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Chronique de la campagne présidentielle – épisode 19
Chaque week-end, nous publions une chronique de la campagne présidentielle. En commentant les faits marquants de la campagne, de notre point de vue qui est celui de communistes révolutionnaires ayant décidé de faire campagne pour la victoire de Mélenchon en 2022. Vous pouvez retrouver les précédentes chroniques sur le site de la Tendance Claire.
Depuis quelques semaines, nous avons commencé à publier une analyse critique du programme de l’Avenir en commun. Nous invitons tous nos lecteurs à suivre cette série de billets publiés régulièrement sur notre site jusqu’au premier tour de l’élection présidentielle.
Au sommaire ce week-end :
- Mélenchon continue sa progression et se rapproche du 2e tour
- Poutou qualifié pour la présidentielle, Kazib éliminé
- Brèves : Rousseau, Macron, Marion Maréchal
Mélenchon continue sa progression et se rapproche du 2e tour
La campagne présidentielle a bien évidemment été percutée de plein fouet par l’attaque de la Russie contre l’Ukraine. Elle est passée au second plan médiatique alors que l’élection a lieu désormais dans un peu plus d’un mois. Ce climat d’union nationale profite inévitablement à Macron alors même que le bilan de sa politique internationale est aussi mauvais que le reste. Nous avons compilé ci-dessous les sondages de la semaine : Macron est en forte progression alors que Pécresse et Zemmour sont en baisse. On aurait pu craindre que Mélenchon allait reculer dans ce nouveau contexte, d’autant plus que la presse bourgeoise et la gauche bourgeoise (Hidalgo et Jadot) se sont déchaînés contre lui, allant jusqu’à le qualifier de « agent de Poutine » (Hidalgo). Il n’en est rien, malgré le fait que les médias mainstream martèlent sans nuance que « Mélenchon est pro-Poutine », en se lamentant que celui-ci continue à progresser malgré leurs sentences de disqualification (cf. par exemple https://twitter.com/Istaruss/status/1500019468591898624). Mélenchon continue sa progression (qui serait sans doute beaucoup plus forte dans un autre contexte). Il est désormais en moyenne au-dessus de 12 %, à quelques points du second tour (cf. ci-dessous un tableau qui récapitule les résultats des sondages de la semaine écoulée).
L’actualité ukrainienne a néanmoins des conséquences positives sur l’état d’esprit de la population vis-à-vis des étrangers. Avec la question des réfugiés ukrainiens, les Français.es se montrent plus ouverts. Ainsi, moins d’un Français sur deux (47 %, -7 points) pensent « accueillir des immigrés supplémentaires n’est pas possible » et 32 % (-7 points) ne sont pas d’accord avec la phrase « C’est le devoir de la France d’accueillir les migrants qui fuient la guerre, la misère, et la maladie ».
Sociologie du vote : Mélenchon est estimé à environ 20 % chez les moins de 35 ans, en 2ème position derrière Macron. En revanche, son score est faible chez les retraités (7%), y compris chez les retraités ouvriers et employés (8%). Il est estimé autour de 15 % chez les ouvriers et employés contre environ 10 % chez les cadres.
Participation : son niveau sera déterminant dans le possible accès de Mélenchon au second tour. Selon Ipsos, seuls 66 % de la population est certaine d’aller voter, et on observe de forts clivages selon l’âge (54 % des moins de 34 ans sont certains d’aller voter contre 81 % des plus de 70 ans) et la classe sociale (56 % des ouvriers contre 71 % des cadres). L’électorat aisé et âgé sera donc très mobilisé pour voter Macron. Si la participation augmente dans les catégories populaires et chez les jeunes (où Mélenchon est plus fort que sa moyenne nationale) alors il peut gagner plusieurs points (les points qu’il a gagnés jusqu’à présent sont surtout ceux gagnés sur les autres candidats de gauche indique la dernière enquête Ipsos). Parmi les proches de la FI, ils sont seulement 69 % à être certains d’aller voter contre 82 % des proches et 79 % des proches de Zemmour. Il y a donc encore clairement une marge de progression pour Mélenchon.
« Vote efficace » : au fur et à mesure que le premier tour se rapproche, il est probable que de plus en plus d’électeurs et électrices de gauche se posent la question de « l’efficacité » de leur vote. D’ores et déjà, d’après Ipsos, respectivement 28 % et 22 % des électeurs et électrices de Roussel et Jadot se prononcent pour Mélenchon en second choix. C’est aussi le cas de 9 % des électeurs et électrices de Le Pen. On notera d’ailleurs que dans un éventuel second tour entre Macron et Mélenchon, une majorité relative des électeurs et électrices de Le Pen se prononceraient pour Mélenchon (26 % contre 19 % pour Macron), alors que ce n’est pas du tout le cas des partisans de Zemmour (9 % contre 27 % pour Macron). Et une majorité (écrasante pour Hidalgo) de celles et ceux qui se prononcent pour Jadot et Hidalgo voteraient pour Macron plutôt que Mélenchon. La principale concurrente de Mélenchon pour l’accès au second tour risque d’être Le Pen. C’est pourquoi il est décisif pour Mélenchon de convaincre une partie des ouvriers et employés qui s’apprêtent à voter Le Pen. De fait, un nombre non négligeable hésitent entre les deux.
Pronostic de victoire : de plus en plus de gens pensent que Mélenchon peut accéder au second tour. D’après Ipsos, 19 % le pensent, même si seulement 6 % pensent qu’il va gagner. Alors que pendant des mois les médias ont martelé que « la gauche » était hors course de la présidentielle, Mélenchon parvient désormais à transformer l’élection présidentielle en un match à 5, et non plus un match à 4.
Autre signe de la dynamique autour de la candidature de Mélenchon : les ralliements continuent d’arriver. Dernier en date, celui de la « primaire populaire » qui a pourtant tout essayé pour trouver une alternative à Mélenchon. Les dirigeants de la Primaire populaire essaieraient (selon Marianne) de convaincre Taubira de rallier Mélenchon également. Il y a aussi le soutien de Caroline de Haas. Le fait que des personnalités de la gauche bourgeoise rejoignent Mélenchon est un signe qu’ils n’ont plus aucun espoir en Jadot ou Hidalgo. Plus intéressant, le soutien de Gérard Filoche et de son groupe politique.
A Lyon ce dimanche, le « meeting pour la paix » de l’Union populaire a été un gros succès : les organisateurs ont annoncé plus de 15.000 participant.e.s (deux fois plus que chez Zemmour à Toulon). C’est son plus gros meeting depuis le début de la campagne, qui a pourtant été boycotté par BFM et LCI.
Meeting de Mélenchon à Lyon ce dimanche devant 15.000 personnes
Poutou qualifié pour la présidentielle, Kazib éliminé
Sur le fil, le NPA a réussi à obtenir les 500 parrainages nécessaires à la candidature de Philippe Poutou. Alors que Poutou n’avait le 24 février que 243 signatures enregistrées par le Conseil constitutionnel (à 8 jours de la clôture), il a donc réussi à arracher plus de la moitié des parrainages nécessaire en un peu plus d’une semaine. Il a été aidé en cela par la France insoumise, dont certains militants ont appelé des maires, et Poutou a obtenu le parrainage de Mélenchon lui-même. Poutou poursuit donc sa campagne sur la base d’une brochure programmatique qui est sortie récemment. Il est actuellement crédité d’un score entre 0,5 % et 1 % dans les sondages.
En revanche, Anasse Kazib n’a pas réussi à obtenir les 500 parrainages (il en a 149 au dernier pointage). Sa candidature a été de façon scandaleuse totalement invisibilisée sur les médias mainstream, ce qui n’a pas facilité la tâche des camarades de Révolution permanente. Il a aussi du subir une répression policière abjecte suite à un rassemblement en Sorbonne en février. Plus de 300 personnes se sont rassemblées en soutien à Anasse, convoqué par la police.
Brèves
Sandrine Rousseau a été virée de l’équipe de campagne de Jadot alors qu’elle présidait son « conseil politique ». En cause : des propos tenus en « off » à des journalistes mais rapportés par le Parisien : « ils se plantent sur tout » ; « ils sont juste nuls » (parlant de ses petits camarades). La finaliste voulait jouer sur tous les tableaux : avoir une bonne place dans l’équipe de Jadot, négocier une bonne place aux législatives, tout en s’amusant à saboter la campagne de Jadot (en se félicitant de la candidature de Taubira, en débinant Jadot auprès des journalistes…). Sandrine Rousseau, qui incarnait une « écologie radicale » a perdu beaucoup de son crédit en se comportant en politicienne de bas étage. Elle n’a pas eu le courage de rompre politiquement avec Jadot et se retrouve virée pour des motifs peu glorieux. Certains murmurent qu’elle pourrait être tentée de rejoindre la campagne de l’Union populaire : pas sur que ce soit un cadeau !
Macron s’est donc porté candidat ce jeudi, via une « lettre aux Français » vide de propositions concrètes et pleine de généralités. Néanmoins, il laisse entrevoir de nouvelles baisses d’impôts pour les patrons, puisqu’il indique vouloir baisser les impôts « pesant sur la production ».
Marion Maréchal a donc officialisé son soutien à Zemmour ce dimanche, en participant à son meeting à Toulon. Dans une ambiance exaltée et fascisante, elle a eu droit à un direct sur BFM qui a royalement ignoré le meeting de l’Union populaire. Le patronat n’a pas changé : plutôt Hitler que le Front populaire !