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Les actionnaires n’échapperont pas à la crise qui vient
Article publié dans l'Anticapitaliste n°326
La société de gestion d’actifs Henderson vient de publier un rapport sur les dividendes versés en 2015 par les 1 200 plus importantes sociétés (représentant 90 % de la capitalisation boursière mondiale)...
Pour la première fois depuis 2009, les dividendes exprimés en dollars ont baissé (de 2 %) en 2015. Mais cette baisse tient à l’appréciation du dollar par rapport aux autres monnaies. Corrigés des effets de change, les dividendes mondiaux ont tout de même augmenté de 10 %. L’horizon serait-il dégagé pour les actionnaires ?
Les évolutions sont contrastées selon les pays et les secteurs d’activité. Les dividendes ont grimpé de 14 % aux USA et ont doublé depuis 2009. En France, les dividendes en euros ont stagné, et ont chuté de 16 % exprimés en dollars. Ils sont aujourd’hui à un niveau inférieur à 2009, ce qui n’est pas étonnant compte tenu du « retard » de la France dans les contre-réformes (mais le projet El Khomri vise à remettre à niveau les capitalistes français).
Au Royaume-Uni, les dividendes en dollars ont chuté de 22 %. Pour la première fois de son histoire, les dividendes versés baissent (de 1,5 %) en Chine. Avec la dépréciation du rouble, les dividendes en Russie baissent de 21 % pendant que les dividendes au Brésil s’effondrent de 40 %. La baisse du prix des matières premières a pesé sur les dividendes versés dans les pays émergents. Les dividendes des sociétés pétrolières et minières ont baissé respectivement de 20 % et 6 %, alors que les banques ont abondamment arrosé leurs actionnaires.
Vers l’éclatement de la bulle financière
Pour 2016, Henderson a revu ses prévisions à la baisse, mais prévoit encore une hausse de 2 % des dividendes versés en dollars et de 3 % corrigés des effets de change. Ce scénario fait abstraction de l’hypothèse d’une crise financière et d’une nouvelle récession mondiale. Celles-ci ne font pourtant aucun doute, l’incertitude concernant plutôt leur échéance (2016 ? 2017 ?) et leur ampleur.
Car aujourd’hui, les signaux d’une nouvelle crise se multiplient. Les profits baissent aux USA (JP Morgan prévoit une baisse de 10 % des profits en 2016), ce qui entraîne un recul de l’investissement et un ralentissement de la croissance. En Chine, la conjonction de la baisse de rentabilité du capital et de l’envolée de l’endettement des entreprises est explosif. La plupart des pays émergents (Brésil en tête) sont frappés de plein fouet par la chute du prix des matières premières.
Dans ce contexte, la déconnexion entre les profits des entreprises et la valorisation du capital fictif sur les marchés financiers est de plus en plus insoutenable. Malgré les efforts des banques centrales pour différer l’éclatement de la bulle financière, celle-ci va finir par éclater. Les actionnaires en paieront le prix. Mais ils chercheront à reporter au maximum sur les travailleurs le coût de la crise.
La survie du capitalisme passera par des attaques de plus en plus monstrueuses contre nous. Socialisme ou barbarie, les termes de l’alternative n’ont jamais été aussi pertinents.