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    Le PCF en putréfaction se divise et s’enlise

    Par Gaston Lefranc ( 8 novembre 2016)
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    Pierre Laurent soutient la candidature Mélenchon à la veille de la conférence nationale

    Le PCF ne sait pas comment sortir de l'impasse dans laquelle il s'est mis. Cela fait désormais des mois que l'idée d'une primaire de la gauche alternative au gouvernement est morte et enterrée. Mélenchon est parti en campagne avec sa « France insoumise ». Europe Écologie les Verts vient de désigner son candidat. Lutte ouvrière et le NPA ont également leurs candidat.e.s. Et pourtant, le PCF continue à se battre pour une candidature unitaire de toute la gauche alternative au PS. Il a lancé au printemps dernier une « grande consultation citoyenne »1 pour définir le programme de ce candidat imaginaire. Depuis le 13 octobre, il a lancé une pétition pour une candidature unitaire2, qui fait un bide complet, avec à peine 8 000 signatures !

    Pierre Laurent souhaitait initialement ne faire aucun choix lors de la conférence nationale du PCF du 5 novembre. Son but est que le PCF soutienne Montebourg ou un frondeur qui gagnerait la primaire du PS. Mais comme le résultat de la primaire du PS ne sera connu qu'en janvier, Laurent voulait à continuer à gagner du temps. Mais une fronde s'est levée au PCF contre la perspective d'une conférence nationale pour rien. Une grande partie de l'appareil a lancé un appel « pour un choix clair »3 , c'est-à-dire la mise en avant dès aujourd'hui d'un candidat communiste, pour ne pas être les cocus de l'histoire, et tenter de peser dans l'éventuelle émergence d'une candidature de « rassemblement ». D'un autre côté, une partie du PCF est d'ores et déjà engagé dans le soutien à Mélenchon (comme Buffet ou le groupe « Révolution », section française de la Tendance marxiste internationale :4. Cette polarisation du parti rendait la position d'attente de Laurent de plus en plus intenable. C'est pourquoi, la veille de la conférence nationale, Laurent a plaidé pour que le PCF soutienne la candidature de Mélenchon5... sans abandonner la bataille pour une candidature de « rassemblement ». Laurent espérait que son pragmatisme (la dynamique Mélenchon est bien réelle) lui permettrait de rester majoritaire.

    La Conférence nationale met Laurent en minorité... et après ?

    Les grands médias ont retenu la mise en minorité historique du dirigeant du PCF. Sur 535 cadres ayant le droit de vote à cette conférence nationale, 16 (3%) n'ont pas pris part au vote ; 27 (5%) se sont abstenus ; 274 (55,7% des suffrages exprimés) ont voté pour une candidature autonome du PCF ; 218 (44,3% des suffrages exprimés) pour un soutien à Mélenchon.

    C'est une défaite cinglante pour Laurent, mais ce vote ne clarifie pas du tout la position du PCF. En effet, la résolution de la conférence a été adoptée à plus de 90%, et celle-ci acte la poursuite des « efforts en faveur d'une candidature commune de la gauche d'alternative à l'austérité »6. Dans l'option majoritaire, il est bien précisé que la candidature PCF « pourrait, si la situation l’exige, sur la base d’un accord politique (…), se retirer au profit d’une candidature commune d’alternative à l’austérité ». Autrement dit, même si les militant.e.s confirment par leur vote le choix majoritaire de la conférence nationale (illes doivent se prononcer les 24-25-26 novembre), tout pourrait être remis en cause.... par exemple si Montebourg ou un frondeur gagnait la primaire du PS ! Ainsi, la candidature PCF serait alors virtuelle et le candidat pourrait ensuite se désister pour un démagogue du PS...

    Comment comprendre le vote des cadres du PCF ?

    On pourrait penser que ce vote exprime une révolte de militant.e.s désireu.x.ses d'une campagne réellement communiste, et ne se reconnaissant pas dans l'antilibéralisme de Mélenchon. Ce n'est malheureusement pas le cas, loin s'en faut. Les secteurs du PCF qui ont mis en minorité Laurent ne défendent pas une ligne plus à gauche que celle de Mélenchon. Au contraire. Derrière la critique du « populisme » de Mélenchon se cache en fait le soutien à l'Union européenne (qu'il ne s'agirait pour eux que de réformer) et aux institutions capitalistes. Derrière ce vote se jouent aussi des calculs d'appareil. En vue des législatives, Mélenchon est bien décidé à présenter des candidat.e.s « France insoumise » partout et à ne pas faire de cadeaux au PCF. Dans ces conditions, ne vaudrait-il pas mieux ne pas se brouiller avec le PS et négocier avec lui en vue de sauver quelques députés lors des prochaines législatives ? En outre, certains se verraient bien faire un tour de piste comme Chassaigne, qui se croit charismatique, et qui a donc lâché Laurent.

    Néanmoins, un secteur de plus en plus minoritaire du PCF refuse la fausse alternative du soutien à Mélenchon ou à un candidat du PCF, en vue d'une candidature de « rassemblement ». Il s'agit des différentes chapelles « orthodoxes » ou « staliniennes ». Ces secteurs se sont exprimés à la veille de la conférence nationale7 pour une candidature communiste, en rupture avec la ligne suivie par le PCF depuis la mutation lancée par Robert Hue dans les années 1990. Pendant la conférence nationale, ils ont demandé à ce qu'une troisième option soit proposée aux militant.e.s8, refusant toute recomposition politicienne avec les frondeurs, rejetant l'UE du capital, et proposant un « programme communiste dans le cadre d’une reconstruction du PCF comme Parti de classe ». Mais les militant .e.s n'auront pas le droit à cette dernière option...

    A quoi sert le PCF ?

    Les gesticulations du PCF sur l'élection présidentielle sont atterrantes. Le PCF est passé du « marxisme » stalinien à un antilibéralisme institutionnel et indigeste qui le plonge dans le néant. Le PCF ne porte plus aucun projet de société, et l'appareil ne cherche son salut que dans une hypothétique victoire d'un socialiste « frondeur ». Les militant.e.s communistes valent mieux que ça ! Il est également triste que la seule réelle opposition interne reste engluée dans le stalinisme le plus crasse, citant en modèle les campagnes de Duclos de 1965 ou de Lajoinie en 1988.

    Sur le créneau antilibéral, Mélenchon est aujourd'hui bien plus attrayant et radical qu'un PCF déjà deux pieds sous terre. Aujourd'hui, les militant.e.s qui se réclament du communisme doivent rompre avec les politiciens antilibéraux pour se rassembler autour d'un programme communiste c'est à dire centré sur l'expropriation des capitalistes et le pouvoir des travailleu.r.euse.s sur l'économie. L'atomisation des anticapitalistes et leur incapacité à proposer une alternative crédible au système font le jeu des démagogues antilibéraux qui nous vendent leurs fausses solutions keynésiennes qui ont systématiquement échoué. L'enjeu de la candidature de Philippe Poutou est aujourd'hui d'incarner une alternative communiste révolutionnaire au système en place, et de s'adresser à tou.te.s celles et ceux qui se réclament aujourd'hui du communisme.


    1 http://www.pcf.fr/92442

    2 http://www.pcf.fr/92615

    3 http://pierreassante.fr/dossier/Pour_un_choix_clair_mise_a_jour_05112016.pdf

    4 http://www.marxiste.org/actualite-francaise/politique-francaise/2060-le-pcf-et-la-presidentielle-de-2017

    5 http://tendanceclaire.org/breve.php?id=21292

    6 http://data.over-blog-kiwi.com/1/48/53/00/20161104/ob_3cd9a9_projet-de-resolution-cn-05-11-16.pdf

    7 http://vivelepcf.fr/5806/pcfpresidentielles-2017-pas-de-sortie-de-limpasse-sans-reconquete-de-lindependance-du-parti-des-positions-communistes-et-une-demarche-de-reconstruction-du-parti-de-classe/

    8 http://vivelepcf.fr/5813/pcfpresidentielles-conference-nationale-du-5-nov-refus-des-deux-choix-complementaires-du-fond-de-limpasse/

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