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L’offensive turque contre les Kurdes menace le Rojava

Le président islamiste turc Recep Tayyip Erdogan est dans une fuite en avant contre les Kurdes et plus généralement dans l'aggravation du caractère dictatorial de son régime, avec le licenciement des milliers de fonctionnaires, le procès de l'écrivaine Asli Erdogan, etc.
Les puissances occidentales, au-delà de quelques réserves, le laissent faire. Elles ont été promptes à apporter leur soutien à Erdogan après l'attentat d'Istanbul qui a été revendiqué peu après par les TAK (« Teyrêbazên Azadiya Kurdistan », les « Faucons de la Liberté du Kurdistan »), un groupe formellement dissident du PKK qui refuse les tentatives de paix négociée de ce dernier et s'étant illustré par plusieurs attaques spectaculaires. L'attaque de Besiktas aurait fait, selon le bilan des autorités, quarante-quatre morts, dont trente-six policiers. Elle a été aussitôt condamnée : François Hollande a ainsi, dans un communiqué, dénoncé « avec force les attaques terroristes qui ont été commises à Istanbul » et affimé son « plein soutien à la Turquie dans cette nouvelle épreuve ». Et Obama a rappelé son soutien à la Turquie face aux « terroristes ». On peut certes contester cet attentat, surtout qu'en l'occurrence il a tué aussi des civils. Cependant, il faut rappeler que ces mêmes gouvernements occidentaux n'avaient pas condamné l'armée turque quand elle avait étouffé dans le sang le soulèvement kurde du printemps dernier. Joe Biden, de passage à Istanbul, soucieux de ne pas froisser Erdogan, s'était limité à quelques réserves, mais avait défendu le « droit » de la Turquie à se « défendre » contre le PKK.
Cela revient à laisser les mains libres à Erdogan pour continuer sa politique en Turquie, mais aussi pour avancer sur le territoire syrien. Ainsi l'armée turque est proche de prendre la ville d'Al-Bab, dans l'objectif non seulement d'en chasser Daesch, mais surtout d'emêcher les milices populaires kurdes des YPG et FSD (Forces de la Syrie démocratique) de réaliser l'unité territoriale du Rojava. Loin de voir l'armée turque comme libératrice, les populations civiles fuient massivement devant son avancée. L'étape suivante d'Erdogan est de prendre la ville de Manbij, qui est contrôlée aujourd'hui par les YPG et les FSD après un dur combat contre Daesh qui a fait plusieurs centaines de morts. Les FSD ne se laisseront évidemment pas faire et leur combat pour résister à l'armée turque s'annonce terrible.
Il est crucial que les révolutionnaires apportent leur soutien aux Kurdes et aux populations du Rojava qui mènent un combat révolutionnaire tout en combattant contre Daesh, en faisant face aux menaces de Bachar El Assad (qui se multiplient depuis la reprise d'Alep) et en devant maintenant se préparer à une lutte majeure contre l'armée turque.