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    Boris Johnson, le vrai krach des conservateurs

    Brexit Royaume-Uni

    Lien publiée le 1 juillet 2016

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    http://www.liberation.fr/planete/2016/06/30/boris-johnson-le-vrai-krach-des-conservateurs_1463225

    Trahi par son ami Michael Gove, l’ancien maire de Londres renonce à diriger les tories. Et ne succédera donc pas à David Cameron au poste de Premier ministre.

    Boris Johnson n’avait donc vraiment aucun plan. Pas de plan pour le Brexit, pas de plan pour lepays, pas même de plan pour devenir Premier ministre. A se demander comment, en dilettante, il aura réussi à plonger le Royaume-Uni dans un chaos indescriptible aux conséquences encore imprévisibles.

    Après le Brexit, les Britanniques font désormais face au «Boxit» (contraction de «Boris» et «exit»). L’ancien maire de Londres Boris Johnson, grand favori pour succéder à David Cameron, démissionnaire, a jeté l’éponge. «Je ne peux apporter le leadership et l’unité qui sont nécessaires» pour diriger le Parti conservateur et le pays, a-t-il déclaré jeudi matin.

    «Brutus»

     Sa décision a été prise après la trahison de son fidèle lieutenant, le ministre de la Justice, Michael Gove. En cinq mois, ce dernier aura commis deux «Brutus». En février, il avait une première fois poignardé dans le dos David Cameron, son ami proche parrain d’un de ses enfants, en choisissant le camp du leave. Et jeudi matin, il a annoncé sa candidature à la présidence du Parti conservateur, après avoir répété pendant des années que ce n’était pas un poste qu’il visait. Johnson avait espéré un ticket gagnant avec Gove, lui se présentant comme Premier ministre, et Gove comme futur chancelier de l’Echiquier (ministre des Finances). Une vidéo fait le tour des réseaux sociaux. En 2012, sur la BBC, Michael Gove affirmait «ne pas être fait pour être Premier ministre, ne pas avoir la carrure d’un Premier ministre, ne pas vouloir être Premier ministre». Il a manifestement changé d’avis. En partie parce que son épouse, Sarah Vine, journaliste au Daily Mail, a manœuvré auprès des propriétaires de son journal pour obtenir leur soutien et aussi émis des doutes sur le sérieux de Boris Johnson. Par ailleurs, le magnat de la presse Rupert Murdoch, propriétaire du Sun, duTimes et du Sunday Times, n’a jamais caché ne pas apprécier Boris Johnson. Or, sans le soutien de la presse, notamment populaire, ce dernier savait que la victoire serait compliquée.

    D’autant qu’il n’est pas très populaire auprès des députés conservateurs, contrairement à la base des sympathisants qui l’apprécient. Beaucoup d’élus n’ont jamais aimé son manque de sérieux, sa propension à déformer, voire transformer la vérité. Or le processus d’élection du nouveau chef des tories passe d’abord par une présélection des 330 députés conservateurs au Parlement. Ces derniers doivent retenir deux noms.

    Candidats

    Michael Gove et la ministre de l’Intérieur, Theresa May, également candidate et favorite, bénéficient tous deux de plus de soutiens parmi les élus que Johnson. Une fois la candidature de Gove déclarée, le blond peroxydé (qui n’avait choisi le camp du leave qu’à la dernière seconde en avouant avoir lourdement hésité et uniquement par intérêt personnel) savait qu’il avait perdu son pari.

    Il y a donc officiellement cinq candidats au poste de chef des tories, et donc de Premier ministre : Stephen Crabb, secrétaire d’Etat au Travail et aux Retraites, peu connu ; Andrea Leadsom, secrétaire d’Etat à l’Energie et au Climat, qui a été une des figures les plus visibles de la campagne duleave ; un ancien ministre de la Défense, Liam Fox ; Michael Gove et Theresa May. La course se jouera probablement entre ces deux derniers.

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    (Le Monde) Boris Johnson, chef de la campagne victorieuse du Brexit, avait tout fait pour devenir premier ministre ; il a renoncé à Downing Street. Michael Gove, son fidèle second dans la campagne, a dit et répété qu’il n’était « pas équipé pour devenir premier ministre » ; il va briguer cette fonction. Déjà chaotique depuis la victoire du camp du Brexit, voici tout juste une semaine, la vie politique britannique a pris, jeudi 30 juin, des allures surréalistes, alors que les deux grands partis – le Labour et les tories – se déchirent dans des querelles où les rancœurs nées du débat sur l’Europe se mêlent au choc despersonnalités et aux rivalités individuelles.

    Peu de temps avant midi, heure limite fixée pour la clôture des candidatures à l’élection du nouveau leader des conservateurs, M. Johnson a lâché sa bombe. Ses supporteurs, qui avaient pris place aux côtés de journalistes dans la salle où il allait prendre la parole, ne connaissaient visiblement pas la teneur de son discours. Après avoir été applaudi à tout rompre, l’ancien maire de Londres, la coiffure blonde domestiquée comme jamais, a énuméré longuement les tâches qui attendent le futur premier ministre, dont celle de rassembler les camps favorable et hostile à l’Union européenne (UE). Il parlait de lui, à n’en pas douter, pensait l’assistance. Puis il a déclaré : « Je dois vous dire, mes amis, vous qui avez attendu fidèlement la chute de ce discours, qu’après avoir consulté mes collègues et considérant la situation au Parlement j’ai conclu que cette personne [capable de devenir premier ministre] ne pouvait pas être moi. » « Mon rôle sera d’apporter tout le soutien possible au prochain gouvernement conservateur », a ajouté M. Johnson, déclenchant des pleurs parmi son public.

    Renoncement inattendu

    Le renoncement de « Boris » avait été si peu anticipé que Theresa May, ministre de l’intérieur, en officialisant sa propre candidature un peu plus tôt, avait consacré l’essentiel de son discours à se démarquer de M. Johnson, qui devait être son principal adversaire et qu’elle a présenté comme trop imprévisible et inexpérimenté.

    Sur un ton très « Dame de fer », la ministre a mis en avant sa fermeté dans de nombreux dossiers sécuritaires et son expérience des négociations internationales, notamment en matière de terrorisme. Mme May s’est présentée comme la seule capable de « faire le travail » de premier ministre « dès le premier jour »« Cette élection à la tête du parti ne se tient pas dans des circonstances ordinaires, a-t-elle déclaré. Cela signifie que nous devons faire front dans une période d’incertitude. » Alors qu’elle a soutenu très tièdement la campagne pour rester dans l’UE – ce qui est désormais un grand handicap –, la ministre de l’intérieur a lancé : « LeRoyaume-Uni va quitter l’UE. Le Brexit, c’est le Brexit. La campagne a eu lieu et le pays a rendu son verdict. » Elle a annoncé qu’elle nommerait un gouvernement entièrement renouvelé et qui se consacrerait aux négociations de sortie.

    Le retrait de M. Johnson augmente en théorie les chances de succès de Mme May. Des sondages l’avaient d’ailleurs déjà donnée vainqueure. Mais il s’agit d’enquêtes menées parmi les électeurs conservateurs et non parmi les adhérents, qui seuls participeront au scrutin.

    Candidature surprise

    En outre, ces pronostics favorables à cette proche de David Cameron ignoraient l’effet de la candidature surprise de M. Gove, qui, lui, a été un défenseur écharné du Brexit et s’en prévaudra vigoureusement. Proche à la fois de M. Cameron et de M. Johnson, il a manœuvré selon une trame digne de Shakespeare pour les coiffertous les deux au poteau.

    Jeudi matin, c’est probablement M. Gove qui a précipité le retrait de M. Johnson en renversant la table et en annonçant, contre toute attente, qu’il se lançait lui-même dans la course, alors qu’il ne devait que seconder l’ancien maire de Londres. Il s’agit du « plus grand acte de trahison que j’ai jamais vu », a commenté un peu plus tard un allié de M. Johnson qui s’est confié anonymement à la BBC.

    M. Gove a simplement déclaré qu’il était parvenu à la conclusion que M. Johnson « n’est pas en mesure de devenir le chef ou de constituer l’équipe pour la tâche qui nous attend ». Les réseaux sociaux se sont très vite remplis des innombrables vidéos où M. Gove excluait de devenir le chef du gouvernement. « Je ne veux pas être premier ministre », répétait-il il y a peu encore au micro de la BBC. Personnage imprévisible lui aussi, M. Gove a été le ministre de l’éducation de M. Cameron. Un poste dont il a été relevé après avoir suscité la vive hostilité des syndicats enseignants par ses déclarations à l’emporte-pièce. Recasé à la justice, il s’y faitremarquer pour ses initiatives réformatrices et libérales, notamment en matière de politique pénitentiaire.

    Brutale redistribution des cartes

    Les manœuvres qui ont conduit au « coup de théâtre Boris » et à la candidature Gove restent à reconstituer. Elles profitent à l’évidence à Mme May, autrement dit au camp de M. Cameron, qui est certainement à la barre. Mais un courriel de Sarah Vine, épouse de M. Gove et chroniqueuse au tabloïd Daily Mail (favorable au Brexit), laisse entendre que le magnat de la presse Rupert Murdoch pourrait y être lié. Dans ce courrier adressé « par erreur » à un tiers et révélé par SkyNews, Mme Vine met en garde son époux contre le manque de fiabilité de son partenaire de campagne M. Johnson. Elle précise que M. Murdoch, propriétaire du Sun et duTimes, « éprouve une antipathie instinctive pour Boris Johnson », par ailleurs chroniqueur dans un autre quotidien conservateur, The Telegraph. Telle Lady Macbeth, Mme Vine aurait poussé M. Gove à trahir M. Johnson en lui prodiguant des conseils de méfiance.

    Mais l’étonnant contenu de la dernière chronique de M. Johnson dans The Telegraph pourrait aussi avoir créé de la gêne chez les parlementaires conservateurs dont M. Johnson recherchait le soutien, et avoir participé à cette brutale redistribution des cartes. L’ancien maire de Londres y affirmait que le Brexit n’empêchait nullement le Royaume-Uni d’accéder au marché unique européen. Contre toute évidence, il estimait que les électeurs n’avaient pas choisi le Brexit en raison de leur exaspération au sujet de l’immigration et que la libre circulation dans l’UE allait pouvoir continuer. Alors que le pays commençait à peine à encaisser le choc du vote en faveur du Brexit et attendait une déclaration de sa part, dimanche, M. Johnson jouait au cricket dans sa propriété de l’Oxfordshire.