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      Ce que nous reprochons à la direction sortante (PU)

      Par Julien Varlin (21 décembre 2017)
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      La plateforme U regroupe globalement le bloc qui a dirigé le parti depuis la dernière conférence nationale et la campagne Poutou. C’est vraisemblablement la plateforme qui sera majoritaire. Dans beaucoup de comités, les autres positions ne sont pas représentées, et les enjeux n’apparaissent pas clairs. Dans ces conditions une sorte de « légitimisme » l’emporte souvent, poussant à voter pour le bloc le plus gros et le plus « historique ». C’est pour cela que nous trouvons important d’expliquer nos désaccords politiques avec les camarades qui portent la PU, et de montrer en quoi nos propositions pour le parti sont différentes.

      A notre avis, le texte de la PU ne contribue pas à rendre le congrès utile, parce qu’il esquive les désaccords au lieu de les expliciter et de les argumenter.

      Ainsi la plupart du texte est un long développement sur l’analyse de la situation. Beaucoup de camarades se plient à cet exercice convenu en faisant comme si leur ligne découlait logiquement de leur meilleure analyse de la situation. En réalité, à partir d’une même situation, nous pouvons défendre des orientations différentes, en fonction de notre stratégie. C’est ce débat qui devrait être central dans le congrès. Au lieu de cela, la PU copie-colle un passage des principes fondateurs et annonce qu’il « faudra » rouvrir le débat sur la stratégie…

      D’un côté la PU emploie les termes réformistes/révolutionnaires comme s’il était clair pour tout le monde que le NPA se veut un parti révolutionnaire, de l’autre côté, elle réaffirme que « le NPA a été créé pour regrouper les anticapitalistes et les révolutionnaires ». Y a-t-il des anticapitalistes non révolutionnaires ? Est-ce pour cela que nous n’affirmons aucune stratégie claire ? Il ne s’agit pas pour nous de dire que les camarades de la PU ne souhaitent pas une révolution. Mais nous savons bien qu’il y a des hypothèses stratégiques différentes dans le parti (et dans la PU), et il est dramatique qu’elles ne soient pas discutées. Cela empêche le parti d’avancer, et cela tend aussi à déporter les débats internes vers des procès d’intention, des tensions inter-personnelles…

      Dans l’analyse de la PU, beaucoup de faits sont présentés comme des fatalités. Comme lorsque les camarades écrivent que les nombreuses luttes contre les licenciements « n’ont pas réussi à poser la question des licenciements comme un enjeu politique central, national, même si la question de leur interdiction et des réquisitions des entreprises est présente dans la réflexion des salariéEs ». Et la responsabilité des organisations ? Malheureusement notre agitation sur l’interdiction des licenciements est au mieux abstraite et au pire problématique, quand nos porte-parole réclament pour cela une « loi » parfaitement utopique. La réquisition de toutes les entreprises qui licencient doit être notre cheval de bataille, pas une réflexion que nous attendons de voir émerger ! Des réquisitions/expropriations que nous lions à notre programme de pouvoir des travailleur·se·s elles/eux-mêmes, le seul qui en finirait avec le pouvoir de vie et de mort qu’ont les patrons.

      Ou encore, le dramatique rétrécissement du NPA depuis sa création est évoqué… sans aucune autocritique ! Tout cela au nom du fait que les organisations réformistes (comme la FI) sont forcément plus massives que les partis révolutionnaires. Certes, mais avant même d’être en désaccord, un grand nombre de nos sympathisant·e·s ne voient pas quel programme révolutionnaire nous avons à proposer. Nous sommes surtout vu·e·s comme des agitateur·ice·s radicaux/ales, parfois très actif·ve·s et apprécié·e·s, mais sans programme cohérent pour en finir avec ce système.

      Contrairement à la plupart des autres plateformes issues de l’ex PA, nous pensons fondamental de construire un programme de transition vers notre projet de société. Certains camarades balayent cela d’un revers de main en disant que ce n’est pas un « bon texte » qui va changer les choses. Il s’agit de bien : de définir le socle commun qui nous réunit, que nous faisons vivre dans nos diffusions, interventions, discussions avec les contacts, dans les interventions de nos porte-parole, nos clips... Sans un tel socle défini en positif, le NPA continuera à manquer d’enthousiasme pour militer tou·te·s ensemble au-delà de nos divergences. La plateforme T « Pour le pouvoir des travailleur·se·s, vers le communisme autogestionnaire » est une proposition pour aller vers cette refondation.

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