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Affaire Benalla: il reste deux députés LREM courageux… et Macron les menace
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Depuis le début de l'affaire Alexandre Benalla, seuls deux députés macronistes ont osé exprimer des critiques en public. Ce qui n'a pas empêché le président de leur consacrer un passage spécial dans son discours mardi soir, en les réprimandant sèchement.
Pas une tête ne doit dépasser en Macronie. Face aux parlementaires de la majorité, réunis ce mardi 24 juillet à la Maison de l'Amérique latine à Paris, le président de la République a été clair. Venu remobiliser son camp et s'exprimer pour la première fois sur l'affaire Benalla, Emmanuel Macron a, au passage, adressé un sévère rappel à l'ordre aux députés de son camp qui ont eu l'outrecuidance d'émettre des critiques publiques visant l'Elysée depuis les révélations du Monde le 18 juillet.
"Parfois, nous nous sommes trompés à trop surligner nos différences, a asséné le chef de l'Etat en faisant le bilan de l'année parlementaire écoulée. (...) Nous nous sommes parfois trompés en pensant qu'émettre une voix dissonante était le signe d'une force". Et de dire aux rares élus de la majorité qui ont émis des réserves sur certaines lois depuis un an, que "penser qu'on réussit parce qu'on se décale au moment où un texte est difficile (…) est toujours une erreur. Ça peut être un gain personnel au moment où on le fait, mais c'est toujours une erreur pour le collectif".
Cette petite leçon de discipline de parti – qu'Emmanuel Macron préfère appeler "le 'en même temps' symphonique'" – s'est terminée sur une métaphore menaçante qui paraissait concerner plus spécifiquement les derniers jours : "Les tireurs couchés d'un jour finissent abattus avec les autres quand ils décident de tirer sur les camarades".
Est-ce à dire que Sonia Krimi et Paul Molac risquent d'être "abattus", au moins politiquement ? Jusqu'à présent, ces deux députés sont en effet les seuls, parmi le pléthorique groupe LREM (312 membres), à avoir osé exprimer leur désarroi devant le scandale Benalla. "Quand on se trompe, il faut avoir l'audace et le courage de dire : on s'est trompés, avait clamé samedi 21 juillet la première, députée de la Manche et coutumière des frondes ponctuelles, au micro de BFMTV. C'est une affaire grave, qui n'était pas transparente depuis le départ, alors que nous avons promis aux Français transparence, probité, etc". La parlementaire n'a pas hésité à mettre l'exécutif devant ses contradictions, se disant "abasourdie" qu'Alexandre Benalla n'ait "pas été viré le 2 mai" et que l'affaire ait été gérée à la manière du "vieux monde".
Paul Molac, député LREM du Morbihan, a été le deuxième député macroniste à sortir du bois. Au micro de France Bleu ce lundi 23 juillet, l'ancien socialiste a exprimé toute sa déception : "Nous avons fait campagne sur le fait que la politique devait être plus propre, et je m’aperçois que c'est le pire du monde d'avant". Pointant "une sorte de milice parallèle" développée depuis l'Elysée, il a rappelé : "Le président n'a pas à avoir sa propre organisation, en dehors de la loi, en dehors de tout. Nous sommes dans un État de droit, ce n'est pas comme ça que cela doit marcher".
Une majorité zélée dans la mauvaise foi
Le président peut néanmoins se rassurer : hors de ces deux fauteurs de troubles, le troupeau macroniste a repris en chœur les mêmes éléments de langage pour minimiser la portée de l'affaire Benalla, et tenter d'exonérer le président de toute responsabilité. N'hésitant pas à baigner dans la mauvaise foi la plus complète. Que l'on se souvienne de Florian Bachelier, questeur LREM de l'Assemblée, qui a invoqué… le coût financier de "l'obstruction" de l'opposition pour éviter d'évoquer l'affaire Benalla au Parlement.
Des poids lourds de la Macronie n'ont pas hésité à frôler le ridicule pour défendre Emmanuel Macron : ainsi Gilles Le Gendre, porte-parole du groupe LREM qui s'est opposé à la création de commissions d'enquête parlementaire avant d'affirmer quelques jours plus tard… que la majorité en était à l'origine. Assénez, assénez, il en restera toujours quelque chose.