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Corridas, des animaux publiquement torturés puis mis à mort au nom d’une «traditionnelle culture régionale»

Avec le printemps commence dans le sud de la France la saison des corridas et du massacre de centaines de taureaux espagnols et camarguais.
Les défenseurs de la corrida estimant que ses opposant.e.s font vraiment preuve d’une sensiblerie ridicule, décrivons donc ce qu’est une corrida.
Il s’agit d’un spectacle organisé dans des arènes pour un nombreux public de tous âges. En trois actes théâtralisés et sous les accents entraînant d’une fanfare, un matador (tueur) et ses acolytes, en costumes du 17ème siècle chamarrés, font d’abord courir en tous sens l’imposante bête brutalement précipitée de l’ombre du toril au grand soleil de l’arène et du silence aux clameurs des spectateurs. Ensuite pied ou à cheval, les aides du matador armés de lances et de banderilles (sorte de harpons) affaiblissent et blessent le taureau jusqu’à ce que les muscles de son cou ne supportent plus sa tête. Ainsi « châtié » pour sa sauvagerie intrinsèque et provocante, la tête abaissée, il est enfin « prêt » à recevoir l’estocade mortelle. Le matador après quelques passes, la lui donnera d’un ou de plusieurs coups d’épée entre les vertèbres ou ailleurs. Après une lente agonie, la bête blessée, vomissant le sang, finit par succomber sous les bravos de la foule. Son cadavre ensanglanté est ensuite traîné en dehors de la piste, par des chevaux. Le matador, s’il a fait preuve de bravoure en exécutent des passes risquées, s’il a réussi « élégamment » mais virilement à « dominer » et à tuer un fauve suffisamment réactif, les aficionado.da.s lui décerneront une ou deux oreilles et même la queue de l’animal. Le tueur fera alors un tour de piste à dos d’hommes, en exhibant ses trophées, sous les vivats de la foule et les flonflons tonitruants de la fanfare.
Quoi de mieux pour faire monter son taux d’adrénaline (ou un violent haut le cœur) que l’éventualité de la mort d’un homme, et la certitude de celle de la bête ? La codification et la théâtralisation extrêmes de cette longue exécution publique ajoutent encore à son caractère éminemment pervers.
Voila le spectacle barbare que les défenseurs de ce sacrifice public appellent, en le faisant remonter au culte de Mithra « une manifestation relevant de la culture populaire traditionnelle régionale » Voilà la culture, archaïque, de mort et de fric qui est transmise à des jeunes entraînés lors de « becerradas » à tourmenter des veaux, y compris jusqu’à la mort.
Voilà la « Culture » qui grâce aux férias qui accompagnent les corridas, enrichit les organisateurs, les impresarios, les matadors et leurs équipes, les hôteliers, les restaurateurs, les commerçants et les gargotiers d’occasion. Cela rapporte tellement en si peu de temps qu’il sera bien difficile de les supprimer dans des régions de plus fortement frappées par le chômage. Voilà pourquoi les manifestants anti-corridas sont régulièrement et violemment agressés par les défenseurs de ce spectacle dégradant mais tellement juteux. Pourtant il existe des spectacles taurins, les « rasettades », qui ne blessent ni ne tuent l’animal, Ils exigent un réel courage et une grande agilité de la part de ceux qui essayent d’enlever la cocarde fixée entre les cornes de l’animal. Mais le plaisir de voir torturer, saigner et mourir un animal est tellement plus excitant !
Pourquoi dans cette optique ne pas remettre au goût du jour, des combats à mort de gladiateurs. Le gagnant pourrait peut-être, par exemple, gagner un an de courses gratuites dans un super marché ! et le perdant gagner une incinération gratuite ! Les esclaves y gagnaient bien leur affranchissement. Cela serait–il si étonnant en ces temps de capital-libéralisme déchaîné ?
Un espoir quand même, au sein de l’Etat Espagnol, berceau de la tauromachie, la Catalogne l’a interdite et Madrid vit d’énormes manifestations anti corridas. De son coté l’UNESCO, refusant d’y voir une culture, l’a supprimée du Patrimoine Mondial de l’Humanité.