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Le NPA et les gilets jaunes : un tournant qui fait du bien
Ce lundi 3 décembre le comité exécutif du NPA a décidé d'appeler clairement non seulement à soutenir, mais à participer aux manifestations organisées par les Gilets Jaunes du samedi 8 décembre. C’est avec joie que nous accueillons cette décision.
Ce tournant, et la multiplication récente de prises de positions syndicales favorables au mouvement des Gilets Jaunes et défendant la nécessité d’une intervention du mouvement ouvrier en lien avec ceux-ci, ont lieu principalement parce que mouvement des Gilets Jaunes est un fait social majeur qui s’est invité sur la scène politique française. Ce mouvement social, qui se radicalise chaque semaine, met en grande difficulté non seulement Macron et le gouvernement, mais aussi des bureaucraties syndicales toujours plus à côté de la plaque, qui n’ont cessé d’insulter les participants à ce mouvement, en voulant n’y voir que l’expression de fascistes et de patrons. Les directions syndicales qui depuis des années nous promènent de journée d’action en journée d’action sans perspectives et sans résultats autres que des reculs sociaux permanents au profit des capitalistes, sont bien sûr très gênées par ce mouvement. Contrairement à leurs dires, cela révèle la profondeur de la rage et de la colère populaires face à toute la pourriture et l’injustice orchestrées par la démence du capital et les gouvernements au service de ce dernier. Bien au-delà des strictes revendications sur la hausse des produits pétroliers, ce mouvement, par les leçons qu’il donne et les reculs auxquels il contraint le pouvoir politique, a été capable d’inspirer la jeunesse lycéenne, et pourrait bien remettre sur le chemin des luttes de nombreux secteurs sociaux. On comprend qu’il doit beaucoup déplaire aux Martinez, Berger et consorts de constater que c’est ce mouvement spontané, fondé sur la colère et la volonté d’en découdre de celles et ceux d’en bas, qui a réussi à changer la situation politique et à imposer de premiers reculs à une Macronie jusque là triomphante. Une belle leçon de choses pour les chefs naufrageurs du mouvement syndical, notamment à propos de l’efficacité du prétendu « dialogue social » auquel ils participent.
Deux points nous semblent centraux pour que le parti intervienne utilement et de plain-pied comme acteur du mouvement social actuel et de ses prolongements souhaitables.
Le premier point, c’est que partout où cela est possible, les militant.e.s du NPA s’inscrivent localement sur les assemblées et les barrages des Gilets Jaunes, et y défendent, contre toutes les tentatives de manipulations et de récupération de l’extrême-droite et de politiciens divers, confirmés ou en herbe, une totale indépendance des institutions et des forces politiques qui s’y inscrivent. C’est à ce premier niveau qu’une course de vitesse est engagée contre les forces réactionnaires. Tou.te.s les militant.e.s anticapitalistes et révolutionnaires doivent comprendre que leur place est parmi les Gilets Jaunes sur le terrain, même si, encore une fois, il est nécessaire de rester humbles et s’il est plus difficile d’y apparaître maintenant que dès le début. Surtout, nous devons être les meilleur.e.s artisan.e.s de la démocratie dans ce mouvement. Pour cela, pas besoin de ré-inventer la roue. Des Gilets Jaunes ont déjà, à certains endroits, montré la voie. Les appels de Commercy et de la zone portuaire de St Nazaire, chacun à sa manière, fournissent de bonnes bases pour discuter de la structuration démocratique du mouvement, nécessaire pour affronter jusqu’au bout Macron et son monde. Relayons largement sur ces appels, lancés par la population locale, présente dans ce mouvement depuis son émergence.
Le second point concerne l’intervention du parti dans le mouvement ouvrier et les syndicats. Le NPA saisit bien la nécessité que le mouvement ouvrier, à commencer par le mouvement syndical, agisse pour amplifier la lutte et contribuer à fédérer les colères et les revendications. Mais certaines ambiguïtés doivent maintenant être totalement levées. L’objectif, comme le comprennent sans doute la majorité des miltiant.e.s du NPA ainsi que de nombreux/ses syndicalistes, ce n’est surtout pas d’opposer le mouvement ouvrier organisé aux Gilets Jaunes, mais d’articuler les luttes dans les entreprises et dans la rue, avec les Gilets Jaunes. Le but est clairement de construire une grève générale qui bloque l’économie et change massivement le rapport de forces. Toutes les prises de positions syndicales allant dans ce sens sont les bienvenues, et leur multiplication est une excellente nouvelle. Tout ce qui pourra être entrepris localement, notamment par les militant.e.s du NPA pour pousser à des grèves les plus radicales et les plus massives possibles sera une bonne nouvelle. Nous devons aussi utiliser nos structures syndicales pour interpeller les directions des centrales qui continuent à avoir une politique de division calamiteuse. Il faut exiger de Martinez et autres qu’ils ne se contentent pas de menacer, mais qu’ils agissent pour appeler à une grève générale pour bloquer l’économie du pays. Ils ne veulent pas le faire, diront certain.e.s ? C’est sûr que les chefs syndicaux ne veulent pas le faire, mais il faut exercer une forte pression en ce sens, notamment car une bonne partie de la base dans les entreprises attend des décisions de ces chefs et il est nécessaire, tactiquement et partout où cela se peut, d’opposer la combativité de la base à la lâcheté des directions. Le NPA ne doit pas manquer de le dire lui aussi, et il ne doit pas hésiter à critiquer tout retard en ce sens, et à dénoncer impitoyablement les décisions fausses et dangereuses des directions syndicales.