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Les réformes dans l’Éducation nationale : des attaques majeures contre le service public
Année scolaire 2008-2009 : sous la pression des lycéens, Darcos repousse d’un an la réforme du lycée ; novembre 2009, Luc Chatel présente la « nouvelle » réforme du lycée, tout aussi infâme que celle de son prédécesseur. Année scolaire 2008-2009 : universités et IUFM se mobilisent contre la réforme de la formation et du recrutement des enseignants ; rentrée 2009 : cette réforme entre en application. Ces deux réformes ont suscité des mouvements chacune de son côté et divisent les fédérations syndicales de l’Éducation nationale ; elles doivent être analysées ensemble car elles sont liées et participent de la même logique. Derrière les beaux principes, il s’agit de mettre en œuvre la RGPP (révision générale des politiques publiques) et de casser (encore plus) le service public de l’enseignement.
Des réformes hypocrites
La réforme de la formation et du recrutement des enseignants (dite de masterisation, décret de juillet 2009) est censée permettre l’élévation du niveau de qualification des enseignants sous prétexte qu’ils seraient recrutés à bac + 5 et non plus à bac + 3.
Dans les faits le calendrier des épreuves et l’organisation des deux années de master changent peu ce qui se faisait jusque là. Les concours avaient lieu après la licence à la fin d’une année de préparation des concours (à bac + 4, donc) ; avec la réforme, les concours ont bien lieu la deuxième année de master (5e année), mais en septembre pour les professeurs des écoles (CRPE) et en décembre pour le secondaire (CAPES, CAPET, CAPEPS, CAPLP et concours CPE). L’agrégation est préservée pour le moment. Étant donné les dates des écrits des concours, il est évident que ces concours seront dans les faits préparés en master 1, c’est-à-dire en quatrième année… comme c’était déjà le cas. Le texte de présentation de la réforme affirme que les masters sont indépendants des concours de recrutement (1), mais il est évident que les universités, pour répondre à la demande des étudiants, mettront de fait en place des enseignements de préparation aux concours en master 1 – au détriment de la recherche. Or « les programmes scolaires devront constituer l’univers de référence des savoirs évalués. Les programmes des concours [et donc les contenus universitaires ! — NDR] traduiront de manière adaptée cet objectif. » (2) La conséquence est facile à voir : l’abaissement de fait du niveau scientifique. Actuellement, le niveau requis aux concours est universitaire, ce qui semble logique : pour enseigner à des lycéens il faut en savoir beaucoup plus qu’eux.
Les épreuves orales sont quant à elles consternantes. On annonce deux épreuves, censées « vérifier […] l’aptitude à enseigner […] mais également la capacité à contextualiser son enseignement ou sa mission éducative ». Une épreuve est une leçon, comme c’est déjà le cas, l’autre est une analyse de dossier avec vérification de la maîtrise de la compétence « agir en fonctionnaire de l’État et de façon éthique et responsable ». Vérifierait-on la servilité des futurs enseignants au moment où les cas de désobéissance civile se multiplient ?
La masterisation ne permettra donc pas d’élever le niveau des enseignants, elle va au contraire entraîner une baisse de leur niveau, mais également du niveau universitaire.
La réforme Châtel du lycée adoptée le 10 décembre par le CSE est tout autant hypocrite. La brochure du ministère Vers un nouveau lycée en 2010 affiche de beaux titres : « Mieux orienter », « Mieux accompagner chaque lycéen », « Mieux s’adapter à son époque ».
« Mieux orienter » les élèves… ou les désorienter par moins d’enseignements ?
En proposant deux enseignements d’exploration, d’1h 30 chacun au lieu de 3 aujourd’hui, on n’offre qu’une initiation superficielle, qui ne devra pas aller trop loin, au nom du « droit à l’erreur », pour ne pas pénaliser les élèves qui changeraient d’avis et d’options. Le contenu de l’enseignement est clairement sacrifié. En mettant en commun 60% des enseignements en 1ère (en français, histoire-géographie, langues vivantes, ECJS, EPS), le projet prétend permettre des réorientations y compris en cours d’année, grâce à des stages « passerelle » de remise à niveau pendant les vacances (par des professeurs volontaires). Dans les faits, cela ne permettra que des réorientations de renoncement, des filières prestigieuses vers les filières L ou technologiques.
« Mieux orienter » par un « rééquilibrage entre les différentes séries » claironne également le projet. Il s’agirait plutôt d’affaiblir chaque filière : les S perdent des heures dans les matières scientifiques (1/4 en 1ère), les L perdent des heures de langue et voient l’horaire de français scindé en 4 heures de français (en commun avec les autres filières) et 2 heures de littérature française (les cours de français ne porteraient donc plus sur la littérature ?) et les ES perdent des heures d’enseignement économique. Les médias ont abondamment relayé les protestations contre la suppression en Tale S de l’histoire-géographie, matière fondamentale dans l’acquisition d’une culture humaniste et la formation de l’esprit critique. Cette mesure, qui touche la filière élitiste par excellence (et qui le restera de toute façon) est donc idéologique tout autant qu’économique. Elle a permis une forte mobilisation et l’accès aux médias, mais elle cela ne doit pas occulter d’autres attaques, comme la suppression de l’enseignement scientifique en L (alors que l’on sait que ce qui décourage les bons élèves littéraires d’aller en L, c’est l’absence de mathématiques « sérieuses »). Plus inquiétant, le sort des STI et des STL est reporté à 2011 ; mais la réduction des enseignements de détermination en 2nde, la réforme du bac pro en 3 années, les enseignements en partie communs avec les filières générales et l’annonce d’une simplification à l’extrême des filières STI ne présagent rien de bon.
« Mieux accompagner chaque lycéen »… ou le désengagement financier de l’État ?
La mesure phare du projet est la création de deux heures hebdomadaires « d’accompa-gnement personnalisé » pour tous les élèves de la 2nde à la terminale. Leur contenu est flou et passe-partout mais elles sont présentées comme une véritable panacée : orientation, préparation à l’université, aide des élèves en difficulté, acquisition de méthodes de travail, travaux interdisciplinaires, approfondissement pour les bons élèves... Pour la définition précise, à chaque établissement de se débrouiller. C’est en fait une mesure très démagogique, jouant auprès des parents (3) l’air de la prise en compte des besoins particuliers de chaque élève (comme chez Acadomia, mais gratuit (4)), déjà appliquée (sans aucune évaluation des résultats, et pour cause) en collège avec les PPRE (projets personnels de réussite éducative) et l’accompagnement éducatif (dispensé après les cours par les professeurs volontaires sous-payés en heures supplémentaires).
L’expérience prouve qu’une heure d’aide n’est pas aussi efficace qu’un cours dispensé à tous en demi-classe ; or pour dégager ces deux heures « sans alourdir » les emplois du temps, on supprime deux heures d’aide individualisées en français et mathématiques (aide dispensée par les professeurs compétents en charge de la classe) et les heures de module (en demi-classe) de français et histoire-géographie. Le projet prévoit aussi du tutorat, pour chaque élève, par des professeurs volontaires, et on voit mal comment ce volontariat pourra être respecté si chaque élève doit avoir un tuteur ? Ce type de mesures d’aide personnalisée sert toujours à détourner l’attention des vrais problèmes. Les classes sont chargées ? Ce n’est pas grave car si l’élève ne suit pas en classe, on l’aidera personnellement. Et on se garde bien de préciser combien d’élèves seront ainsi aidés personnellement en même temps dans l’heure (trois ? dix ? quinze ? vingt ?) : c’est à chaque établissement de le décider, avec à la clé une aggravation des inégalités entre eux.
Passons sur les propositions pour « mieux s’adapter à son époque », partenariats avec des lycées étrangers, partenariats culturels, cours en langues étrangères (DNL) pour les sections européennes… : ces dispositifs, qui existent déjà, sont séduisants sur le papier mais visent à développer des niches élitistes, et on parle d’un financement régional, source d’inégalités. Pour les langues, le projet entérine surtout l’enseignement par groupes de compétence, sans garantie d’effectifs réduits. Or on sait que ces groupes de compétence se transforment vite en groupes de niveau.
Bref, autant de mesures idéologiquement discutables et pédagogiquement inefficaces dont le but n’est évidemment pas celui qui est affiché.
Des réformes qui s’inscrivent dans le cadre de la RGPP : suppression de postes, dégradation des conditions de travail et remise en cause du statut de fonctionnaire des enseignants
Permettre les 16 000 suppressions de postes annoncées pour 2010
La réforme du lycée était pour cela nécessaire. Elle permet de supprimer quelques heures de cours dans toutes les matières, mais relativement peu au final. Les plus belles économies se font par la suppression des heures de modules ou de TD, puisqu’alors une heure de cours pour les élèves équivaut à deux heures-enseignant. On donne ainsi l’impression que les élèves n’y perdent pas alors que ce sont les heures en effectifs réduits, les plus efficaces, qui disparaissent. Mais l’idée la plus habile est sans aucun doute la mise en place d’enseignements communs à toutes les filières, dont les textes ne cachent pas qu’ils vont permettre de « constituer des classes réunissant des élèves de différentes séries » (5). Autrement dit, les chefs d’établissement vont enfin pouvoir constituer rationnellement des classes de 35 élèves sans avoir à prendre en compte les choix des élèves pour telle ou telle filière. Fini les 1ère et Tales L à 21 élèves ! Ces regroupements vont également permettre de supprimer de nombreuses heures de première chaire : actuellement, il faut 6 heures de classe à examen pour obtenir une heure de décharge, et les classes avec le même programme ne comptent qu’une fois ; avec la réforme, il devient de fait quasi impossible d’avoir une heure de première chaire en français, histoire-géographie et langue.
La réforme de la formation et du recrutement des enseignants offre elle aussi de belles possibilités d’économies — et c’est là qu’apparaît le lien entre les deux réformes. Tout d’abord et essentiellement par la suppression de l’année de stage en responsabilité. Jusque là, un stagiaire avait 6 à 8 heures de cours pendant un an ; supprimer l’année de stage, c’est économiser 10 à 12 heures par poste de stagiaire. En juin 2009, Darcos avait ainsi évoqué une économie de 14 000 postes de fonctionnaires stagiaires. Par ailleurs, entre le résultat des épreuves écrites des concours (début novembre pour les professeurs des écoles, fin janvier pour les concours du 2nd degré) et les oraux (en mai-juin), des « stages en responsabilités [sont] offerts prioritairement aux candidats admissibles », à raison de 108 heures (6 semaines de cours à temps complet). Le document ministériel précise : « Les stages suivis pas les étudiants ne peuvent pas être une condition pour se présenter à une épreuve et ne peuvent lui servir de support » ; « Les stages effectués en milieu scolaire, indispensables à la formation progressive au métier, représentent un atout certain pour les épreuves orales d’admission » ; et « le recteur est responsable, en liaison avec les établissements, de la répartition de stages dans l’éducation nationale ». Ce que ça veut dire ? La prise en charge de classes, en cours d’année, avec une offre aléatoire gérée par le recteur, c’est ce qu’on appelle des remplacements. Belle économie de postes de TZR (titulaires remplaçants) en perspective ! Ces stages sont « offerts », comme un beau cadeau ; de fait, les étudiants en difficulté financière pourront difficilement refuser, et tant pis pour la préparation des épreuves orales. Sauf que catapulter un étudiant non formé (et pas même sélectionné par un concours) en cours d’année devant des classes en qualité de remplaçant, c’est les mettre dans une situation ingérable. Et l’incohérence du projet transpire dans les contradictions du texte : les stages ne sont pas « une condition » pour aller à l’oral, mais ils sont « indispensables » : il faudrait savoir ! Ils sont pour les admissibles, mais « prioritairement », ce qui n’exclut pas de confier ces remplacements à des étudiants ayant échoué au concours.
Tout est là : suppression des remplaçants titulaires, création de fait de professeurs précaires n’ayant pas eu les concours (sous prétexte qu’ils ont eu le même diplôme et ont pu faire les mêmes stages que les titulaires) et suppression d’une vraie année de stage.
Au-delà de la suppression de postes, c’est le statut même des enseignants qui est attaqué
La masterisation et le nouveau mode de recrutement va permettre de constituer une réserve de professeurs avec master mais sans concours, des précaires qui seront de plus en plus utilisés, jusqu’à ce que leur proportion pose la question de la légitimité du statut de fonctionnaire. Tactique éprouvée pour détruire la fonction publique.
La définition de la mission des enseignants est de même attaquée. On a vu que les nouveaux concours sont centrés sur les programmes du secondaire et la connaissance du système scolaire : la compétence disciplinaire est mise en cause. Les heures d’accompagnement éducatif sont intégrées dans l’emploi du temps des professeurs : ils devront donc s’occuper de soutien (dans leur discipline ? avec leurs élèves ? rien n’est moins sûr), d’orientation à la place des CO-Psy (qu’il s’agit de liquider)… et de quoi d’autre encore ? Un coup d’œil vers les professeurs de collège, malheureusement en avance, offre un tableau peu attractif de ce qui attend leurs collègues de lycée : validation du B2i (brevet informatique et internet), organisation de l’ASSR (attestation scolaire de sécurité routière), élaboration d’un parcours de découverte des métiers et des formations (travail sur l’orientation que chaque professeur doit réussir à intégrer dans ses cours), PPRE (parcours de réussite éducative), validation du niveau A2 en langue, note de vie scolaire, mise en place dans chaque établissement des modalités d’évaluation de la nouvelle épreuve d’histoire de l’art, accompagnement éducatif après les cours (non obligatoire mais lourdement demandé par les chefs d’établissement pour soigner l’image du collège) et bientôt le livret de compétence à remplir. Et pour tout organiser, des réunions incessantes. Tout cela subi avec dans un sentiment d’hypocrisie et d’inutilité, puisque le rectorat fait pression sur les établissements pour que toutes les compétences soient validées et que peu importe finalement que les élèves aient effectivement le niveau A2 ou les compétences en informatique ; il le leur faut pour passer le brevet : on leur donne.
Évaluation par livret de compétence, heures d’aide, parcours de réussite individualisé… la réforme du lycée fait furieusement penser à la situation des collèges, pour le pire.
Le décret EPLE (sur l’autonomie des établissements publics et locaux d’enseignement) vient en plus de tout cela mettre en cause l’indépendance pédagogique des enseignants. Le conseil pédagogique, instauré par la loi d’orientation de 2005, était déjà censé « favoriser la concertation entre les professeurs, notamment pour coordonner les enseignements, la notation et l’évaluation des activités scolaires ». Dans les faits, il était assez symbolique. Ses membres seraient désormais nommés par le chef d’établissement et il constituerait une hiérarchie pédagogique intermédiaire, chargée d’organiser les groupes de compétence en langue ou les heures d’accompagnement personnalisé.
Casser le cadre national en aggravant encore l’autonomie des établissements publics locaux d’enseignement (EPLE)
Avec la réforme du lycée et le décret EPLE, il n’y a plus de cadre national des heures de cours en effectifs réduits (groupes de langue, TP de science-physiques ou de SVT, heures d’accompagnement éducatif…), mais un volant d’heures, correspondant à un quart (voire un tiers) de la dotation horaire globale (DHG), attribué par les recteurs « en fonction des spécificités pédagogiques de l’établissement », et affecté ensuite par les chefs d’établissement à tel ou tel usage. On peut s’attendre à des moyens de toute façon insuffisants. En clair : mise en concurrence des établissements dans l’académie et des disciplines dans l’établissement, possibilités de pressions sur les enseignants, mise en place d’une culture du résultat, évaluation des établissements grâce au projet d’établissement et aux contrats d’objectifs déjà en place, possibilités ultérieures d’économies par diminution des horaires (comme on l’a observé dans les collèges, où on s’est rapproché année après année des horaires planchers). D’ailleurs, le chef d’établissement aurait le dernier mot sur l’utilisation de ces heures, que le conseil d’administration soit d’accord ou pas.
Ce projet vise donc à mettre en place des méthodes de management par une culture de la performance et de l’évaluation, à transformer les établissements en entreprises dirigées par le chef d’établissement qui voit son pouvoir se renforcer tant dans la gestion des moyens que dans le contrôle de la pédagogie des enseignants. Quelle liberté ces derniers auront-ils alors de ne pas être volontaires pour faire du tutorat ou pour s’occuper de stages de remise à niveau pendant les vacances ? Ce renforcement des pouvoirs du chef d’établissement ouvre également la porte à un recrutement local des professeurs et à leur évaluation en interne (à partir des résultats des élèves aux examens).
Dans le même temps, c’est une façon de laisser les chefs d’établissements gérer les réformes et amortir le mécontentement.
Cette évolution est extrêmement grave car source d’inégalités accrues entre les régions, les établissements, les élèves. Le cadre national du diplôme du bac est à terme menacé puisque chaque établissement peut organiser les enseignements et répartir une partie des heures à sa guise.
Il est nécessaire de se mobiliser pour faire échouer ces réformes
Les syndicats d’enseignants sont dispersés et ambigus sur ces deux réformes depuis le début. Le SE-UNSA et le SGEN-CFDT dénoncent la masterisation (ils ont appelé à une journée d’action le 15 décembre) mais pas la réforme du lycée en faveur de laquelle ils ont voté le 10 décembre au CSE. Ils soulignent seulement le manque de moyens et les suppressions de postes. Pour le SGEN-CFDT, « certes, ce n’est pas la réforme que nous voulions, mais il y a dans les propositions ministérielles des leviers utiles à une véritable évolution du lycée » (note du 11 novembre) ; et de saluer les deux heures d’accompagnement et le tutorat, le tronc commun en 1ère, etc. Par ailleurs, si le SNESup-FSU (enseignement supérieur) « exige, sans préalable, le retrait de cette réforme concernant la formation des enseignants, ainsi que des décrets et des textes d’application déjà publiés », le SNES-FSU (secondaire) a quant à lui une position plus qu’ambiguë sur la masterisation dont il revendique le principe au nom de l’élévation du niveau de recrutement (dont on a vu l’illusion), dans l’espoir d’une revalorisation des salaires (tout aussi illusoire). Encore maintenant, et alors qu’il dénonce fermement la réforme du lycée (pointant du doigt les « autres », SE-UNSA, SGEN-CFDT, associations de parents d’élèves), le SNES ne semble dénoncer, dans la réforme de la formation et du recrutement des enseignants, que les stages en responsabilité de 108 heures que le ministère veut faire subir aux étudiants qui préparent les concours.
Quelles sont alors les perspectives d’action ? Les lycéens ont déjà manifesté et bloqué des lycées dans quelques villes (Nantes, Amiens, Lille, Nancy, Rennes…) en décembre, mais ils ne se sont pas mobilisés jeudi 14 janvier lors de la journée nationale d’actions à laquelle appelait la FIDL (syndicat lycéen) : peu de lycéens sont descendus dans la rue (moins de 200 à Paris selon L’Express). La FSU, la CGT et Solidaires appellent à une journée de grève de la fonction publique jeudi 21 janvier. Elle est pour l’instant perçue comme une grève de l’Éducation nationale. Enfin, la FSU appelle à une manifestation nationale à Paris samedi 30 janvier. Du point de vue des principales directions syndicales, il ne s’agit pas de commencer une véritable épreuve de force avec le gouvernement pour obtenir le retrait des réformes, mais de journées d’action rituelles sans perspective. Cependant, la gravité des réformes est telle que de nombreux enseignants et lycées peuvent se saisir de ces dates pour se mobiliser. Il s’agit donc de fournir l’information nécessaire sur les réformes — travail que les syndicats ont à peine commencé à faire — et de convaincre qu’il est possible de les mettre en échec par une action massive et déterminée. Pour cela, il s’agit de réunir les collègues et, dès que possible, de tenir des Assemblées générales pour qu’ils déterminent eux-mêmes les conditions de la lutte et les moyens d’action appropriés. Il et clair que seule une grève générale de l’Éducation permettra de gagner contre ce gouvernement : c’est cet objectif qu’il faut commencer à soumettre au débat, tout en participant à toutes les actions et initiatives que les enseignants prendront pour mener le combat.
Par ailleurs, les lycéens se sont en partie mobilisés en décembre, seuls, avec des manifestations dans un certain nombre de villes et quelques blocages. Mais l’information était encore insuffisante. Bien des responsables syndicaux font la moue dès qu’il est question de rejoindre les lycéens ; il serait pourtant ridicule de ne pas chercher la convergence des mouvements.
Le NPA est notamment bien placé pour contribuer à cette convergence, puisque de nombreux enseignants en sont membres et que des comités jeunes sont organisés un peu partout et ont pour certains déjà travaillé à la mobilisation de décembre. L’année dernière, les mouvements de lycéens, d’étudiants et d’enseignants se sont succédé ou côtoyés sans se rejoindre, ce qui a contribué aux défaites. Il s’agit cette année de combattre tous ensemble les réformes de l’Éducation… et de tout faire pour aller jusqu’au bout !
1) « Les concours de recrutement ne sont pas les seuls débouchés professionnels des masters », Diaporama du ministère présentant ses réformes le 13 novembre 2009, page 9.
2) Diaporama du ministère présentant ses réformes le 13 novembre 2009, page 5.
3) Les associations de parents d’élèves s’en sont d’ailleurs félicitées, à l’image de la FCPE qui écrit le 7 décembre : « Ce n’est pas la réforme que la FCPE souhaitait mais il y a des leviers pour le changement qu’il faut oser comme l’accompagnement personnalisé, le tutorat… »
4) Dans le même temps, l’avantage fiscal octroyé pour l’aide scolaire à domicile assurée par une entreprise à but lucratif a été rétabli au Sénat lors de la séance publique du 7 décembre (source : FCPE).
5) Vers un nouveau lycée, page 15.