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Réflexion sur le mouvement contre la réforme Woerth des retraites à Brest
A Brest, deux lignes se sont démarquées. Celle de l’intersyndicale locale qui consistait à encourager les travailleurs à suivre les initiatives de l’intersyndicale nationale. Et celle de quelques militants de FO mais très majoritairement d’individus aux profils «libertaires» et “autonomes”, qui proposaient de se mettre en grève reconductible et de bloquer l’économie. Des militants de Solidaire et quelques militants CGT ont ensuite rejoint certaines de ces initiatives. La seule organisation politique représentée sur ce type d’action était le NPA. Après discussion en comité, quelques militants qui n’avaient obtenu que de s’y rendre à titre individuel ont finalement pris l’initiative de prendre des drapeaux. Malgré leurs succès ponctuels, les deux formes d’initiatives ont fini par décliner plus ou moins simultanément en termes de participants.
Comment peut on l’expliquer ?
Les grèves isolées et les manifestations appelées par l’intersyndicale nationale n’impactent pas significativement les intérêts du patronat. Le gouvernement peut alors les mépriser sans conséquence pratique hors période électorale et jusqu’à ce que la mobilisation s’épuise.
Les “libertaires” se sont justement focalisés sur la nécessité d’impacter l’économie. Considérant que par leurs effets sensibles, leurs actions de blocages auraient valeur d’exemple, les personnes favorables au mouvement mais hésitant à s’engager étaient sensés sauter le pas. Dès lors, les militants convaincus par cette logique ont peu considéré les obstacles posés par le gouvernement et dans une autre mesure par les directions syndicales, pensant que le poids de la base entraîné dans l’action suffirait à faire pression sur ces derniers. Les libertaires se sont de plus «organisés» sans règle expliciteet n’ont proposé de rendez vous qu’ au moment où la mobilisation
dans les secteurs clés (transport, énergie) était déjà dans sa phase décroissante.
Quelle autre force de proposition pour organiser et développer la radicalité ?
Le NPA aurait pu promouvoir une auto-organisation conséquente dès le début afin de donner une chance à toutes les forces mobilisées de s’approprier le mouvement. En se battant dans les différentes secteurs professionnels pour des assemblées générales souveraines, une coordination interprofessionnelle de ces AG, et l’élection de comités de grève mandatés, le NPA aurait aidé les travailleurs à construire une organisation susceptible de déborder le jeu des «partenaires sociaux». En proposant un cadre que les travailleurs auraient pu faire évoluer eux-mêmes selon une logique démocratique et dialectique, il aurait permis de faire avancer plus encore la conscience de classe, en la traduisant en force organisée. Cette orientation a été défendue par une poignée de militants, NPA ou non, et a permis de nouer des liens prometteurs avec des travailleurs en lutte et des syndicalistes.