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Lénine aurait porté "bonnet rouge" et "gilet jaune"
Tribune libre de notre camarade Ludovic, militant NPA des Alpes de Haute Provence
Le mouvement des gilets jaunes comme cela était prévu, a fait la démonstration de sa capacité à bouleverser complètement la situation politique et sociale du septennat et mettre à nue la macronie et son petit roi. C’est ce qui s’est passé le 17 novembre, c’est ce qui se poursuit encore avec une combativité qui surprend, concentrée sur des slogans radicaux autour de « Macron démission », chantés sur tous les tons.
La question angoissée que le pouvoir se pose, relayée par un journalisme de connivence est maintenant : "mais comment tout cela va-t-il finir ?"
Il faudrait se plonger dans les archives de l'histoire du mouvement ouvrier - comme on disait- pour y déceler un épisode similaire, d’un mouvement authentiquement populaire, de contestation centrale du pouvoir en place, boudé par la quasi-totalité de ses organisations. Les voir toutes bien alignées dans leur quête d’un mouvement chimiquement pur est consternant. Comme si toutes préfèrent un entre soi classique mais qui convient, en attendant rien ou les prochaines élections. Un aveuglement à ce point si bien partagé est totalement surréaliste. Comment la gauche de la gauche a-t-elle pu passer à côté d’une telle manifestation de colère. La rédaction laborieuse du communiqué de la « nouvelle union de la gauche » ( rédigé l’avant-veille de la manifestation – pendant que des milliers de comités autonomes surgissaient partout pour mettre en place les blocages et rallier le plus de monde possible – par nos professeurs rouges, au-delà des poncifs convenus et déconnectés de l’actualité, montraient juste à quel point ce nouveau clergé est obnubilé par la pureté du mouvement et de ses revendications. Une scolastique dont se foutent globalement les « gilets jaunes » et c'est peut-être la raison de leur succès, mais qui n’a pas permis l’immersion dans le mouvement d’un axe "lutte de classe" clairement social et écologique, disputant ses finalités aux secteurs les moins conscients des enjeux discutés. Il ne s’agissait de se mettre "à l’écoute" du mouvement, façon politicien opportuniste, mais de fournir des axes politiques, des objectifs et des moyens pour y parvenir et face aux confusions et désorientations habituelles, pouvoir indiquer où est le nord. Ce sont des secteurs les moins politisés et les moins organisés de la population qui ont trouvé ce moyen pour exprimer leurs exaspérations dans la rue, pour « bloquer » le pays. La jonction avec ceux qui depuis des années arpentent le pavé pour montrer qu'ils ne sont pas contents et ceux qui descendent dans la rue pour la première fois parce qu'ils veulent que ça change vraiment, n'est qu'une question de temps. Ce qu’en disait le grand Lénine aux dogmatiques coupées des masses dans leurs petites chapelles :
« La révolution socialiste en Europe ne peut pas être autre chose que l’explosion de la lutte de masse des opprimés et mécontents de toute espèce. Des éléments de la petite bourgeoisie et des ouvriers arriérés y participeront inévitablement – sans cette participation, la lutte de masse n’est pas possible, aucune révolution n’est possible – et, tout aussi inévitablement, ils apporteront au mouvement leurs préjugés, leurs fantaisies réactionnaires, leurs faiblesses et leurs erreurs. Mais, objectivement, ils s’attaqueront au capital, et l’avant-garde consciente de la révolution, le prolétariat avancé, qui exprimera cette vérité objective d’une lutte de masse disparate, discordante, bigarrée, à première vue sans unité, pourra l’unir et l’orienter, conquérir le pouvoir, s’emparer des banques, exproprier les trusts haïs de tous (bien que pour des raisons différentes !) et réaliser d’autres mesures dictatoriales dont l’ensemble aura pour résultat le renversement de la bourgeoisie et la victoire du socialisme, laquelle ne « s’épurera » pas d’emblée, tant s’en faut, des scories petites-bourgeoises. »