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Ne pas s’enfermer dans la situation immédiate, proposer une stratégie
Il serait naïf de proposer un plan clé en main tant les situations concrètes ayant permis l'émergence de révolutions sont complexes. Néanmoins, ce n'est pas parce qu'un processus n'est pas maîtrisable de bout en bout qu'un parti ne doit pas expliciter ses objectifs et proposer quelques étapes et moyens à mettre en œuvre pour construire des ponts entre la société actuelle et la société future.
C'est ce que le NPA peine à faire du fait d'une approche des enjeux focalisée sur la situation immédiate, dont la perception dépend trop souvent des histoires et des diverses implantations de ses militants et de ses composantes.
Pour la plateforme U, le refuge dans l'analyse de la situation immédiate et les carences en matières de propositions se comprend par une caractérisation de la période pessimiste en matière de perspective révolutionnaire. L'absence de perspective à moyen terme la renforce dans sa prudence vis à vis des organisations que certain.e.s qualifieront de "masse" comme les organisations de la gauche anti-libérale ou les syndicats. Dès lors, le caractère révolutionnaire de sa stratégie est peu lisible et rend paradoxalement plus difficile le travail avec des organisations ou mouvements dont le NPA a du mal à se démarquer et qui restent en conséquence les seules à faire des propositions concrètes mais institutionnelles et vouées à l'échec...Les cartes de l'Histoire n'étant pas jugées bonnes, la plateforme U continue de miser sur un certain attentisme et un certain suivisme. La position du bloc de direction, majoritairement dans la U, vis à vis du Front social, est révélatrice. Les militant.e.s de ce bloc n'ont en effet admis la participation du NPA qu'en tant qu'observateur. Ils n'avaient pourtant pas eu autant de réticence à participer à des cadres poussant moins les directions syndicales à proposer un autre plan de bataille contre la loi Travail 2 comme le cadre "unitaire" initié par Copernic en juin 2017.
Mais la manière de participer au Front social, ou pas, est également révélatrice d'autres travers de composantes du NPA vis à vis de la situation immédiate. Face à des mobilisations faibles par rapport aux enjeux de la période, certain.e.s camarades mettent en avant des luttes locales en espérant que la multiplication de ces luttes changera, ou change déjà... la nature de la situation actuelle. Il faut reconnaître que ce travers donne des résultats plus intéressants que le suivisme vis à vis des directions syndicales, puisque la lutte développe la conscience de classe et certains savoir faire. Il constitue quand même un piège si on considère que la somme des luttes ne fait pas forcément une lutte globale prenant une dimension pleinement politique. Lancer les militant.e.s corps et âmes dans la multiplication des luttes peut conduire à un épuisement contreproductif si les conditions de la globalisation et des buts ne sont pas proposés.
Pour développer les luttes et les rendre pleinement politiques, pour passer de milliers de manifestant.e.s à des millions de personnes prêtent à prendre en main le fonctionnement politique de la société, il faut aussi s'adresser aux personnes qui ont besoin de perspectives et d'outils concrets pour s'engager, s'adresser à celles et ceux aujourd'hui pas prêt.e.s à foncer dans le brouillard. Et ce, quelque soit les lieux stratégiques d'implantation.
Des militant.e.s à l'origine de la plateforme T ont déjà commencé à réfléchir à certains types de mesures, voir notamment la contribution "Notre congrès doit discuter d'un programme économique de sortie du capitalisme" dans le BI numéro 1 paru cet été. Mais le travail est immense et nous en appelons à l'intelligence collective pour élabo