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Appel à la grève à l’AFP
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Libération, 6 juillet 2015 :
Fustigeant un déni de dialogue social, tout le spectre syndical de l’Agence France-Presse est vent debout après les annonces de la direction.
Rififi en perspective à l’AFP. Les syndicats de l’agence (SNJ, CGT, CFDT, FO, SUD et CGC) appellent les salariés à participer à un arrêt de travail de vingt-quatre heures à partir de mardi 14 h 30 pour protester contre la dénonciation unilatérale par le PDG, Emmanuel Hoog, de tous les accords sociaux en vigueur : 117 au total (RTT, congés payés, etc.)… Contre toute attente en effet, Hoog a déclaré son intention de tout remettre à plat vendredi.
Depuis trois mois, la SNJ, la CFDT et SUD avaient accepté de négocier avec la direction d’un regroupement de ces 117 accords. Au terme des débats, un accord d’entreprise de substitution devait ainsi les englober. «Emmanuel Hoog avait proposé de regrouper tout dans un seul accord, pour notamment atténuer les inégalités de traitements et relancer une politique de rémunération plus juste», explique le SNJ, premier syndicat chez les journalistes. Pendant les échanges, quelques menues propositions étaient sur la table, notamment sur la part des expatriés dans le réseau et le nombre de RTT.
Ironie de la phraséologie
Vendredi, devait se dérouler une réunion bilan d’étape de ces trois mois de discussions. «On s’attendait à ce qu’il dise que la négociation avait avancé… Or, il a déclaré vouloir dénoncer les 117 accords !» Une décision inédite dans l’histoire de l’Agence (2 300 salariés dans le monde dont 1 350 qui dépendent du statut du siège), qui constitue «un acte d’hostilité inacceptable». Le syndicat pointe l’ironie de la phraséologie employée par Emmanuel Hoog qui aurait annoncé «l’ouverture d’une phase de dénonciation pour sécuriser le cadre juridique de la négociation».
Le timing paraît jouer. Le contrat d’objectifs et de moyens (COM) 2014-2018 vient d’être signé avec l’Etat, qui finance l’AFP. Celui-ci, relève SUD, appelle à restreindre encore la masse salariale : «Entre 2009 et 2013, les charges de personnel ont progressé de 1,7% par an en moyenne alors que le COM avait prévu une croissance de 2,84% par an. Cet effort, réel mais encore insuffisant, de maîtrise doit se poursuivre et s’amplifier.» Alors que le but du «grand accord social», avance SUD-AFP, vise en réalité «à maintenir l’évolution de la masse salariale et des coûts de fonctionnement en dessous de la barre du +1%, fixée sans tenir compte des besoins professionnels et sociaux de l’AFP»…
«Dans la torpeur de l’été»
La décision du PDG intervient en tout cas, analyse le SNJ, «dans la torpeur de l’été, alors qu’Emmanuel Hoog pense avoir les mains libres maintenant que la course à la présidence de France Télévisions est terminée, que son mandat à l’AFP a été prorogé de trois à cinq ans [soit jusqu’en 2018 au lieu de 2016, ndlr] et que son COM avec l’Etat a été signé ». Ce n’est pas tout à fait l’avis de tous les syndicats, en particulier la CGT, première délégation de l’entreprise toutes professions confondues (avec 33,85% des voix, devant le SNJ à 26,83%, FO avec 12,9%, CFDT à 11,65%, SUD à 11,15 et CFE-CGC à 4,2%) qui a refusé l’invitation de la direction au motif qu’elle ne voulait pas entrer dans «de pseudo-négociations». Ce qui vient de se passer semble conforter cette position de principe, alors que la stratégie de la direction vise à faire rasseoir le syndicat autour de la table pour incarner les catégories ouvriers et techniciens.
Après la dénonciation des accords par la direction, les textes restent en vigueur pendant les trois mois de préavis avant d’ouvrir une période de négociation de douze mois. Reste que la décision de la direction doit encore être annoncée au comité d’entreprise qui se tiendrait le 16 juillet. Celle-ci se refusait lundi soir à tout commentaire. Les syndicats espèrent que le mouvement la fera revenir en arrière.