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Compte-rendu de la manifestation de soutien aux Contis d’Amiens
Belle réussite que cette manif de soutien qui a démarré sur le parking Faidherbe, à l’opposé de la gare d’Amiens par rapport au centre ville. Les Contis et les Goodyear ainsi rassemblés (200 à 300 ouvriers pour chaque usine) ont descendu le mail Albert 1er (environ 1 km) accompagnés de nous-mêmes (NPA Somme), quelques représentants du Front de gauche, quelques personnes sans étiquettes, ainsi que toute la clique de Gremetz. Le cortège (d’environ 600 à 800 personnes) était ouvert par l’estafette de la Cégète locale, et force est de constater qu’il ne dépareillait pas des autres manifs précédentes : sono à fond avec une musique techno commerciale des plus abrutissantes (pour une fois que ce n’était pas l’Antisocial de Trust, mais je l’aurais personnellement préféré) au lieu d’un discours rassembleur qu’un Mickaël Wamen (délégué CGT des Goodyear, présent en tête) aurait pu scander ou même de mots d’ordre que le cortège aurait pu reprendre. Sinon, je dois bien avouer que j’ai été énervé par l’attitude de certains ouvriers Goodyear qui ont, tout le long de la route enneigée, balancé des boules de neige dans les véhicules arrêtés de force, vitres ouvertes, par les « distributeurs » de Gremetz ; attitude puérile que les Contis eux-mêmes ont plusieurs fois dénoncée auparavant lors de manifs communes, ce qui a créé quelques tensions entre les deux groupes il y a quelques mois.
Au bout de l’avenue, le parvis de la gare bondé de monde où s’étaient rassemblés quasiment tout ce que compte le mouvement ouvrier, syndicats, partis et groupuscules (Solidaires, Sud, CGT, FSU, la CNT, NPA avec Besancenot, LO avec Arthaud et Szpirko, Front de gauche avec Mélenchon, PC avec Buffet, Mouvement unitaire progressiste (dissidents droitiers du PCF) avec Hue, les Verts avec Duflot...), grouillait de toutes ces couleurs.
Le nouveau cortège gonflé à bloc (1400 à 1600 personnes) est ainsi parti en direction du tribunal à quelques centaines de mètres vers le centre-ville, pour arriver sur la place du Logis du Roy, face au tribunal, où le kiosque avait été investi pour y installer la tribune où les différents représentants syndicaux et politiques allaient s’exprimer (du moins essayer car de gros soucis de sono ont pourri la moitié des discours) et deux barbecues géants de la CGT locale.
Au micro se sont succédé Wamen, Matthieu, le délégué des Contis, qui dénonça la direction de la CGT (car elle ne fit jamais un geste, même ce jour, envers les ouvriers de Continental, et la foule se mit à huer puissamment et instantanément), Szpirko (en tant que syndicaliste pour ses luttes passées au sein de Chausson à Creil) : tous trois furent très applaudis. Vint le tour du secrétaire de SUD, Christian Mahieux, qui en appela à l’organisation auto-gestionnaire... mais dans le cadre des instances paritaires, c’est-à-dire sans remise en cause du capitalisme.
Puis Arthaud de LO timidement applaudie, puis vint le tour de Besancenot du NPA, très humble malgré la présence des autres représentants politiques autrement plus intéressés et venus pour leurs promotions électorales. Très applaudi, il a commencé son discours par un hommage à Bensaïd, le développant en citant Marx avant de rejoindre l’actualité de ce jour en disant que le combat des Contis nous montrait l’urgence du rassemblement de tous les syndicats et de toute la gauche « anticapitaliste » (de près ou de loin) autour du mot d’ordre d’interdiction... des « licenciements » — mot couvert par une voix venue de l’assemblée qui hurla « du capitalisme »...
Puis ce fut le tour de Buffet, toute en pantomime ouvriériste, moins applaudie mais les yeux mouillants quand même, puis « Méluche », encore moins applaudi, puis Duflot limite huée et insipide comme il se doit et, pour finir, les organisateurs ont annoncé Hamon du PS qui ne vint pas car absent de la manif (mais présent au tribunal) et hué longuement et fortement par une très grande partie de la foule.
Il faut noter que Gremetz, député-baron PCF du département, bien que figurant parmi les prétendants aux discours devant l’assemblée, ne fut même pas cité parmi les soutiens aux condamnés... Jean-Luc Belpaume, son ancien suppléant et toujours élu au Conseil régional, passé au NPA depuis le début de la campagne, m’a dit de vive voix que la liste « Colère et espoir » de Gremetz était en pleine déliquescence et que les anciens soutiens de Maxime étaient passés de son côté ; en effet, Belpaume a collecté plus de 80 signatures de syndicalistes de tous bords, implantés dans les entreprises comme dans les instances locales CGT, d’ouvriers, jusqu’à un marin-pêcheur, pour soutenir la liste NPA en l’espace de deux jours seulement. La liste NPA sur la Somme est d’ailleurs extrêmement représentative du panel des travailleurs dans cette région avec un représentant au moins par grand secteur d’activité, de l’infirmière à l’ou-vrier logisticien en passant par la prof, le retraité, l’étudiante et l’ouvrier de production. Serait-ce la fin de ce vieil apparatchik de la république bourgeoise qui se produirait sous nos yeux ? En tout cas, c’était très marrant de le voir jouer des coudes avec Marie-George pour passer le premier au micro...
Bref, on sentait au sein de l’assemblée une volonté d’unité (même de la part de plusieurs membres de la CNT venus spécialement de Metz avec qui j’ai discuté) et une conscience collective presque palpable de la nécessité du renversement du capitalisme. Mais par contre, point de référence à la suite à y apporter : au socialisme !
Une peine de prison avec sursis a été requise par le procureur allant de 2 à 5 mois... C’est une peine bien moins lourde que celle infligée en première instance et cela s’explique à l’évidence par la mobilisation pour les Contis, qui bénéficient d’un immense soutien depuis le début. Cependant, il faut continuer à se battre pour la relaxe pure et simple, dire jusqu’au bout notre refus que les ouvriers qui se battent pour leur vie soient traînés devant les tribunaux. Le délibéré a été remis au 5 février.