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Discussion compromettante entre la police turque et un cadre de Daech
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
INTERNATIONAL - Encore des éléments venant renforcer les soupçons de complicité entre certains responsables turcs et des cadres de Daech publiés par le quotidienCumhuriyet, rapportent nos confrères du Huffington Post Maghreb. Lundi, le journal qui avait déjà fait état de livraisons d'armes d'Ankara à des rebelles islamistes en Syrie, a publié des documents issus d'une enquête en cours en Turquie révélant le contenu de discussions téléphoniques entre des policiers turcs et un haut responsable de l'organisation jihadiste.
Parmi les retranscriptions publiées par le journal turc, un échange entre un gradé de la police et un certain Mustafa Demir, présenté comme un responsable de trafic d'armes pour le compte Etat islamique. Le premier dit au second: "On en a, viens ici, de ce côté, les hommes sont ici". Une invitation à laquelle le jihadiste répond dans un ton trahissant sa proximité avec son interlocuteur: "OK grand frère, j’arrive. C’est cet endroit où j’ai donné une voiture au lieutenant Burak ?". En publiant ces révélations explosives, le journal Cumhuriyet montre encore une fois qu'il ne compte pas céder aux pressions du pouvoir.
Un journal farouchement opposé au régime
En effet, il y a précisément 92 jours, Can Dündar (rédacteur en chef) et Erdem Gül (chef de bureau à Ankara) ont été incarcérés pour avoir révélé des livraisons d'armes de la Turquie a des groupes islamistes en Syrie. Publié à quelques jours des élections législatives de juin 2015, l'article incriminé avait provoqué la fureur du président Recep Tayyip Erdogan, dont le gouvernement a toujours catégoriquement nié tout soutien aux groupes islamistes hostiles au président syrien Bachar al-Assad, dont il réclame avec insistance le départ depuis le début de la guerre civile en Syrie.
Mais ce vendredi 26 février, les deux journalistes ont été libérés de prison, au lendemain d'une décision de la Cour constitutionnelle turque. "Je pense que c'est une décision historique", a déclaré le rédacteur en chef à sa libération, cité par l'agence de presse Cihan. "Elle s'applique à tous nos collègues, à la liberté de la presse et à la liberté d'expression", a-t-il ajouté. Ironisant sur le fait que la date de leur libération, le 26 février, coïncide avec le jour de la naissance du président Recep Tayyip Erdogan, ce dernier a déclaré: "Nous sommes très heureux de fêter son anniversaire et notre libération".
"Le prix fort"
Farouches adversaires du régime islamo-conservateur turc, Can Dündar et Erdem Gül sont accusés d'espionnage, de divulgation de secrets d'Etat et de tentative de coup d'Etat, et ont été écroués fin novembre. L'incarcération des deux journalistes avait suscité un tollé en Turquie comme hors de ses frontières: une campagne internationale avait été lancée pour réclamer leur libération.
L'Union européenne, à laquelle souhaite de longue date adhérer la Turquie, a également demandé leur remise en liberté. Le chef de l'Etat, qui a personnellement porté plainte contre les deux journalistes - de même que le chef des services secrets turcs, Hakan Fidan -, avait dénoncé une "trahison" et promis qu'ils allaient en payer "le prix fort". "Nous sommes sortis, mais cela ne veut pas dire que le problème des journalistes emprisonnés est réglé", a réagi Erdem Gül, cité par Cihan. "Il faut continuer à opposer un front uni aux pressions sur les médias", a-t-il ajouté
La date de leur procès a été fixée au 19 mars.