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"Nique la France" : Mélenchon défend sa députée
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Jean-Luc Mélenchon défend Danièle Obono, députée parisienne de La France insoumise, à la suite de la polémique sur une pétition qu'elle avait signée en 2012.
Danièle Obono et Alexis Corbière lors d'un meeting de Jean-Luc Mélenchon à Montpellier. (Sipa)
"Amitié, affection et respect pour le sang-froid de Danièle Obono, députée de Paris", a posté Jean-Luc Mélenchon sur sa page Facebook jeudi après-midi. Depuis son passage dans l'émission Les Grandes Gueules sur RMC mercredi, la députée insoumise est au cœur d'une polémique lancée par l'extrême droite sur la toile. Danièle Obono est critiquée pour avoir signé une pétition soutenant le chanteur du groupe ZEP et un sociologue mis en examen pour la chanson Nique la France en 2012.
Une pétition qui défend le droit de dire "Nique la France"
En 2012, le chanteur du groupe ZEP (Zone d'expression populaire) - connu sous son nom de scène Saïdou - et le sociologue Saïd Bouamama sont mis en examen (puis relaxés) pour "injure publique" et "provocation à la discrimination, la haine ou à la violence". En cause les vers suivants : "Nique la France et son passé colonialiste, ses odeurs, ses relents et ses réflexes paternalistes / Nique la France et son histoire impérialiste, ses murs, ses remparts et ses délires capitalistes". La plainte avait été déposée par l'Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne (Agrif), une association d'extrême droite.Une pétition paraît alors dans le magazine Les Inrockuptibles pour soutenir le chanteur et le sociologue. Des personnalités comme Noël Mamère, Eva Joly, Olivier Besancenot ou Clémentine Autain signent cette pétition. Mais aussi des personnes moins en vue, dont Danièle Obono, encore inconnue de la scène médiatique à l'époque.
"Pourquoi vive la France?"
Invitée sur le plateau des Grandes Gueules de RMC mercredi, la députée insoumise est interrogée par Alain Marschall sur la signature de cette pétition : "Vous êtes députée de la République, avec l'écharpe bleu-blanc-rouge, et vous aviez signé une pétition en faveur de la chanson 'Nique la France' du groupe ZEP. Est-ce qu'en tant que députée, vous êtes fière de l'avoir fait?" L'élue de La France insoumise explique : "C'était pour défendre la liberté d'expression de ces artistes, ça fait partie des libertés fondamentales."
Après quelques tentatives de justifications et remarques de chroniqueurs choqués, Alain Marschall la questionne : "Est-ce que vous pouvez dire 'vive la France'?". La députée hésite, se demande "pourquoi vive la France?" et finit par concéder un timide : "Oui, oui, vive la France." Trop tard, la polémique est déjà là.
Déferlante sur la Toile
Les réactions s'enchaînent. Le chroniqueur Jean-Michel Apathie se fend sur Twitter d'un : "Entendre 'Nique la France' la gêne moins que dire 'Vive la France'. Elle est pas mal l'Insoumise...", citant le tweet d'un proche de Jean-François Copé, Antoine Lévèque. Des sites d'extrême droite comme fdesouche ou La gauche m'a tuer n'hésitent pas à publier les liens vers les anciens comptes Twitter et Tumblr de la nouvelle députée, enjoignant leurs internautes à poster leur avis en commentaire.
"Je pense qu’il y a un racisme patent dans ce qui a été fait"
Les membres de La France insoumise n'ont pas tardé à afficher leur soutien à la députée. Après Jean-Luc Mélenchon sur Facebook jeudi, c'est au tour d'Alexis Corbière et d'Eric Coquerel de réagir. Le premier, invité des Grandes Gueules de vendredi, critique fortement l'attitude des deux animateurs : "Ce que vous avez fait avec Danièle Obono, ce n'est pas bien. Vous avez fait une erreur. Je n'apprécie pas ce que vous avez fait et je suis en colère." Et de renchérir : "C'est un procès d'intention que vous lui faîtes."
Comme son collègue, Eric Coquerel dénonce des intentions racistes de la part des présentateurs : "Ce qui m’étonne c’est que, depuis 2012, ni moi, ni Olivier Besancenot, on ne nous a jamais parlé de cette affaire. Et Danièle Obono, on lui en parle. Je vais vous dire pourquoi je pense qu’on lui en parle : parce qu’elle est noire. Je pense qu’il y a un racisme patent dans ce qui a été fait. Je suis totalement solidaire avec Danièle Obono. Il y a quelque chose d’absolument d’insupportable au fait d’estimer qu’une personne parce qu’elle est noire, on lui demande de crier : vive la France! Moi, on ne me l’a jamais demandé."
Invitée de RFI vendredi matin, Danièle Obono affirme ne pas regretter sa position : "C'est important de défendre les libertés démocratiques, la liberté d'expression, c'est dans ce cadre que j'ai participé avec d'autres à cette pétition." Et d'enjoindre les auditeurs à "aller au-delà et essayer de comprendre ce qu'il y a derrière." Dans un nouveau message publié vendredi sur Facebook, Jean-Luc Mélenchon appelle, lui, à "soutenir autant que possible et sur tous les supports Danièle Obono contre la meute" et dénonce "une vague raciste".
Par Florence Morel