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La montée des « autonomes » renforce nécessité d’un NPA révolutionnaire

Par Tristan Daul (11 août 2016)
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Depuis le 29 novembre, date de la manifestation massivement réprimée contre l’état d’urgence et la COP21, la visibilisation du courant autonome n’a eu de cesse de s’amplifier. Si déjà, lors des manifestations contre les violences policières à Rennes ou à Toulouse, nous avons pu constater la vivacité des formes de contestation radicale qui leur sont propres, le mouvement contre la loi « travail » n’a fait que renforcer leur présence et leurs moyens d’actions. Tant dans les manifestations que dans les AGs ou encore les blocages, force est de reconnaître que les « autonomes » ont occupé une place politique importante. Cela témoigne d’une volonté d’une partie de la jeunesse d’apporter de nouveaux moyens d’action face au gouvernement et à sa police, mais aussi d’une certaine faiblesse des organisations d’extrême gauche, dont le NPA.

Il est difficile de parler des « autonomes » en général tant ce courant n’est pas homogène malgré des affinités entre ses différentes composantes. Mais, si une partie de ce courant s’est rapidement politisée dans le cadre du mouvement contre la loi travail, il faut souligner le poids de la base théorique élaborée et largement diffusée en amont par différents collectifs, entre autres le « Comité Invisible ».

Anticapitaliste, le courant autonome peut être considéré comme révolutionnaire dans une certaine mesure, notamment lorsqu’il est question de la contestation globale du système ou de l’insurrection comme prémisse à la révolution. En ce sens, nous sommes du même côté de la barricade, comme cela s’est vérifié souvent au cours du mouvement.

Pourtant, de nombreux points de désaccord ne peuvent être ignorés et doivent êtres posés clairement, notamment s’il s’agit pour nous d’ouvrir la discussion avec les personnes proches des différents milieux autonomes. Il faut se donner l’objectif de mener un travail de réflexion futur sur cette question.

Dans un premier temps, il convient de rappeler qu’en tant que communistes révolutionnaires, nous considérons le prolétariat comme seul moteur capable de renverser la bourgeoisie par la révolution : il s’agit probablement là du principal désaccord politique. En effet, par un refus du salariat et par un certain mépris de classe, le courant autonome considère au contraire nécessaire de s’appuyer sur les marges de la société, tant le nombre de chômeur.se.s, de précaires ou encore de personnes refusant de « travailler » n’a de cesse d’augmenter. Si cela est un fait indéniable, il faut cependant rappeler que la centralité de la classe ouvrière repose non sur un mythe marxiste, mais sur la réalité d’un salariat ultra-majoritaire dans les pays industrialisés et sur sa capacité de grève, de blocage et, à terme, de réorganisation globale de l’économie.

De plus, dans le mouvement contre la loi travail et malgré des directions bureaucratiques, les organisations syndicales ont montré leur capacité de mobilisation. Organisé.e.s, les travailleur.se.s prennent conscience de leur pouvoir d’action et cela s’est particulièrement vérifié dans certains secteurs. Cela s’est vu aussi à l’aube du mouvement, lorsque des AGs de centaines d’étudiant.e.s votaient le blocage des facs à Rennes 2 ou Paris 8. Or les autonomes n’ont pas hésité à combattre les AG sous couvert d’une imaginaire « récupération politique ». C’est là un deuxième point de désaccord avec les autonomes qui, tant dans leurs appels que dans les faits, méprisent à la fois les syndicats en général et les formes d’auto-organisation réellement existantes dans les mouvements. Bien sûr que les bureaucraties syndicales doivent être combattues, de même que les réformistes ! Mais cela doit se faire sur un plan politique, et non pas en sabotant les tentatives de construction à la base par des camarades en lutte.

Le dernier point est celui de la dite « violence » dans et en dehors des cortèges. Bien sûr, la principale violence vient de l’État, qui s’est servi de l’état d’urgence pour légitimer une répression accrue. Mais les actions de violence volontaire menées par les autonomes ont été minorantes, même si parallèlement elles ont permis d’élargir une base militante radicale. Au-delà de la façon dont les médias ont utilisé les « violences » pour discréditer les manifestations, on ne peut pas nier que la majorité des travailleur.se.s mobilisables ne sont pas prêt.e.s à participer à des manifestations trop « chaudes » et ont pu être dissuadé.e.s d’y revenir. Il ne s’agit pas pour nous de condamner les moyens d’actions que nous désapprouvons pour des raisons de tactique et d’opportunité, mais plutôt de massifier la contestation tout en apportant une nouvelle radicalité à celle-ci par la politique globale que nous défendons à la fois dans le mouvement et sur les différentes questions en général.

Nous combattons donc les lignes stratégiques des « autonomes » car la politique communiste révolutionnaire que nous voulons est alternative. Nous déplorons de ce point de vue la défaillance des principales organisations d’extrême gauche, y compris le NPA : en refusant de défendre une orientation clairement révolutionnaire, et notamment en refusant de combattre la politique des directions syndicales, elles laissent les autonomes progresser dans la conquête des franges les plus radicalisées dans le mouvement.

Pourtant, malgré les désaccords politiques que nous avons avec les autonomes, nous arrivons à lutter côte à côte : en témoigne la massification du cortège de tête au cours du mouvement ou encore les luttes contre les Grands Projets Inutiles, particulièrement celle contre le centre d’enfouissement de déchets nucléaires à Bure (Meuse), qui se déroule depuis le début de l’été et où nos camarades ont largement contribué à impulser l’occupation du site et à résister à la police.

En construisant la PfA, nous avons la capacité d’impulser une ligne politique enfin claire du NPA. Avec une orientation révolutionnaire, en défendant un programme communiste et avec la force militante d’une tendance commune, nous aurons un discours plus audible pour les travailleur.euse.s et pour les franges les plus radicales des mouvements à venir.

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