La taxe à 75% : le symbole qui fait pschitt
Article
paru dans « Tout est à nous » du 4 avril 2013
Dans
sa première mouture, la taxe à 75% frappait les revenus du
« travail » excédant 1 million pour un individu donné.
Le conseil constitutionnel l'avait censurée au motif que les impôts
se paient par foyers fiscaux. Outre qu'elle n'aurait pas rapporté
grand chose (à peine 200 millions), le dispositif était en effet
mal fagoté : ainsi, un couple gagnant chacun 900 000 €
n"était pas concerné par la taxe ! Pourquoi ? Parce qu'il
ne fallait surtout pas intégrer cette mesure dans le barème de
l"impôt sur le revenu (IR)... puisqu'elle aurait alors concerné les
revenus du capital ! Et du coup, la taxe risquait de frapper les
riches pour de vrai !
Qu"aurait
pu décider Hollande après la censure ? S"il avait eu l'idée
folle de faire payer les riches, il avait une solution simple :
éliminer les niches dont bénéficient les capitalistes et réformer
le barème de l'IR en créant de nouvelles tranches, au-delà de 45%,
le taux marginal actuel. Rappelons que ce taux était de 81% en
1967 ! Et si le conseil constitutionnel censurait à nouveau (en
suivant l'avis du conseil d'Etat selon lequel un taux supérieur à
66% serait « confiscatoire »), rien n'empêcherait
Hollande de changer la constitution, si besoin par référendum.
Sans
surprise, ce n'est pas le choix annoncé par Hollande lors de son
intervention du 27 mars. Les entreprises (et non les particuliers)
devront payer, pendant deux ans, une contribution de 75% (toutes
impositions confondues) sur les rémunérations qui excèdent 1
million. Cette mouture est encore plus « light » que la
précédente : des formes de rémunérations (comme les stocks
options) pourraient en être exclues ; des postes de direction
pourraient être facilement délocalisés ; des entreprises
pourraient reporter une partie des rémunérations puisque la taxe
est temporaire ; enfin, elle serait déductible, si bien qu'elle
permettrait aux entreprises d'avoir moins d'impôt sur les sociétés
à payer !
Les
capitalistes sont rassurés. Cette taxe symbolique ne représente
rien par rapport aux cadeaux qu'ils reçoivent : baisse d'impôt
de 20 milliards, allègements de cotisation sociale (avec les
contrats de génération) qui s'ajoutent aux précédents, ANI
bientôt transcrit dans la loi. Tout faire pour augmenter les profits
pour faire repartir la croissance : c'est la seule politique
possible d'un gouvernement qui inscrit son action dans le cadre du
système. Derrière les salopards, il y a la logique froide du
capitalisme en crise qui doit saigner les prolétaires pour se
perpétuer. La redistribution radicale des richesses est impossible
dans le cadre du système : elle exige l'expropriation des
capitalistes et la planification de l'économie, et donc une
révolution politique et sociale.
Télécharger au format