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      Quelles positions des partis d’extrême gauche et de gauche dite radicale sur "l’affaire Théo" ?

      Par Gaston Lefranc, Lakhdar Bouazizi, Tristan Daul (14 février 2017)
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      Lutte Ouvrière et le Parti Communiste Français, deux partis complètement déconnectés de la réalité

      LO n'en fait presque pas mention : 2 articles très courts, dont celui datant du 11 février est carrément classé dans les brèves ! Dans les deux, on peut lire un bref descriptif de l'affaire, mais à aucun moment les policiers ne sont jugés responsables de ce dont ils sont accusés. On peut même y lire : « Certes, tous (les policiers) ne se conduisent pas en voyous racistes »1. Est-il besoin de rappeler cela lorsque l'on parle d'un viol en réunion et lorsque tous les habitant.e.s des quartiers populaires dénoncent les contrôles au faciès, les insultes, le mépris ainsi que la violence extrême qu'illes subissent tout au long de l'année ?

      A aucun moment, dans les deux articles, il n'est fait mention d'une condamnation franche des ordures policières, ce qui n'est finalement pas étonnant lorsque l'on se souvient des prises de position de LO lors des manifestations sauvages de flics2.

      De plus en plus largué et bien loin de répondre aux attentes des quartiers populaires, LO s'illustre par son absence totale de prise de position concernant cette affaire, montrant par la la réalité de ce qu'est ce parti : un adepte du marxisme sclérosé.

      Le PCF3, tellement ancré dans les institutions s'en remet aux grands principes républicains, a savoir faire voter des lois et former « la » police. Pour le PCF, ce qui a causé cette atrocité, c'est qu'il n'y a pas assez de flics dans les banlieues. C'est écrit noir sur blanc « Il faut donc renforcer en nombre et en formation les forces de police sur tout le territoire et d’abord dans les endroits où il y en a le plus besoin. Il faut créer une police de proximité de forme nouvelle, attachée à son territoire de travail, à sa population par des liens plus durables et plus étroits. ». Renforcer en nombre les forces de polices, c'est a dire accroître le sécuritaire et ainsi faire peser sur les habitant.e.s la responsabilité des violences policières.

      Ce parti, gangrené par la course aux postes en vient à se présenter comme un rempart contre les violences policières avec sa proposition de loi « sur le récépissé de contrôle d’identité afin de lutter contre le fléau que constitue la pratique du contrôle au faciès. Il faut qu’elle soit adoptée et mise en pratique. Ce serait un premier pas ».

      Aujourd'hui, les flics retirent carrément leur matricules avant d'opérer4 alors de la à remettre un papier après une ratonnade...

      Mélenchon, le candidat le plus intransigeant ?

      S'il condamne clairement en parlant du « viol qui est un acte de torture : il n'y a rien de sexuel dans cette histoire » ; il n'est pas avare de « acte ignoble », « acte infâme » etc.

      Pour lui, ce qui s’est passé ne correspond pas à l'idée qu'on doit se faire de la police.

      Pour le prouver, il appelle : «  La police républicaine, vous devez faire entendre votre voix. ». De deux choses l'une : soit tous les policiers couvrent leur collègues, soit Mélenchon n'est pas audible chez eux. En tous cas nous, nous n'appelons la police pour dénoncer la police. La police est le bras armé de l’État, que celui-ci a toujours utilisé pour réprimer les travailleurs/euses dans leur revendications. Dans les quartiers populaires, la police et principalement la BAC agit avec des méthodes post-coloniales destinées a empêcher tout type de contestation. C'est la police qui est un problème, certainement pas elle qui le réglera !

      Reconnaissons à Mélenchon le mérite de ne rien lâcher quant à sa position sur les violeurs : il faut les expulser de la police. Nous disons cependant qu'il ne faut pas s'arrêter a cela : il faut les expulser de la police mais aussi les juger et les condamner pour les faits qu'ils ont commis, à savoir un viol en réunion accompagné de violences en réunion.

      Finalement, le problème de Mélenchon dans cette affaire est qu'il ne condamne pas largement la police en tant qu'institution. Certes, il déclare vouloir en finir avec les BST « Comme elles ont tendance à se multiplier et qu'elles semblent venir souvent de ce qu'on appelle les brigades spécialisées de terrain, eh bien pour ma part, je pense qu'il faut les dissoudre » et s'oppose a la loi (par ailleurs déjà adoptée5) concernant l'assouplissement de la légitime défense.

      Au delà de ces déclarations, si elles sont pour la plupart justes, il nous faut regarder de plus près le programme de la France Insoumise6 pour constater que l'objectif est loin d'aller dans ce sens, comme nous le soulignons déjà : « Pour faire régner l'ordre, et notamment le respect du droit de propriété, Mélenchon veut « renforcer les moyens humains et matériels des forces de sécurité, en quantité et qualité » et « créer une garde nationale ». Il prétend refuser la « logique de l'exception » mais il ne veut pas abolir l'état d'urgence (seulement combattre ses abus). Il encourage la délation (« signalement ») des personnes « suspectées » de pouvoir glisser sur la pente du terrorisme. Il veut embrigader les jeunes dans un « service citoyen obligatoire » de 9 mois, pour leur apprendre l'amour de la patrie et de l’État »7

      Ensemble !, une autre composante de la France Insoumise, au travers ses deux communiqués appelle a son tour a la dissolution des BST, a la fin du contrôle au faciès (convenons-en cela semble compliqué dans une institution où plus de la moitié des fonctionnaires votent FN8) et la mise en place d'un récépissé. La justice pour Théo est réclamée, sans que l'enquête ne soit entravée par les conclusions de l'IGPN qui, rappelons-le a caractérisé le viol comme « non intentionnel » !9

      La Gauche Révolutionnaire, récemment ralliée a Mélenchon n'a carrément aucun avis sur la question : le gros titre dénonce la criminalisation des militant.e.s … en Irlande (a qui nous apportons évidement notre soutien) et, lorsque l'on utilise le moteur de recherche du site en inscrivant « violences policières », la page nous indique un article de 2014 !10

      Le PS, dont le gouvernement au pouvoir depuis 2012 a la responsabilité de près de 15 décès par an attribués a la police11 pousse l'indécence jusqu’à publier des communiqués dans lesquels l'objectif pour lui est de « bien sûr continuer à embaucher et donner les moyens aux policiers de travailler ».

      Pour ce parti de gouvernement a qui la police a grandement rendu service lors des manifestations contre la loi travail et qui ose encore se prétendre « de gauche », ce qu'à subit Théo n'est « qu'une anomalie incompréhensible, un faits divers exceptionnel ».

      Le NPA, à la hauteur de ses engagements et de ses tâches ?

      Objectivement, parmi tous ces partis présentés, c'est le NPA qui semble le plus investi dans le soutien à Théo et contre les violences policières, pourtant bien loin d'être à la pointe des mobilisations. Malgré de véritables problèmes d’ergonomie et de fluidité, pas besoin de chercher dans diverses rubriques pour trouver quelques traces de l'affaire. En premier plan, on lit directement : « Non au quadrillage des quartiers populaires, au racisme policier et à la violence judiciaire qui couvre des violeurs »12. Les revendications sont claires : « Pour le NPA, la police doit être désarmée, au contraire des mesures prises sans cesse ces vingt dernières années. Nous revendiquons également la dissolution de tous les corps spéciaux intervenant et réprimant brutalement dans les quartiers populaires (comme la BAC ou les Brigades spécialisées de terrain). Pour en finir avec les contrôles au faciès, qui sont le support et le prétexte à tant de violences policières, nous réclamons aussi la mise en place d'un récépissé à chaque contrôle ».

      Dans son intervention filmée, le porte-parole du NPA, Philippe Poutou rappelle que « les interventions policières se multiplient dans les quartiers populaires, dans les endroits ou la population est la plus fragilisée et la plus victime de la crise ». Il souligne le « soutien a Théo, a ses proches et à toutes les victimes de violences policières ».

      Il rappelle les mots d'ordres du communiqués « On dénonce l'impunité, on appelle a la dissolution de la BAC et des BST, pour le désarmement de la police. » C'est aussi le seul porte-parole et candidat a l’élection présidentielle qui pose clairement la question de l'auto défense populaire.13

      Il faut aussi souligner que la section jeunes du parti est depuis le début très réactive et présente, comme en témoigne la dernière vidéo partagée lors du rassemblement de dimanche dernier à Bobigny14

      Dans l'article se scandalisant a juste titre de la remise en liberté des tortionnaires de Théo, nous pouvons lire le seul appel a la mobilisation populaire pour dénoncer ces crimes policiers émanant de partis politiques : « Mais face à l’appareil répressif de l’État que sont la police et la justice, nous avons besoin d’une réponse collective qui soit autrement plus efficace. C’est ce qu’ont compris les familles regroupées dans le collectif Urgence notre police assassine, collectif qui participera dimanche 19 mars à la Marche pour la justice et la dignité. Le crime commis contre Théo ne doit pas rester impuni, toute la vérité doit être faite autour de l’assassinat d’Adama Traoré, et son frère Bagui doit être immédiatement libéré »15

      Effectivement, depuis maintenant près de deux semaines, les organisations de gauche et plus encore révolutionnaires se sont faites remarquées par leur absence et leur effacement complet de la scène médiatique et politique. Pire, les organisations révolutionnaires n'ont pas été capables d'occuper le terrain et d'appeler d'autre organisations à faire front commun contre les violences policières et l'impunité dont jouissent les tortionnaires et les assassins.

      Si de nombreux/euses militant.e.s se sont retrouvé.e.s dans les manifestations de soutiens, ce ne fût que très rarement en organisations et c'est ici un vrai acte manqué.

      En effet, si les organisations du mouvement ouvrier constatent a juste titre un écart entre leur discours et les quartiers populaires, il serait grand temps qu'elles se remettent en question. En effet, que font-elles aujourd'hui, à l'heure ou un représentant syndical de Alliance (syndicat policier majoritaire) dit a la télé que « bamboula » est une insulte « a peu près convenable » ? Que font les organisations du mouvement ouvrier quand la police contrôle jusqu’à 10 fois par jour les mêmes personnes ? Que font les organisations du mouvement ouvrier lorsqu'il s'agit de soutenir de toutes leur forces des familles dont le fils ou le frère a été tué, et d'autre dont le fils ou le frère a été violé et tabassé ? A l'heure actuelle, elles ne font rien.

      Il est urgent de réagir, pour soutenir mais aussi pour construire une riposte. Cela doit passer un appel de masse a se mobiliser. Tout le monde est concerné par ces situations inacceptables.

      Le 19 mars aura lieu la Marche pour la Justice et la Dignité16 qui s'annonce être un moment très fort pour notre camp social. Nous espérons et appelons vivement à ce qu'il y ait d'autres mobilisations avant celle-ci. Le NPA a décidé de proposer au collectif préparant le 19 mars d'appeler rapidement une réunion unitaire large pour préparer et appeler à une grande manifestation d'ici une quinzaine de jours. Notre parti doit interpeller l’ensemble des organisations du mouvement ouvrier pour les mettre face à leurs responsabilités : il faut aujourd’hui que celles-ci appellent à une manifestation de masse contre les violences policières, capable d’imposer l’arrêt du harcèlement des jeunes des quartiers populaires.

      #pasdejusticepasdepaix

      #justicepourthéo

      #justicepouradama

      1http://journal.lutte-ouvriere.org/2017/02/08/aulnay-sous-bois-assez-des-violences-policieres_76838.html

      2https://journal.lutte-ouvriere.org/2016/10/19/manifestations-de-policiers-societe-violente_71627.html

      3http://www.pcf.fr/96323

      4http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/06/03/oui-le-port-du-matricule-est-obligatoire-pour-les-policiers-et-les-gendarmes_4933714_4355770.html

      5http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/01/25/policiers-et-gendarmes-soumis-au-meme-usage-des-armes-a-feu_5068534_1653578.html

      6http://tendanceclaire.org/contenu/autre/Programme-France-Insoumise-2017.pdf

      7http://tendanceclaire.org/article.php?id=1133

      8http://www.sudouest.fr/2016/10/15/presidentielle-2017-policiers-et-gendarmes-prets-a-voter-pour-marine-le-pen-2536406-6121.php

      9http://www.francetvinfo.fr/faits-divers/arrestation-violente-a-aulnay-sous-bois/affaire-theo-ce-que-disent-les-premieres-conclusions-de-la-police-des-polices_2054953.html

      10http://www.gaucherevolutionnaire.fr/page/1/?s=violences+polici%C3%A8res

      11http://www.urgence-notre-police-assassine.fr/123663553

      12https://npa2009.org/communique/non-au-quadrillage-des-quartiers-populaires-au-racisme-policier-et-la-violence-judiciaire

      13https://npa2009.org/videos/point-dactualite-stop-aux-violences-policieres

      14https://www.facebook.com/jeunesNPA/videos/1339464612794401/

      15https://npa2009.org/actualite/societe/aulnay-sous-bois-93-les-tortionnaires-de-theo-remis-en-liberte

      16http://tendanceclaire.org/breve.php?id=21993

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