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Le NPA a-t-il quelque chose à proposer aux militant-e-s CGT lutte de classe ?

L’affaire Lepaon a démontré que le changement est possible dans la CGT. Lepaon était un bureaucrate embourgeoisé dont il fallait se débarrasser de toute urgence. Mais sous Martinez, la CGT poursuit le dialogue social malgré les coups redoublés du gouvernement et du patronat. Elle continue à empêcher la convergence des luttes. Alors Martinez peut bien tenir un discours plus « radical » sur les 32 heures ou autre, c’est un autre visage pour la même ligne politique de collaboration de classe.
La multiplication des réactions internes pendant l’affaire Lepaon a montré que la CGT n’est pas morte comme syndicat de classe contre le patronat. Mais il n’y a pas eu de congrès extraordinaire à chaud permettant de remettre en cause l’ensemble de la bureaucratie de la CGT. Notre parti aurait dû se positionner contre tout replâtrage bureaucratique au sommet, et appuyer publiquement tou·te·s celles et ceux qui réclamaient un congrès extraordinaire. Car il faut que les militant·e·s discutent du fonctionnement et de l’orientation de la CGT.
Aujourd’hui, il faudrait mener la bataille pour la démocratie ouvrière dès le 51e congrès de la CGT, qui aura lieu à Marseille en avril, pour en finir notamment avec l’interdiction des textes alternatifs et la désignation des délégué·e·s par les sommets de l’appareil. D’ores et déjà, des secteurs importants du syndicat ont pris des positions très intéressantes, comme les UD 75 et 76 ou la fédération de la Chimie. Mais dans beaucoup de syndicats, les syndiqué·e·s n’ont pas les textes et ne sont pas informés sur les enjeux de cette échéance importante.
Le drame est qu’aujourd’hui il n’y a pas de courant organisé face aux bureaucrates. Il existe bien sûr des équipes syndicales combatives, mais celles-ci ne sont pas coordonnées. Du coup, elles sont marginalisées ou broyées par l’appareil. Des centaines de militant·e·s quittent la CGT par dégoût car elles·ils n’ont aucun outil pour résister aux bureaucrates. C’est un immense gâchis, et les organisations d’extrême gauche portent évidemment leur part de responsabilité, car elles n’ont pris aucune initiative pour organiser les militant·e·s lutte de classe face aux bureaucrates.
Des militant·e·s du NPA ou d’autres organisations ont par le passé essayé de construire cette opposition interne aux bureaucrates, mais elles·ils l’ont fait sans l’aide de leur parti. Une dynamique unitaire s’était créée en soutien à la candidature Delannoy contre Thibault en 2009. C’étaient les premiers moments du NPA, et la direction de notre parti a hélas ignoré cette opposition interne à Thibault. Pire, elle avait cru bon de rassurer les bureaucrates qui au printemps 2009 avaient accusé le NPA de vouloir influer sur l’orientation de la CGT : « Le NPA a tenu à dire à la CGT que sa crainte de construction d’un courant NPA dans la CGT, était sans fondement ».
Depuis, la direction de notre parti n’a pris aucune initiative pour aider à la construction d’un courant lutte de classe intersyndical ou à l’intérieur de la CGT. Il faut que nous décidions enfin de mettre le parti au service de la constitution d’un tel courant. Les discours sur « il faut un nouveau mai 68 », « il faut des mobilisations puissantes » paraîtront forcément pour ce qu’ils sont, incantatoires et abstraits, s’ils ne sont pas accompagnés d’une politique concrète de combat organisé contre les bureaucraties syndicales. C’est pourquoi le NPA doit porter centralement cette question lors de la campagne présidentielle, en lien avec la stratégie de la convergence des luttes vers la grève générale et la perspective du pouvoir des travailleur.e.s. La PA avance dans ce sens en indiquant que nous chercherons « à fédérer et à coordonner les équipes et militant-e-s en rupture avec les politiques de collaborations avec le patronat et l’État ». La PC ne dit rien sur la question syndicale, et la PB ne fait que se lamenter des « faiblesses du mouvement ouvrier et la politique des directions syndicales [qui] ne permettent pas, aujourd’hui, de contrer cette offensive [de la bourgeoisie] ». Pourtant, l'ex P2 (dans laquelle se retrouvait les camarades de la PB) indiquait la nécessité de construire une opposition dans la CGT. Cela disparaît des axes de campagne qu'ils proposent... alors que le NPA doit oser s'opposer publiquement aux bureaucrates et montrer qu'il peut être utile aux militant-e-s lutte de classe dans les syndicats.