est mort de trouille à l’idée de perdre ses privilèges. Sa base la plus extrême n’hésite pas à utiliser la violence pour parvenir à ses fins. Je pense que la civilisation occidentale capitaliste est en bout de course et qu’elle le sait parfaitement. Face à ça, sa frange la plus réactionnaire s’attaque a tout ce qu’elle a identifié comme son ennemi. Mais pour moi le fascisme a toujours été là, sous différentes formes, mais toujours actif.

    D'après toi : « le rap est en salle de réanimation ». A l'heure actuelle, peux-tu nous expliquer ton point de vue sur les causes précises de la mort du rap et la dimension politique de celle-ci ?

    C’est exagéré de prétendre que le rap est mort, j’essaie de ne pas être trop pessimiste sur le sujet, de pas tenir des discours de vieux con du genre : « à mon époque c’était l’âge d’or ». Après je dois avouer que les modes actuelles dans le rap ne me parlent absolument pas. Il sort quelques bons disques malgré tout. Y’a tellement de gens qui rappent, c’est tellement vaste qu’en décortiquant l’underground on trouve toujours des artistes intéressants.

    Tu te définirais comme un militant qui fait du rap ou un rappeur qui milite ?

    Ni l’un ni l’autre, j’ai une haute opinion du militant, pour moi il voue sa vie à une cause. Moi je fais avant tout de la musique, j’essaie de garder les pieds sur terre et ne pas me prendre pour ce que je ne suis pas. Ça serait un manque de respect envers les gens qui ont connu la prison, l’exil, les grèves de la faim, la perte de leurs camarades. Moi je fais seulement du rap… et c’est déjà pas mal.

    Pour écouter un titre :

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