Sur l’appel ATTAC/Fondation Copernic
Au
moment où nous allions boucler ce numéro, nous recevons l’appel
lancé sous l’égide de l’association ATTAC et de la Fondation
Copernic, intitulé « Faire entendre les exigences citoyennes
sur les retraites ». D’emblée relayé par Le
Monde et les
journaux de « gauche », il est signé par près de 400
économistes, intellectuels, responsables syndicaux (de la FSU, de
SUD, de la CGT, mais aucun dirigeant confédéral), représentants
de partis politiques « de gauche » — mais à la
fois des partis bourgeois (comme Cécile Duflot pour les Verts ou
des dirigeants de la gauche du PS), des partis réformistes (PCF,
PG) et... du NPA (dont Olivier Besancenot).
Certes, cet appel dénonce à
juste titre les axes du projet de contre-réforme concocté par
Sarkozy et s’oppose à la propagande fondée sur l’argument
soi-disant démographique et la prétendue fatalité des problèmes
de financement ; cela montre que, un mois et demi après le
23 mars, les responsables de « la gauche » ont
enfin décidé de faire quelque chose contre la réforme annoncée
de Sarkozy.
Pour
autant, cet appel ne fournit nullement un cadre correct pour la
mobilisation des travailleurs, mais pourrait même devenir
dangereux. C’est pourquoi on ne peut que regretter que les
dirigeants du NPA qui l’ont signé contribuent, une fois de plus,
à semer la confusion politique. Non seulement, en effet, cet appel
ne dénonce pas les négociations en cours des directions
confédérales avec Sarkozy, mais il ne propose aucune revendication
positive, aucun appel à la mobilisation des travailleurs et aucune
stratégie de lutte, s’achevant uniquement par l’annonce
d’« appels locaux » et de « réunions
publiques ». Il s’agit d’un appel « citoyenniste »
et non d’un point d’appui pour la lutte de classe. Il
s’apparente de ce point de vue à l’appel contre la
privatisation de la poste qui, axé sur la supplique d’un
« référendum » à Sarkozy, avait abouti à la
« votation citoyenne » du 3 octobre... mais surtout à
une impasse politique totale, parce que le Collectif national poste
avait refusé de se battre pour la grève générale des postiers et
même simplement pour une manifestation nationale à Paris (cf. Au
CLAIR de la lutte
n° 4, nov.-déc. 2009). Le danger de l’appel ATTAC/Copernic sur
les retraites est donc qu’il débouche de la même façon sur
l’appel à un référendum qui serait un obstacle à la
mobilisation de classe des travailleurs.
Face à cet appel, les
révolutionnaires doivent donc dire que la seule façon de combattre
efficacement Sarkozy, de se donner toutes les chances de le vaincre,
c’est de préparer l’affrontement central par les méthodes de
la lutte de classe, jusqu’à la grève générale. Il en résulte
que les « collectifs unitaires » qu’il s’agit de
créer dans les entreprises, les établissements et les quartiers
populaires, ne sauraient être fondés sur la base de cet appel,
mais doivent définir des revendications claires et des méthodes de
lutte efficaces pour les travailleurs. Il est hors de question de
mettre en place des coquilles vides servant de lieux de palabres à
des politiciens bourgeois ou à des bureaucrates, mais il faut des
collectifs permettant l’auto-organisation des travailleurs et se
fédérant dès que possible à tous les niveaux, avec le soutien
des syndicats et partis qui se réclament de la défense de leurs
intérêts s’ils participent activement à la lutte. Il n’y aura
pas d’autre voix pour imposer à la fois la rupture des dirigeants
syndicaux avec les « négociations » de l’Élysée, le
front unique des organisations du mouvement ouvrier et la grève
générale.
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