Contribution de la Tendance CLAIRE du NPA
Le Comité d’animation provisoire de l’ex-position B,
qui dit vouloir relancer le projet du NPA comme parti révolutionnaire,
décide d’exclure les partisans d’une Tendance révolutionnaire !
Pour quelle politique veulent-ils empêcher ainsi les discussions de fond ?
La
première réunion du « Comité d’animation provisoire »
désigné lors de la réunion nationale du 23 mai, à
l’initiative des partisans de l’ex-position B au CPN, s’est
tenue le dimanche 6 juin à Paris avec une trentaine de camarades.
Elle a adopté un texte qui a été envoyé le 10 juin aux comités
du NPA et dont nous allons discuter certains points ci-après.
Malheureusement, cette réunion a aussi été marquée par
l’exclusion des
deux militants représentants de la Contribution des 62 pour une
Tendance révolutionnaire (et membres de la Tendance CLAIRE) qui
avaient pourtant été intégrés au Comité d’animation
provisoire à l’issue de la réunion du 23 mai.
Rappelons d’ailleurs que, si la réunion du 23 mai a rassemblé
300 militants en tout, comme le rappelle le texte du 6 juin, seuls
154 camarades sur 245 présents à la fin avaient voté pour la
déclaration qui en est issue, à laquelle il avait été interdit
de faire des amendements autres que ceux décidés par les membres
du CPN... Il y avait eu 81 abstentions, 10 contre et 2 refus de
vote, prouvant l’insatisfaction de 38% des votants eu égard aux
limites du texte proposé et aux méthodes employées pour
l’imposer.
Le
prétexte à l’exclusion des deux camarades a été qu’ils se
sont abstenus sur le texte du 6 juin, après rejet de tous leurs
amendements. Pourtant, ils avaient été intégrés dans le Comité
d’animation le 23 mai, tout comme les camarades de la
Fraction L’Étincelle et le représentant de la Meuse, malgré
leur abstention sur le texte issu de cette réunion. La
première réunion du Comité d’animation n’avait donc
évidemment aucun mandat pour exclure les camarades qui ne
voteraient pas pour son texte
— encore moins pour une contribution à la discussion qui n’est
pas encore un texte pour le congrès et qu’une bonne partie des
camarades présents ont d’ailleurs découverte le matin même...
De plus, il y a des camarades, membres du CPN, qui ne s’étaient
pas seulement abstenus, mais avaient voté contre
le texte du 23
mai... mais dont nul n’a évidemment demandé l’exclusion du
Comité d’animation ! Plus généralement, il est évident
d’un point de vue démocratique qu’aucune instance mandatée ne
peut s’autoriser à exclure certains de ses membres sous prétexte
qu’ils ne votent pas les textes proposés : une telle méthode
ne peut qu’empêcher le débat, en interdisant par avance à
quiconque de s’opposer aux propositions des dirigeants ou de
s’abstenir. Les dirigeants de l’ex-position B ont beau dire dans
leur texte qu’ils « s’adressent
aujourd’hui à tous les militants du NPA », leur
pratique montre qu’en réalité ils procèdent par des ultimatums
et des mesures administratives pour empêcher les discussions
politiques à la gauche du parti. Ce
n’est certainement pas ainsi qu’ils pourront convaincre les
militants de la base du NPA, dégoûtés par les orientations et les
méthodes de la direction, de leur faire confiance.
Les
dirigeants de l’ex-position B ont également pris comme prétexte
le fait que la Tendance CLAIRE, d’une part, le comité de Chartres
(où il n’y a aucun militant de la Tendance CLAIRE, mais avant
tout des militants de l’ex-LCR), d’autre part, ont appelé,
après le 23 mai, à amplifier les discussions pour aller vers une
Tendance Révolutionnaire du NPA. Pourtant, à
partir du moment où la réunion du 23 mai a refusé la constitution
d’une Tendance révolution-naire, il est du droit de celles et
ceux qui en sont partisans d’avancer dans cette direction, tout en
voulant continuer en même temps la discussion avec les camarades de
l’ex-position B qui n’en sont pas encore convaincus.
Où est le problème ? Le Comité d’animation issu de la
réunion du 23 mai est mandaté pour mettre en œuvre une
orientation qui pourrait déboucher sur une plate-forme politique
pour le congrès, mais tout le monde sait qu’il est composé de
plusieurs courants officiels ou officieux qui ne poursuivent pas
nécessairement les mêmes buts, mais ont en réalité bien des
divergences entre eux, même s’ils décident de ne pas en parler
(courant ex-LCR du 92 Nord et des JCR organisé autour de la revue
officieuse Actualité
de la révolution,
militants issus de l’ex-courant Démocratie révolutionnaire de
l’ex-LCR, courant Gauche Révolutionnaire, groupe de
Mulhouse/Montbéliard dirigé par des camarades ex-LO, Fraction
L’Étincelle issue de LO, militants issus de cette Fraction,
groupe La Commune, groupe Prométhée, militants issus du groupe
ex-OCI de Stéphane Just...).
Dans
ces conditions, pourquoi ne faire de procès d’intention que
contre la Tendance CLAIRE et les autres signataires de la
Contribution des 62... alors qu’ils ont justement le mérite,
quant à eux, de jouer cartes sur table, de diffuser leurs textes
dans tout le parti, de ne pas cacher leurs points de divergences
avec les autres courants de l’ex-position B, de dire ce qu’ils
font et de faire ce qu’ils disent ? Il
est affligeant de constater que les dirigeants de l’ex-position B
aient recours à la « méthode » du procès d’intention
qu’ils ont pourtant combattue à juste titre quand elle avait été
employée par la direction du parti contre la Tendance CLAIRE.
Ils confirment ce faisant que les procédés qu’ils ont employés
le 23 mai (en refusant tout amendement qui ne soit pas
d’eux-mêmes, en voulant exclure certains candidats du comité
d’animation au lieu de le faire élire et en refusant de donner la
parole à un représentant de la Tendance CLAIRE sur ces questions)
n’étaient pas accidentels, mais relèvent malheureusement d’une
véritable méthode politique de lutte administrative contre les
militants avec lesquels ils peuvent avoir des désaccords.
Croient-ils
pouvoir empêcher ainsi que se poursuive la discussion pour une
Tendance révolutionnaire entamée le 23 mai, où
tout le monde a pourtant pu constater qu’il s’agissait d’une
question importante et largement débattue ? Ou faut-il
envisager la pire hypothèse explica-tive, c’est-à-dire que
l’exclusion du
comité d’animation des vilains petits canards serve en quelque
sorte de garantie de modération pour permettre l’ouverture de
négociations avec la « gauche » de l’ex-position A,
appelées de leurs vœux par les dirigeants de l’ex-position B,
comme nous allons le voir ? L’avenir le dira peut-être...
En
tout cas, les
dirigeants de l’ex-position B n’ont aucune légitimité pour
exclure quicon-que du Comité d’animation, qui n’appartient à
personne, mais a été « mis
en place » (comme
le rappelle expressément le texte du 6 juin !) par l’ensemble
des militants réunis le 23 mai,
avec la participation de tous les courants de l’ex-position B. À
la fin de cette réunion, en effet, la tribune a expressément
affirmé devant toute la salle que le Comité d’animation serait
ouvert et n’a nullement posé comme condition que les participants
votent nécessairement pour ses textes ! Dès lors, seule une
réunion nationale de même nature aurait la légitimité nécessaire
pour exclure des militants — et encore, il faudrait que ce
soit sur la base de fautes politiques irréfutables. Les deux
camarades de la Fraction L’Étincelle et celui de la Meuse ont
d’ailleurs protesté avec fermeté contre cette exclusion des
représentants de la Contribution des 62 et de la Tendance CLAIRE.
Nous exigeons leur réintégration et appelons l’ensemble des
camarades qui étaient présents le 23 mai ou qui se retrouvent dans
la gauche du parti à se prononcer en ce sens. Au
moment où s’ouvrent les discussions pour le congrès, il en va de
la crédibilité démocratique et politique de toute l’ex-position
B aux yeux de tous les militants de notre parti.
Pourquoi
les dirigeants de l’ex-position B s’opposent-ils de toutes leurs
forces
à la
clarification
de
certaines questions politiques majeures ?
La
plupart des membres du Comité d’animation provisoire issu du 23
mai considère que les dérives de la direction du NPA ont commencé
le jour où celle-ci a publié des déclarations communes avec le PC
et le PG en juin 2009. Ils estiment que la solution est donc de
revenir au « NPA des origines », c’est-à-dire aux
textes flous et ambigus adoptés par le congrès fondateur. Nous
avons déjà montré dans notre contribution sur la réunion du 23
mai que cette orientation est non seulement fausse (on ne peut
résoudre les problèmes en s’arc-boutant sur des ambiguïtés !),
mais illusoire : la droite (ex-position C) et la direction du
parti (majorité de l’ex-position A) sont bien décidées, quant à
elles, à surmonter les ambiguïtés des textes fondateurs... mais
en les tranchant dans le sens de la réforme et non de la
révolution. C’est pour cela qu’il
est nécessaire que la gauche du parti ne fuie pas le débat, mais
réponde au même niveau d’ambition, en se hissant jusqu’aux
enjeux centraux du combat politique anticapi-taliste, qui se
concentrent sur la question du pouvoir, de la centralité
prolétarienne et de la grève générale.
Or,
si le texte du 6 juin contient tout un ensemble de choses
parfaitement justes, qui constituent le fonds commun de
l’ex-position B (critique de la campagne des régionales, projet
de construire le parti par en bas et non par des recompositions au
sommet de la gauche antilibérale, critique des thèses politiques
droitières soumises par la majorité de la direction au dernier
CPN, effort pour proposer de premiers éléments en vue d’un
programme de revendications qui se veut transitoire, insistance sur
la nécessité de rompre avec les institutions, proposition de
campagnes concrètes sur la question de la crise, des retraites et
pour la construction du parti, etc.), il
reste faible dans la délimitation programmatique et straté-gique,
en reprenant des formules confuses de la direction du NPA et en
n’étant pas axé sur les questions essentielles, qui se
retrouvent noyées au milieu de considérations plus générales.
Il était donc parfaitement légitime de chercher à l’amender
pour le rendre meilleur : comme d’autres camarades, les
représentants de la Contribution des 62 et de la Tendance CLAIRE
ont proposé quelques amendements concis que l’on pouvait certes
rejeter, mais qui avaient à l’évidence toute leur place dans la
discussion démocratique visant à dégager l’orientation la plus
juste possible pour la gauche du parti.
Pour que tous les camarades
puissent se faire leur propre opinion, nous présentons ici ces
amendements, en les justifiant sur la base des insuffisances du
texte (et en sachant que, le projet ayant été découvert le matin,
il a fallu rédiger ces amendements de façon quelque peu
précipitée) :
Conquête
du pouvoir et programme de transition
- Amendement
1 :
Remplacer « un
programme pour les luttes aujourd’hui, pour le pouvoir des
travailleurs demain » par :
« un
programme qui articule les luttes avec l’objectif de la prise du
pouvoir politique par les travailleurs eux-mêmes. Celle-ci ne
passera pas par les élections, mais par une révolution sociale,
par l’insurrection de la masse des travailleurs auto-organisés. »
(2 pour, 2
abstentions, tous les autres contre.)
Explication :
Les principes fondateurs du NPA disent certes qu’il ne faut pas
cogérer le système, comme le font les réformistes, mais ne
propose pas une orientation alternative concrète. Or il n’y a pas
de troisième voie possible entre la gestion réformiste des
institutions et la révolution prolétarienne ! Il
est d’autant plus important de le dire aujourd’hui qu’une
majorité de l’ex-position A, s’appuyant sur l’impasse où
conduit ce flou, lance une offensive pour trancher les ambiguïtés
dans un sens réformiste : elle balaie l’idée d’une prise
du pouvoir par une insurrection des ouvriers auto-organisés comme
en 1917 ou par une grève générale, comme Mai 68, qui irait
jusqu’au bout. Elle lui oppose un « gouvernement en faveur
de la population », supposé mettre en œuvre un programme
minimum, issu d’une combinaison de luttes et d’élections.
En
réalité, les travailleurs ne peuvent affronter victorieusement
l’offensive de la bourgeoisie pour leur faire payer la crise qu’à
condition de conquérir eux-mêmes le pouvoir politique.
Certes, ils n’y sont pas encore près aujourd’hui, mais
c’est précisément la tâche d’un parti révolutionnaire de les
y préparer systématique-ment. Cela
suppose de rejeter toute séparation du programme en deux, avec un
programme minimum pour les luttes et un programme maxi-mum pour un
futur indéterminé.
Or
le texte du 6 juin évoque
certes la question du pouvoir, mais il n’en fait pas un
axe de
son orientation :
il considère que cette question est de toute façon pour « demain »
et son articulation avec la lutte pour les revendications immédiates
reste donc assez abstraite. Face au programme catastrophique pour
les révolutionnaires que veut faire passer la majorité de la
direction actuelle, les dirigeants de l’ex-position B nous
proposent de nous en tenir aux principes fondateurs au lieu
d’avancer dans le sens d’une clarification révolutionnaire.
D’ailleurs, même la phrase que nous proposions de remplacer par
une formulation plus claire ne figurait pas dans la toute première
version du texte et il a fallu un amendement, intégré quant à
lui, pour que soit réaffirmé l’objectif fixé par les principes
fondateurs de « renverser l’appareil d’État ».
Exproprier
seulement
les banques...
ou tous les
grands groupes capitalistes ?
- Amendement
2 :
Après « expropriation
des banques »,
ajouter : « et
des grands groupes capitalistes et leur nationalisation sous
contrôle des travailleurs ». (4 pour,
1 abstention, tous les autres contre.)
Explication :
Nous ne voyons aucune raison de limiter le combat pour
l’expropriation du capital aux seules représentants de la
finance. On ne
peut pas séparer un méchant capitalisme financier d’un bon
capitalisme industriel, car le capital bancaire a précisément
fusionné depuis longtemps avec le capital industriel pour donner
naissance au capital financier. Ce ne sont pas les méchantes
banques qui sont responsables de la crise, comme veut nous le faire
croie le Front de gauche, mais c’est le capitalisme lui-même
(crise de suraccumulation). On ne peut pas la résoudre avec la
simple expropriation des banques : une telle mesure n’a rien
de révolutionnaire en soi, puisque c’est ce qu’a fait
Mitterrand en 1981, moyennant de juteuses indemnités.
Or
la majorité de la direction veut nous entraîner dans le sens d’une
politique de type réformiste, notamment avec son projet de texte
« Nos
réponses à la crise ».
Après avoir formulé, entre autres énormités, la demande d’un
simple « moratoire » sur la dette publique, plutôt que
son annulation pure et simple, ce texte se prononce contre la
nationalisation du système de crédit, contre sa centralisation
dans un monopole d’État, et propose un simple « service
public bancaire » déléguant
des « concessions
bancaires (...) à des entités contrôlées par les parties
intéressés : salariés, entreprises, associations,
collectivités locales, représentants locaux de l’État ».
Bref, la
direction du NPA nous propose comme solution pour sortir de la crise
un nouveau système bancaire manifestement fumeux, mais qui laisse
en place l’essentiel : les entreprises privées et l’État
bourgeois !
Certes,
les dirigeants de l’ex-position B critiquent ce texte, mais
pourquoi limiter eux aussi leur volonté d’expropriation aux
seules banques et refuser de se battre pour la nationalisation de
tous les grands groupes capitalistes sous contrôle des
travailleurs ? Face à une entreprise qui veut licencier
massivement, comme Continental, Arcelor-Mittal, Philips, Freescale,
Goodyear, etc, il n’y a pas d’autre alternative que la grève
avec occupation d’usine et la lutte pour l’expropriation sous
contrôle ouvrier. Face à une entreprise qui détruit
l’environ-nement dans la course au profit, comme Total hier avec
la marée noire de l’Erika ou l’explosion de l’usine AZF, ou
BP aujourd’hui et beaucoup d’autres, il n’y a qu’une seule
solution, l’expropriation sous contrôle des travailleurs. Bref,
on ne peut se
borner à parler d’un vague « contrôle
des salariés sur l’économie »,
comme le proposent le texte du 6 juin… et la direction.
La seule façon pour les salariés de contrôler réellement, c’est
d’exproprier le capital sans indemnités ni rachat et de gérer
eux-mêmes la production, ce qui renvoie à la tâche de la conquête
du pouvoir politique.
Défendre
l’objectif
de la grève
générale
pour
vaincre Sarkozy
et ses
réformes
- Amendement
3 : Sur
la question du combat contre la réforme des retraites, après « un
mouvement d’ensemble »,
ajouter : « une
grève générale dont nous défendons l’objectif de façon
systé-matique, comme seule solution pour vaincre Sarkozy et
ses réformes ».
(2 pour, tous les autres contre.)
Explication :
La direction du parti nous parle elle aussi de la nécessité d’un
« mouvement d’ensemble », au lieu de fixer clairement
l’objectif de la grève générale comme seule solution pour
gagner sur les retraites et de se battre en ce sens dans sa presse,
ses tracts, les syndicat et les collectifs. Nous ne devons pas nous
borner à souhaiter à chaque journée d’action qu’elle soit
réussie, ni à militer pour une nouvelle date de journée d’action.
Nous devons
patiemment proposer aux travailleurs une alternative aux journées
d’action dispersées et sans lendemain des bureaucraties
syndicales, qui
sont inefficaces pour gagner et finissent par démobi-liser les
travailleurs : cela ne peut être que le combat pour la grève
générale.
Or,
en refusant de
faire de ce combat une question centrale et même d’en parler, les
dirigeants de l’ex-position B ont beau dire que la direction
propose une orientation confuse, ils ne font pas de propositions
alternatives concrètes.
D’ailleurs, ils sont sur ce point en deçà du texte du 23 mai,
qui disait clairement qu’il s’agit de se battre pour la grève
générale... et qui est censé constituer leur mandat ! Mais
surtout, ils sont en deçà du niveau de conscience des masses qui
n’ont pas peur, quant à elles, de se prononcer pour la grève
générale : selon un sondage BVA du 10 juin, « les
deux tiers des Français jugeraient plus efficace la méthode dure,
avec une grève générale (promue par FO) plutôt que des
manifestations à répétition comme le prônent la plupart des
syndicats aujourd’hui ». Les
dirigeants de l’ex-position B peuvent bien nous dire qu’ils
veulent « construire
à la base et nous adresser à la base », mais
il faudrait déjà qu’ils ne rejettent pas des amendements qui
sont non seulement justes sur le fond, mais en outre en adéquation
avec la conscien-ce la plus actuelle des travailleurs !
Lutter
ouvertement contre les directions syndicales
et pour
l’auto-organisation des travailleurs
- Amendement
4 : Au
sujet de la politique des directions syndicales, ajouter :
« Les DS
refusent de mobiliser les travailleurs et passent leur temps à
collaborer avec le patronat et le gouvernement en acceptant de
négocier les contre-réformes [proposition
d’amende-ment supprimée après intégration de l’amendement
d’un autre camarade allant dans le même sens : « les
DS (...) qui
jouent le jeu du "dialogue social" avec le pouvoir »] ;
il est crucial de
les dénoncer de façon systématique et de les combattre
politiquement, notamment en aidant les militants à se regrouper
dans les syndicats sur une orientation lutte de classe et en aidant
les travailleurs syndiqués et non syndiqués à s’auto-organiser ».
(2 pour, 3 abstentions, tous les autres contre.)
Explication :
Sur cette
question cruciale de la politique des directions syndicales, le
texte du 6 juin reste particulièrement faible
— et le projet initial des dirigeants l’était encore plus,
en ne parlant même pas du « dialogue social », qui est
pourtant clé dans la politique du gouvernement pour faire passer
les réformes. Or la critique générale de la mollesse des
directions syndicales est faite par la direction du NPA : c’est
la moindre des choses ! Mais, dans la pratique, la direction du
NPA tend à s’adapter à l’orientation des directions
syndicales : elle va jusqu’à signer des textes
« unitaires », comme celui d’avril 2009, qui
revendiquait la plate-forme intersyndicale scandaleuse du 5 janvier
2009... ou comme la tribune purement réformiste parue dans Le
Monde du 15
juin, avec la signature d’Olivier Besancenot, qui se revendique du
rapport du COR (lequel a pourtant servi à préparer la
contre-réforme du gouvernement !), ne définit aucune
revendication, ne demande même pas clairement le retrait du projet
de gouvernement, demande que la Sécurité sociale soit financée
par l’impôt et va jusqu’à se défendre de vouloir mettre en
cause la compétitivité des entreprises !
Dans
le même temps, malgré les demandes anciennes de nombreux militants
syndicaux du NPA, rien
n’est fait pour organiser un courant lutte de classe dans les
syndicats et les initiatives en ce sens ne sont pas réellement
soutenues par la direction du parti.
Celle-ci a même gardé un silence presque complet sur la
candidature Delannoy au dernier congrès de la CGT, dont la
dynamique aurait pu contribuer à la cristallisation d’un large
courant lutte de classe dans la confédération.
Enfin,
la question de
l’auto-organisation des travailleurs est centrale. Au
moment où les collectifs de défense des retraites se réduisent le
plus souvent aux représentants des organisations, il est crucial de
se battre en ce sens.
Là
encore, en refusant tous ces amendements, les
dirigeants de l’ex-position B prouvent qu’ils ne proposent pas
de véritable alternative concrète à l’orientation de la
direction sur les questions les plus décisives.
De fait, le texte du 6 juin ne montre pas en quoi la campagne
retraites qu’il propose se distingue fondamentalement de la
politique actuelle du NPA, tant ses propositions restent vagues.
Pour
l’intervention systématique
dans les
luttes ouvrières
- Amendement
5 :
« Nous
pensons que le NPA ne pourra se construire comme parti des luttes
des travailleurs qu’en y intervenant de façon systématique en
les aidant à s’auto-organiser, à définir les revendications les
plus avancées possible et à coordonner les luttes. »
(6 pour, tous les autres contre.)
Explication :
Cet amende-ment
était entièrement justifié par le bilan du NPA qui, depuis sa
fondation, n’a pas été à la hauteur des tâches élémentaires
d’un « parti des luttes », notamment en se montrant
incapable de prendre des initiatives pour les aider concrètement et
pour leur coordination — au-delà
bien sûr des initiatives courageuses, mais isolées, d’un certain
nombre de militants à la base. Or les
dirigeants de l’ex-positon B focalisent leur bilan critique du NPA
sur la question des élections régionales :
ils considèrent que la dérive a commencé seulement en juin 2009.
S’ils critiquent à juste titre les compromissions programmatiques
faites sous la pression du Front de gauche, ainsi que le renoncement
à la campagne emploi qui avait été décidée pour l’automne,
ils n’ont presque rien à dire sur la façon dont le NPA, comme
parti national, s’est comporté dans les luttes.
Pourtant,
la politique de la direction du parti n’avait nullement été à
la hauteur des enjeux pendant le premier semestre 2009 (donc bien
avant le prétendu tournant, situé par les dirigeants de
l’ex-position B en juin 2009 lors des déclarations communes avec
le PG et le PCG). Alors
qu’il y avait un puissant mouvement social contre la crise et
Sarkozy, sur fond de grève générale aux Antilles, la direction
n’avait pas combattu centralement pour la grève générale, pour
l’auto-organisation des travailleurs et contre la politique des
réformistes.
Elle ne s’était même pas appuyée sur les initiatives les plus
audacieuses de la base, qui dessinaient une politique pour tout le
parti : soutien actif aux grèves les plus avancées, Collectif
de Résistance Ouvrière de la Meuse et de la Haute-Marne mis en
place par des camarades du NPA pour coordonner la lutte contre les
licenciements face à la démission de la CGT, combat volontariste
pour la convergence des luttes et la structuration d’un pôle
alternatif aux directions syndicales, début d’un contrôle
ouvrier à l’usine Philips EGP Dreux à l’initiative du syndicat
CGT dirigé par un militant du NPA (Manuel Georget), etc.
Le
bilan critique des dirigeants de l’ex-position B reste donc très
partiel et ne peut pas aller au fond des problèmes
qui font que les travailleurs ne viennent plus au NPA faute d’y
trouver la radicalité dont ils ont besoin, mais s’en détournent.
La
centralité du prolétariat (travailleurs salariés du capital),
seule classe capable de renverser le capitalisme, en rassemblant
tous les opprimés
- Amendement
6 :
Ajouter l’idée de centralité de la classe des travailleurs
salariés : remplacer partout « classes
populaires »,
« pauvres »
et « désespérés »
par « les travailleurs et les opprimés ». (2 pour, 1
abstention, les autres contre.)
Explication :
Le texte du 6
juin ne dit pas qu’il faut donner la priorité à la construction
dans la classe ouvrière, alors que cela n’est pas du tout évident
pour de nombreux militants du NPA.
Il est indispensable d’expliquer centra-lement que le prolétariat,
par son rôle dans la production, peut seul bloquer l’économie
(par la grève) et la reconstruire demain sur de nouvelles bases
(collectivisation des moyens de production et réorganisation
socialiste du travail). Bien évidem-ment, le parti révolutionnaire
doit aussi prendre la défense de tous les opprimés et se prononcer
sur toutes les questions de société, mais ce n’est pas une
raison pour mettre sur le même plan les travailleurs, « les
pauvres » en général (tous les prolétaires ne sont pas
« pauvres » et les pauvres ne constituent pas une classe
sociale !) et les « désespérés » (nous misons
plutôt sur les travailleurs et les jeunes qui se battent !).
En d’autres termes, le
combat révolutionnaire doit se nourrir du marxisme et ne pas
prendre le risque de formu-lations populistes.
Soutien à
d’autres amendements proposés
par des
camarades
Enfin, il était juste de soutenir
les amendements d’autres camarades, notamment ceux de la Fraction
L’Étincelle :
- Désignation
du NPA que nous voulons comme « antica-pitaliste
et révolutionnaire » (et
non seulement anticapi-taliste, comme le disait le projet initial).
— Cet amendement a été intégré à la quasi unanimité,
mais il est très préoccupant que deux des trois représentants de
l’ex-position B au Comité exécutif du NPA aient voté contre. On
peut accuser ensuite les partisans d’une Tendance révolu-tionnaire
de ne pas avoir le même projet que l’ex-position B... mais force
est de constater que principaux dirigeants de l’ex-position B ne
sont même pas d’accord entre eux sur le parti qu’ils veulent !
- Proposition
de supprimer l’objectif de « revenir
à la logique qui avait prévalu à la fondation du NPA » :
amendement rejeté à une écrasante majorité (phrase
finale légèrement reformulée : « qui nous avait semblé
prévaloir »). — Cet amendement, allant dans le même
sens que ceux que nous avions proposés le 23 mai, était légitime
pour ne pas
fermer le débat sur les textes fondateurs, mais permettre au
contraire d’ouvrir la discussions sur leurs ambiguïtés,
afin de les dépasser dans un sens clairement révolution-naire. En
refusant cet amendement, les dirigeants de l’ex-position B
s’arc-boutent de manière conservatrice sur des textes dont la
réalité même a montré l’insuffisance depuis un an et demi et
confirment leur volonté d’empêcher la discussions sur des
questions de fond.
- Proposition
de suppri-mer : « Notre
objectif n’est pas d’entrer dans des logiques minoritaires
(...). Notre projet est de construire une majorité pour le NPA »
(Amendement
rejeté à une écrasante majorité.) — Ces
phrases pourraient sembler anodines, car il est évident que nul ne
choisit délibérément une « logique minoritaire » et
que tout le monde veut convaincre la majorité de son organisation !
Mais en réalité, elles signifient, comme cela a été confirmé
expressément à l’oral par les dirigeants de l’ex-position B,
que ceux-ci ont une logique
parlementaire. Bien
évidemment, si le congrès avait eu lieu et que les positions de
l’ex-position B soient minoritaires, il ne faudrait pas faire la
politique du pire, mais réaliser un bloc politique dans la future
direction avec la gauche de la direction sortante (gauche de
l’ex-position A), pour empêcher l’ex-position C et les
droitiers de l’ex-position A d’être majoritaires. Mais nous
n’en sommes pas là et toute anticipation de ce type de
calculs tactiques ne peut que biaiser la discussion politique de
fond qu’est censée ouvrir la préparation du congrès. Ce qui est
juste politiquement, c’est de définir le projet politique de
l’ex-position B (en partant des acquis du combat mené depuis un
an contre toute
l’ex-position
A) et d’appeler tous les militants à le porter jusqu’au
congrès.
Or
les dirigeants de l’ex-position B n’ont à peine commencé à
définir leur projet qu’ils commencent déjà à vaciller par peur
de ne pas être majoritaires ! Ils proposent donc à la
« gauche » de l’ex-position A de discuter tout de
suite pour constituer une « nouvelle majorité » sur une
base bien moindre que celle du 23 mai !
En effet, dans leur « Déclaration à l’issue du CPN »
des 28-29 mai, ils ont lancé un appel aux dirigeants de la gauche
de l’ex-position A en disant déceler des rapprochements sur les
points suivants : « Ils
font désormais un bilan critique des élections régionales, ils
insistent sur le rôle décisif des luttes, refusent à juste titre
de polariser à nouveau l’attention du parti autour des prochaines
élections présidentielles, tout en assumant davantage le choix
d’un parti en rupture avec les institutions. » C’est
pourtant bien maigre, pour tout dire la moindre des choses !
Les dirigeants de l’ex-position B seraient-ils prêts à brader
leurs idées pour un accord aussi minimal ? D’ailleurs, que
veut dire « assumer
davantage le choix d’un parti en rupture avec les institutions » ?
La gauche de l’ex-position A assumerait ce choix « davantage »
que la droite... mais pas complètement ? On voit à quels
risques nous exposent les dirigeants de l’ex-position B avec leur
logique parlementaire : le
risque de dépolitiser les discussions fondamentales du congrès sur
l’autel des « négociations » au sommet !
- De
manière significative, le projet de texte initial allait jusqu’à
dire : « Notre
projet est de construire une majorité pour le NPA, et donc bien sûr
avec tous ceux qui partagent des points essentiels de nos
préoccupations. » (Une
toute première version du texte était d’ailleurs encore pire...)
La barre n’était
donc pas mise très haut par les rédacteurs du projet : pour
trouver un accord avec la « gauche » de l’ex-position
A, il suffisait qu’elle partage certains
« des points essentiels » non de nos positions, mais de
nos simples « préoccupations »...
Grâce à l’intégration partielle de l’amendement d’un
camarade issu de la Fraction L’Étincelle, la formulation finale
est plus satisfaisante : « avec
tous ceux qui partagent les points essentiels de nos orientations ».
Pour autant, la
logique générale des dirigeants de l’ex-position B n’en est
pas moins claire : au lieu de tout faire pour que les militants
du NPA, à commencer par ceux de leur propre base, se rassemblent
sur la base de propositions clairement révolution-naires, ils
prévoient de mettre de l’eau dans leur vin avant même de l’avoir
tiré.
Conclusion
Le
texte adopté le 6 juin par la première réunion du Comité
d’animation provisoire reste donc, comme celui du 23 mai, un
point d’appui trop partiel pour combattre en vue d’un NPA
révolutionnaire :
- C’est un point d’appui
pour résister à l’offensive de la droite du parti et de la
majorité de la direction, pour défendre les acquis des principes
fondateurs contre leur révision dans un sens purement réformiste,
pour relancer la construction du parti parmi les travailleurs et les
jeunes, pour ouvrir la discussion sur ce que doit être une
orientation révolutionnaire...
- Mais il est trop partiel,
nettement insuffisant sur le fond et d’autant plus fragile qu’une
bonne partie des dirigeants de l’ex-position B, par leurs calculs
d’appareil, pourraient être tentés de revoir à la baisse les
orientations qu’ils défendent aujourd’hui — ce qui
serait d’ailleurs catastrophique pour la qualité des débats au
congrès, qui exigent des positions bien délimitées les unes des
autres, contrairement à la bouillie indigeste que constituent les
bulletins du CPN pour la plupart des militants.
Les
dirigeants de l’ex-position B ne vont donc pas jusqu’au bout,
pour le moment, du combat pour un NPA révolutionnaire — certains
s’oppo-sant même au mot. C’est pourquoi les représentants de
la Contribution des
62 et de la Tendance CLAIRE se sont abstenus sur le texte. Nous nous
étonnons d’ailleurs que les
représentants de la Fraction L’Étincelle aient voté pour le
texte alors que
leurs amendements les plus importants n’ont pas été intégrés
et que le texte ne dépasse nullement les ambiguïtés de celui du
23 mai, sur lequel ils s’étaient abstenus comme nous et bien
d’autres camarades. En
effet, face à
l’offensive réformiste de la droite et de la majorité de la
direction, il n’y a pas d’autre solution pour gagner que de
défendre le projet d’un NPA clairement révolutionnaire et d’en
convaincre les militants de la base du parti. Tout
autre voie, sous prétexte de réalisme, ne peut conduire qu’à la
confusion généra-lisée au lieu d’avancer dans la clarté.
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