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Pour l’arrêt immédiat des discussions électoralistes avec les réformistes, pour que le NPA mette toute son énergie dans la lutte de classe

Par Tendance CLAIRE (14 novembre 2009)
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Pour donner aux travailleurs et aux jeunes combatifs l’envie de rejoindre le parti… Militants du NPA, unissons-nous pour mettre en échec l’orientation de la direction lors de la consultation interne !

Au-delà, renforçons l’opposition de gauche dans le parti et ouvrons le débat pour une grande Tendance révolutionnaire unifiée !

Suite à la réunion du CPN (Conseil Politique National) des 7-8 novembre, la Tendance CLAIRE du NPA regrette que l’ordre du jour ait été presque intégralement consacré à la question des élections. Alors que la situation sociale est marquée par une importante conflictualité malgré sa dispersion et la politique toujours plus collaboratrice des directions syndicales et de leurs amis dirigeants des partis réformistes (PCF, PG, Fédération, Alternatifs), il n’est pas normal qu’un parti anticapitaliste comme le nôtre ne consacre pas l’essentiel de son énergie militante à construire une orientation politique pour les luttes.

Il n’est pas normal que la direction du parti se soit échinée avant tout, depuis le mois de juin et plus encore depuis la rentrée, à discutailler avec les réformistes en vue d’un accord électoraliste au lieu de mener une véritable campagne contre les licenciements, comme cela avait pourtant été décidé par le CPN de juin.

Il n’est pas normal non plus que rien n’ait été fait pour relancer la dynamique de construction du parti malgré le reflux de militants depuis le congrès de fondation, notamment parmi les ouvriers les jeunes combatifs, et malgré l’échec évident du journal Tout est à nous, qui est faible politiquement, manque de dynamisme révolutionnaire et de connexions vivantes avec les réalités de la lutte de classe.

Au lieu de se concentrer sur la lutte de classe et la construction du parti, la direction a consacré toute son énergie à discutailler des élections

Ce que les travailleurs en lutte sont en droit d’attendre d’un parti anticapitaliste, ce qui leur donnerait envie de rejoindre le NPA, ce qui ferait revenir les membres fondateurs déçus par la mollesse de la ligne, notamment parmi les ouvriers et les jeunes, c’est la capacité à être vraiment un outil pour les luttes :

  • Un parti qui combatte centralement pour la convergence des luttes ouvrières aujourd’hui dispersées ;
  • Un parti qui mette toute son énergie pour imposer aux bureaucrates et aux réformistes une manifestation centrale à Paris contre la privatisation de la poste et pour construire un affrontement avec le gouvernement Sarkozy ;
  • Un parti qui mène campagne pour mettre en échec tous les plans de licenciements, pour la répartition des heures de travail entre tous, pour l’ouverture des livres de comptes des entreprises qui se prétendent en difficulté, pour l’expropriation sans indemnités ni rachat des trusts capitalistes ;
  • Un parti enfin qui, bien dirigé et conséquent avec son orientation, sache se donner les moyens de faire une vraie campagne, en respectant les délais fixés pour ne pas laisser passer les occasions, en sortant des affiches dynamiques avec de vrais slogans de combat et des images de travailleurs en lutte, en diffusant des tracts pugnaces pour faire connaître ses propositions aux travailleurs à la porte des entreprises, des établissements et des quartiers populaires, en organisant enfin des meetings dans tout le pays qui soient capables de soulever l’enthousiasme de la classe ouvrière et de la jeunesse…

La direction a multiplié les concessions aux réformistes du PC et du PG

La direction de notre parti ne s’est pas contentée de l’engager dans la voie sans issue de l’électoralisme : elle est allée jusqu’à céder sur presque toutes les revendications du NPA pour tenter coûte que coûte d’obtenir un accord avec les réformistes qui refusent tout programme pouvant s’en prendre sérieusement aux profits des capitalistes et qui ont participé avec le PS à la gestion des régions depuis cinq ans en multipliant les cadeaux au patronat (sans parler de sa participation aux gouvernements de « gauche » valets des capitalistes, casseurs des acquis sociaux, privatisateur les services publics…). C’est ainsi que :

  • La direction est passée du projet d’un « rassemblement autour d’un programme anticapitaliste » à celui d’un « front anticapitaliste et antilibéral » ;
  • Elle a troqué la revendication centrale du NPA, l’interdiction des licenciements, contre une bien vague « rupture pour en finir avec le chômage et les licenciements » ;
  • Elle a substitué à l’exigence d’une augmentation de 300 euros nets pour tous et d’un revenu minimal de 1500 euros nets une tout aussi vague « défense du pouvoir d’achat » ;
  • Elle se contente d’affirmer le principe du « droit à la protection sociale et à la retraite », mais sans la moindre revendication précise, au moment même où le gouvernement veut encore augmenter l’âge de la retraite et les annuités de cotisation ;
  • Elle se prononce désormais pour un « grand service public bancaire » et non plus pour un monopole public sous le contrôle des travailleurs — et moins encore pour l’expropriation sans indemnités ni rachat des banques ;
  • La direction a cédé sur le refus de participer à des exécutifs régionaux avec le PS et Europe écologie, puisque la résolution adoptée par le CPN déclare sa volonté de gérer les régions et n’exclut de le faire que dans l’hypothèse « d’exécutifs qui seraient dominés par le PS et/ou Europe Ecologie » : cela autorise logiquement une cogestion avec ces partis au cas où ils ne « domineraient » pas ;
  • Enfin, la direction vient de céder même sur son exigence d’un accord électoral national, dont elle avait pourtant fait son cheval de bataille contre le PCF (désireux quant à lui de s’allier ici ou là dès le premier tour avec le PS) : dans sa « motion d’organisation du débat et de la consultation pour les régionales » adoptée par le CPN, il est prévu de « décider des choix nationaux et régionaux du NPA pour ces élections » et de se prononcer non seulement sur « les diverses positions nationales (…) exprimées lors du CPN », mais aussi sur « les positions existant dans les régions » ; et il est dit expressément que « les votes » seront « de dimension nationale et locale » : cela ouvre clairement la voie à une position différenciée au niveau national et dans les différentes régions, manifestement dans le souci purement manœuvrier de conclure des accords avec le PG et d’autres réformistes là où le PCF se présentera avec le PS dès le premier tour…

La direction bafoue la démocratie et impose une régionalisation du parti

Au lieu de répondre au signal d’alarme tiré par de nombreux militants, qui soulignent l’effet désastreux des priorités de la direction depuis des mois, la majorité du CPN persiste et signe. La direction a demandé et obtenu carte blanche pour poursuivre ses discussions avec le PCF et surtout en fait avec le PG… alors même qu’un accord semble de moins en moins possible… Elle n’a même pas accepté la proposition que soit organisée une conférence nationale exceptionnelle du parti pour trancher le débat qui divise pourtant l’organisation comme cela n’avait jamais été le cas auparavant. Cinq motions ont été soumises au vote, les unes après les autres (chaque membre du CPN pouvant donc voter pour plusieurs motions) (1). La motion de la direction a recueilli 56% de votes pour, celle de la gauche (contre l’alliance avec le front de gauche) 19%, et les trois motions de droite (qui sont prêtes à toutes les concessions pour faire liste commune avec le front de gauche) ont recueilli entre 15 et 23% des voix (avec l’appui de membres de la majorité). Tout en prétendant reprendre la méthode du congrès pour consulter les militants, la direction n’a accepté que l’organisation d’« AG regroupant des comités de base », mais non d’une conférence nationale des délégués de ces AG, qui seule aurait permis le choix légitime et démocratique d’une orientation pour tout le parti. Aucun membre du CPN ne s’est opposé à la motion d’organisation de la consultation des militants, y compris les camarades de la gauche qui avaient pourtant proposé l’organisation d’une conférence nationale dans leur motion !

D’une part, sous la pression des institutions bourgeoises et des manœuvres des partis réformistes, la direction du NPA a pris la lourde responsabilité d’une régionalisation du parti, au détriment d’une cohérence nationale pourtant indispensable à l’objectif d’unifier la classe ouvrière autour d’un programme anticapitaliste conséquent qu’il s’agit de populariser dans tout le pays en harmonisant les actes et les paroles.

D’autre part, la direction empêche un vrai débat dans l’ensemble du parti, car les AG prévues n’ont pas d’autre choix que de se prononcer pour ou contre les différents textes présentés au CPN, sans possibilité d’en présenter d’autres, ni même de les faire évoluer, ce qui revient à un véritable référendum déguisé. En effet, en demandant aux militants de choisir entre des textes tout ficelés au niveau du CPN, la direction dénie tout droit d’initiative à la base, elle interdit la présentation d’autres textes, que ce soit par des militants qui se regrouperaient pour l’occasion ou par des courants non représentés au CPN (alors que le CPN a été élu, rappelons-le, par un congrès auquel tout avait été fait pour empêcher la constitution de courants… de sorte que le CPN ne saurait prétendre représenter fidèlement la diversité du parti !). Plus généralement, s’il y avait eu une conférence nationale, les textes présentés aux délégués de la conférence nationale elle-même auraient été nourris pas les débats préalables aux niveaux local et départemental et par les discussions entre les courants, ils auraient pu évoluer par rapport aux textes initiaux, les militants auraient donc pu et voulu sincèrement se convaincre les uns les autres, des courants auraient pu développer leurs positions propres tout en cherchant à se rapprocher sur la base de leurs points communs... Il en aurait résulté à la fois des clarifications programmatiques et stratégiques, une élévation générale du niveau politique, que seule peut permettre une vraie discussion. En revanche, avec un référendum déguisé, les militants qui se reconnaissent déjà dans un texte n’auront pas d’autre choix que de le défendre en bloc contre les autres s’ils veulent gagner et le « débat » n’a donc d’intérêt que pour les militants qui hésitent entre tel ou tel texte.

Infliger une défaite à la direction du parti lors de la consultation interne ? « C’est possible ! »

Dans ces conditions, il est crucial que les militants se saisissent des enjeux sous-jacents aux discussions qui traversent aujourd’hui le parti : à travers la question apparemment tactique des alliances électorales, est apparu en fait un débat programmatique et stratégique — sciemment contourné par la direction lors du congrès de fondation — posant la question de la nature même du parti que nous voulons : un parti électoraliste ou un parti de lutte de classe ? Un parti qui cède aux réformistes du PCF et du PG ou un parti qui lutte pour gagner les travailleurs à un programme anticapitaliste révolutionnaire ? Un parti bien organisé et démocratique ou un parti à la dérive organisationnellement et tendant à s’adapter au cadre institutionnel des régions ?

C’est pourquoi la Tendance CLAIRE appelle tous les militants du NPA à rejeter, lors de la consultation interne, la résolution de la direction — tout comme bien sûr celle de la droite du parti, le courant « Convergence et alternative », qui voudrait non seulement poursuivre encore les concessions aux réformistes, mais en fait capituler purement et simplement devant eux ! Compte tenu de la façon anti-démocratique dont la direction a décidé d’organiser la consultation des militants, privée comme tout le monde du droit de présenter son propre texte ou même simplement des amendements, la Tendance CLAIRE appelle à voter massivement pour la résolution intitulée « Dans les luttes comme dans les élections : une politique de rupture avec le capitalisme », présentée par 25 camarades du CPN, soutenue également par le courant Gauche révolutionnaire et la Fraction L’Étincelle issue de Lutte ouvrière.

Avancer dans les discussions entre militants ouvriers et révolutionnaires et vers une grande Tendance révolutionnaire unifiée ? C’est nécessaire !

L’enjeu de cette consultation des militants est crucial. Mais, quel que soit son résultat, il ne sera plus possible de faire confiance à la direction actuelle pour mener le NPA sur la voie d’une orientation réellement anticapitaliste et révolutionnaire et pour le construire sérieusement dans et par la lutte de classe. C’est pourquoi il est nécessaire que s’ouvre enfin le débat stratégique qui n’a pas pu avoir lieu au congrès. Dans ce but, les militants ouvriers et révolutionnaires du NPA, les courants qui réalisent aujourd’hui une unité de fait contre la politique de la direction, ont la responsabilité de commencer à se regrouper et à débattre s’ils veulent progresser et peser enfin de manière significative dans le parti. À moins de se faire des illusions et de ne pas prendre la mesure des dégâts déjà causés par la politique de la direction, il serait faux d’attendre le prochain congrès.

Il ne s’agit certes pas de proclamer en deux jours une tendance unifiée, comme s’il n’y avait aucun désaccord entre les militants et courants qui se réclament du prolétariat et de la révolution au sein du NPA. Mais il s’agit précisément de cerner les points d’accord et de discuter ouvertement des divergences, sans préjugés ni tabous, pour commencer à les surmonter et à tester la pertinence des différentes positions, y compris bien sûr les propositions concrètes :

  • Il serait par exemple nécessaire de discuter de la différence entre un programme de transition révolutionnaire, tel que l’ont conçu l’Internationale communiste, puis Trotsky et la IVe Internationale, et un simple « programme d’urgence » tel que celui proposé par les camarades signataires de la résolution « Dans les luttes comme dans les élections : une politique de rupture avec le capitalisme ».
  • Il faudrait discuter aussi de la nature du PS actuel, qui n’est plus selon nous un parti ouvrier réformiste même très dégénéré, mais un parti purement et simplement bourgeois, analogue au Parti démocrate américain ; il en résulte que nous ne pouvons appeler les travailleurs à voter pour lui même pour « battre la droite », car cela revient à semer des illusions en prétendant que la gauche bourgeoise serait moins éloignée des intérêts des travailleurs que la droite, alors qu’il s’agit en fait de nuances entre deux politiques dictées par le capital.
  • On devrait discuter également du fait d’avoir approuvé dans un premier temps (lors du CPN de juin) l’ouverture de négociations en vue d’une alliance électorale, donc programmatique, avec les dirigeants du PCF et du PG, malgré leur nature et notamment leur rôle dans le blocage de la montée vers la grève générale que nous avons vécue au premier semestre.
  • Il serait nécessaire aussi de cerner la logique politique qui a conduit la direction à sa politique électoraliste et à toutes ses concessions aux réformistes : selon nous, elle était déjà présente dans les résolutions adoptées par le congrès de fondation auxquelles nous sommes les seuls à avoir opposé à l’époque des résolutions alternatives — au prix d’une scandaleuse répression anti-démocratique et anti-statutaire de la part de la direction du NPA, dont nous subissons toujours les conséquences (2)…

Tout cela peut et doit se discuter entre militants ouvriers et révolutionnaires capables à la fois de soumettre leurs positions au débat démocratique et de les assumer jusqu’au bout lorsqu’elles se révèlent pertinentes, même si cela implique un affrontement politique avec la direction de leur propre parti. C’est pourquoi la Tendance CLAIRE du NPA participe non seulement, immédiatement et sans conditions, au « bloc des gauches » qui s’est constitué de fait dans notre parti, mais aussi aux discussions programmatiques et stratégiques qui ont d’ores et déjà commencé à s’ouvrir, avec divers échanges et une première rencontre. Elle y défend pour sa part la proposition d’avancer progressivement vers une grande Tendance révolutionnaire unifiée, capable de peser sur le présent et l’avenir du NPA pour en faire le parti de lutte anticapitaliste et révolutionnaire dont notre classe a besoin.


1) Il aurait été préférable que les votes se fassent sur des plates-formes alternatives pour que les militants puissent identifier les clivages principaux.

2) Cf. notre compte-rendu du congrès de fondation dans Au CLAIR de la lutte n° 1 et, dans le présent numéro, notre article sur la Conférence nationale jeune.

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