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    Retour sur la rencontre entre la Tendance Claire et le Club Politique Bastille

    Par (10 novembre 2018)
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    Le Club Politique Bastille (http://clubpolitiquebastille.org/) a invité le 20 octobre dernier la Tendance Claire du NPA pour un échange sur la situation politique et l'orientation à y défendre. Ce débat fraternel (que nous rendons public avec des notes partielles) a permis de montrer que des convergences, notamment sur la nécessité d'élaborer un programme communiste actualisé, ce que les directions des principaux partis d'extrême gauche ont renoncé à faire, se contentant de mettre en avant un programme d'urgence et d'intervenir dans les luttes, sans d'ailleurs y proposer une véritable stratégie face à celle des bureaucraties syndicales

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    La Tendance Claire du NPA a présenté au Club Politique Bastille son orientation politique.

    Gaston ( Tendance Claire )

    A l’échelle mondiale, de nombreux signaux annoncent une nouvelle grande récession et l’éclatement d’une bulle financière.

    La croissance est fragile. Les profits avant impôts stagnent, tendance camouflée aux États Unis par les avantages fiscaux de Trump.

    L’endettement s’accroît à l’échelle mondiale, en Chine en quelques années, il est passé de 150 à 250% du PIB.

    La crise monétaire frappe la Turquie, le Pakistan...

    [Tous ces éléments sont développés dans un dossier de l'Anticapitaliste : https://npa2009.org/arguments/10-ans-apres-la-chute-de-lehman-brothers-la-crise-sans-fin-du-systeme-capitaliste]

    En France, le gouvernement amplifie les contre -réformes après les différentes défaites de notre camp social (loi travail, Sncf) :

    • Les retraites seraient ajustées en fonction de la conjoncture économique entraînant de nouvelles inégalités;

    • La Fonction publique serait démantelée. Édouard Philippe pourrait retenir 70% des préconisations du CAP 2022 (selon les Echos). Par exemple, des administrations comme l’INSEE seraient transformées en agence;

    • L’assurance chômage serait encore plus restreinte.

    Comme l’assise du régime est de plus en plus fragile, il est conduit à être de plus en plus autoritaire (les perquisitions contre la France Insoumise et Mélenchon )

    L’échec des directions syndicales est patent. Il faut mener une bataille politique de Front Unique contre elles. La contestation s’amplifie contre leur orientation de dialogue social. Notamment à la CGT ( Fédérations des Bouches-du Rhône, de Rouen, d’Infocom ).

    La direction du NPA est trop obnubilée par la dynamique des luttes, sans y proposer une orientation de combat face aux directions syndicales, alors qu’il faudrait poser la question du pouvoir en établissant un Programme de transition ( Mélenchon a fait cet effort d'élaborer un programme ) et en ouvrant l’objectif de rupture avec l’UE, sinon on offre un boulevard à l’extrême droite.

    Jacky ( CPB )

    Il critique l’intervention de Gaston qu’il qualifie de « syndicaliste » et s’interroge sur le contenu du Programme de transition qu’il a évoqué.

    Bernard (CPB )

    Pour sa part, il félicite la Tendance Claire pour l’intérêt de son site internet dont il est un fidèle lecteur, entre autres pour la dénonciation des confédérations syndicales sur le dialogue social et l’énergique éclaircissement qu’il apporte sur les divergences internes au NPA.

    Il déplore le fiasco prévisible des élections européennes, toutes les formations d’extrême gauche vont défendre leur chapelle alors qu’elles devraient se fédérer autour d’un seul thème : ouverture des frontières, accueil des migrants.

    Patrick ( CPB )

    Il remarque que 6 ou 7 courants du NPA ne parviennent pas à s’unifier... pourtant il trouve originales les thématiques soulevées par la Tendance Claire, la seule à évoquer l’autogestion et à développer un vrai militantisme écologique comme à Bure.

    Sur la question des migrants, il a signé la pétition de Mediapart, par principe, tout en étant conscient que ce n’était qu’une manœuvre de Hamon et des Verts contre Mélenchon ,alors qu’ils ont aucune intention d’agir.

    Jacques (CPB )

    Il constate que depuis 2005, le Non au référendum ( demi-victoire de l’extrême gauche, demi-victoire de l’extrême droite )  toutes les batailles ont été perdues, sauf le CPE en 2006.

    Aucune organisation n’a servi à quelque chose, alors à quoi servez-vous dans une organisation qui ne sert à rien. Il discute souvent avec Olivier Besancenot, qui est brillant,  mais n’aspire qu’à être  la gauche de la gauche, la gauche du Front Populaire. On est à la veille du krach financier à l’échelle mondiale, la question écologique devient de plus en plus urgente... et on discutaille sur les élections ! Rancière a raison, les élections sont une calamité, il faut toutes les refuser.

    Il estime que Macron est arrivé au bout du macronisme car les organisations syndicales ont atteint un extrême degré de pourriture ( Lepaon, FO...).

    La véritable question est posée par les militants nantais de la SNCF, rien ne sera arraché sans combattre le pouvoir. Tant que les salariés ne décideront pas par eux-mêmes on n’aboutira à rien.

    Michel ( CPB )

    Depuis les années 60, d’abord sur le plan idéologique avec Friedmann et l’école de Chicago, puis en pratique à partir du coup d’état au Chili en 1973, le néolibéralisme triomphe partout.

    Macron s’attaque à la Fonction Publique or si ce n’est pas lui qui le fera, ce sera un autre.

    La résistance à tous ces plans a eu lieu, elle a toujours perdu. La seule réponse est la Révolution. Sinon comme la crise écologique l’annonce ce sera la destruction de l’humanité. 

    Quant aux migrants, c’est tragique. Les provocations de Génération identitaire, l’Aquarius n’ont entraîné aucune mobilisation générale. Toutes les organisations sont disqualifiées.

    Enfin, avant de poser la question de la dégénérescence des syndicats il faut poser le nécessité d’un regroupement politique autonome.

    Claude ( CPB )

    Il remarque que presque tous les participants à cette réunion ont milité  ou militent dans des organisations liées au Trotskisme. Alors comment poser la question du parti révolutionnaire sans analyser le bilan  dudit Trotskisme. Son honneur fut la résistance au Stalinisme mais Trotski n’était pas un dieu, le droit d’inventaire est nécessaire. Trop souvent l’activisme des Trotskistes, déjà dénoncé après guerre par Castoriadis a empêché une vraie réflexion. Par ailleurs, il fallait survivre contre l’appareil stalinien d’où le travail dans les syndicats, il fallait faire un trou, un nid, une niche qui a pu se transformer en piège. On ne peut pas faire l’économie de ce bilan critique.

    Victor (Tendance Claire )

    Au sein du NPA, nous cherchons à parler du programme pas uniquement des luttes. Dans ce cadre, nos positions sont originales. Pour défendre l’écologie, il faut remettre en cause l’héritage productiviste d’origine stalinienne et oser parler de décroissance dans le cadre d’une planification entraînant la réduction de certains secteurs. Envisager la décentralisation, les communautés autogestionnaires. Tout cela fait de nous des Trotskystes hétérodoxes.

    A quoi sert-on ? A refonder le NPA sur des bases révolutionnaires contre une direction centriste. Si le NPA est en crise depuis sa fondation c’est parce que la majorité de l’ex LCR a étouffé le débat sur la nature du parti (« large » ou révolutionnaire).

    Olivier ( CPB )

    Le NPA est parfois inaudible car il ne contrôle pas ses porte-paroles. Le travail historique, le droit d’inventaire seraient nécessaires sur la Révolution russe, l’URSS, mais on ne le fait pas, cela cristalliserait trop de divergences. Nous devons dialoguer avec tous les courants internationaux.

    Jacques ( CPB )

    Besancenot est toujours brillant.  Poutou faible quoique parfois tribun ouvrier.

    Le succès de Mélenchon est aussi dû à sa personne, à son bagout, du Georges Marchais rénové.

    La IV Internationale a presque 80 ans. Piètre bilan à part la grève de Renault en 1947.

    Trotski fut un grand dirigeant, par la suite il a pu faire des erreurs mais après son assassinat aucun autre leader n’a émergé du fait de la répression stalinienne.

    Gaston ( Tendance Claire )

    Le NPA n’a qu’un programme d’urgence. C’est insuffisant quand il faudrait un programme qui repose sur une logique transitoire. 

    Par exemple, chez Ford où Poutou milite, il ne suffit pas de défendre l’emploi en recherchant une repreneur, il faut poser la question de la nationalisation et du contrôle par les travailleurs.

    Il est nécessaire de toujours avancer une alternative communiste autogestionnaire pour une autre organisation du travail avec la démocratie ouvrière.

    Cependant les acquis du NPA par rapport à LO, POI, SLL... c’est la liberté de parole et le droit de tendance.

    Pour que le NPA devienne un pôle de regroupement il faut innover, ne pas hésiter à s’inspirer de propositions nouvelles comme celles de Friot sur le salaire à vie, sur le fait que chacun doit pouvoir exercer un travail, ce qui remet en cause la société capitaliste. Ce n’est pas antagonique avec les communautés autogestionnaires qui représentent le pouvoir des travailleurs, à tous les échelons, en prenant le contrôle des moyens de production.

    Le communisme est la transformation profonde des rapports de production et non l’augmentation des forces de production. 

    Jaques ( CPB )

    Recevoir et accueillir les migrants est une nécessité absolue. Ce sont les juifs d’aujourd’hui. Là réside l’internationalisme actuel, même s’il faut s’opposer à certaines tendances du prolétariat que flatte Mélenchon avec ces « on est chez nous quand même. » Honteux.

    Le communisme autogestionnaire pose problème, ça ne peut pas remonter, il faut un plus qui vienne du haut.

    Quant à Friot, il est plutôt kafkaïen.

    Vous rêvez d’un parti révolutionnaire, ça ne marche pas. Ça monte et quand ça commence à prendre, ça explose, ainsi le NPA est-il passé de 10 000 à 2000. Quelque part on s’est tous trompés.

    Au départ, c’est l’arbre du Bolchevisme qui est pourri avec sa grosse branche, le Stalinisme, et sa petite, le Trotskisme.

    On s’est trompés, alors écoutons Hegel « Comprendre c’est agir ».

    Corinne (CPB )

    Défendre les migrants, c’est avoir aujourd’hui une position humaine, il faudrait donc une liste pour les prendre en charge.

    Elle remarque que dans les entreprises, parler maintenant de politique est considéré  comme un gros mot. Il y a bien chez les jeunes une lucidité, une prise de conscience des enjeux, mais qui  ne débouchent sur rien. Par manque d’imagination sans doute on s’oppose au lieu de proposer.

    Plutôt que de changer le monde il faudrait changer comment on vit dans le monde.

    Bernard (CPB )

    Les migrants sont défendus par des ONG ou des Maires ( Grande Synthe, Calabre... ) et non par les organisations politiques.

    Dans les syndicats, de fait c’est la lutte politique qui est primordiale et non la prétendue indépendance en référence à la Charte d’Amiens,  paravent des directions pour mener le dialogue social. Ainsi la tentative du Front social continue-t-elle avec la contribution de la CGT Infocom contre Martinez sur la question du dialogue social.

    Jacques ( NPA )

    L’internationalisme consiste à défendre tous les migrants quel que soit leur statut. Ce n’est pas impossible, une conseillère municipale du XIe arrondissement revendiquait de s’être faire élire sur la question de l’immigration.

    Dire les élections piège à cons, en 1968, oui, mais dans d’autres circonstances cela représente le moyen de dire ce que l’on pense.

    Michel ( CPB )

    Il s’oppose à ce que le problème des migrants soit posé au centre des élections, le rabaissant ainsi sur le terrain de la politique politicienne et donnant des armes à l’extrême droite.

    C’est le problème de l’humanité, les conséquences du néolibéralisme, qui relève du combat politique donc du rassemblement, de la manifestation, comme l’appel après St Bernard qui fut un véritable déferlement.

    Gaston ( Tendance Claire )

    Le radicalisme formel du slogan « Non aux licenciements » exonère de poser le vrai problème politique, celui d’une autre société, communiste à laquelle il faut réfléchir.

    « Qu’est ce que vous foutez au NPA? » demande Jacques. On essaie de poser ces problèmes politiques de fond.

    Patrick ( CPB )

    On assiste à une décomposition de la politique aujourd’hui. Tout est bancal.

    La France Insoumise est un ensemble totalement gazeux.

    Si vous quittiez le NPA vous vous retrouveriez avec un groupuscule de 50 personnes.

    Le NPA s’est construit sur 4 à 5% de voix et beaucoup qu’il l’ont rejoint ont cru que l’on pourrait gagner des élections locales..

    Les migrants, l’écologie, tout participe à la lutte contre le capitalisme, c’est cet éclairage qu’il faut donner, par exemple, à la manif contre le réchauffement climatique après le départ de Hulot.

    Ne caricaturons pas Mélenchon, il a demandé que l’Aquarius soit sous pavillon français, il propose la régularisation des sans papiers. Il ne dit pas « Tout le monde peut rentrer » comme le NPA, mais à une politique publique : carte de séjour de 10 ans.

    Le racisme est la vraie question. Les fachos s’attaquent surtout aux quartiers populaires Il y a l’émergence d’un nouveau fascisme à l’échelle internationale ( Philippines, Trump, Europe, Brésil.. )

    Le capitalisme ne s’effondre pas, il se refonde sur des bases néolibérales  et autoritaires.

    Sur les migrants et l’écologie, tout révolutionnaire doit en faire une question de principe contre le capitalisme et les réformistes. 

    Au sujet de Friot, c’est l’URSS puissance 10 !

    Jacques ( CPB )

    Les migrants sont le résultat d' une politique néolibérale. Soit c’est une question humanitaire soit une question politique.

    En 1938, la femme de Roosevelt, lui reprochant de ne rien faire pour les juifs, obtient qu’il organise une conférence internationale sur le sujet.

    Elle eut lieu à Evian pour trouver une solution pour les 800 000 juifs européens menacés. Grosse discussion pendant des jours... et aucun pays n’en accepte un seul! Alors si il y a une liste européenne ça doit figurer en tête.

    Victor ( Tendance Claire )

    En effet très peu de migrants sont accueillis. Rechercher un front unique à ce sujet.

    Aux européennes, il faudrait une vraie campagne politique qui lie tout :

    • liberté de circulation et d’installation

    • Interdiction des licenciements

    • Réduction du temps de travail 

    • Expropriation des industries d’armement et des sites polluants 

    Articuler cela à la préparation du pouvoir des travailleurs. A cet égard, Friot est certes un réformiste mais il propose un projet de société très concret.

    Pour les élections  européennes, pas d’électoralisme implique d’assumer la rupture anticapitaliste avec les institutions européennes.

    Certes il y a une crise de la conscience de classe et du mouvement ouvrier organisé mais nous faisons l’hypothèse que sans parti révolutionnaire il ne peut y avoir de révolution communiste victorieuse. Construire un parti révolutionnaire reste donc central. D’autre part, il faut notamment regrouper les militants luttes de classes dans les syndicats, souvent dégoûtés par la politique, et défendre le droit à l’auto-organisation des opprimés. Mais il faut absolument maintenir la nécessité de la construction d’un parti révolutionnaire.

    Patrick ( CPB )

    Ces différentes propositions autour des migrants ne servent qu’à noyer le poisson.

    Liberté pour ceux qui veulent voyager et s’installer, un point c’est tout.

    Gaston ( Tendance Claire )

    Il est partisan d’une campagne unitaire pour la libre circulation des hommes et non des marchandises. Mais ce serait une erreur politique de cadrer tout sur les migrants.

    Que Macron fasse un score minable et la gauche un bon score, tel est l’enjeu des élections européennes.

    S’abstenir est une position très puriste mais déconnectée de la réalité.

    L’essentiel est de s’interroger sur la forme que prend un mouvement révolutionnaire en maintenant le principe de la nécessité d’un parti révolutionnaire.

    Marc ( SPB )

    Il fait malicieusement remarquer que l’existence d’un parti révolutionnaire n’est peut-être pas la garantie d’une victoire de la Révolution.

    Après février 1917, Lénine était pour l’étape d’octobre contre la majorité du parti Bolchevique, les vieux Bolcheviques. Il a dû s’appuyer sur Trotski pour leur forcer la main...

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