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A Belfort, salariés de General Electric et habitants appelés à «entrer en résistance»
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Pour contrer le plan social du groupe américain, l'intersyndicale organise une manifestation ce lundi matin. Objectif : empêcher la première réunion d'information et de consultation, qui ouvrirait le délai légal de quatre mois pour supprimer les postes.
Dans quatre mois, tout pourrait être plié. Le couperet est tombé au lendemain des élections européennes : General Electric a annoncé la suppression de 1 050 postes en France, essentiellement dans sa branche turbines à gaz sur le site de Belfort, qui emploie actuellement 1 760 personnes. Ce lundi se tient la première réunion du processus d’information et consultation du plan social visant cette entité achetée en 1999 à Alstom. Pour marquer le coup, l’intersyndicale (CGE-CGC, Sud, CGT) appelle les salariés et la population à «entrer en résistance» et à se rassembler à l’entrée de l’usine, porte de la Découverte, à 8h45. Il s’agit d’empêcher la tenue de cette réunion. Car si elle devait avoir lieu, le compte à rebours serait alors lancé, GE n’étant plus tenu que par un délai de quatre mois avant de pouvoir exécuter son plan et se débarrasser de son personnel.
Mardi, c’est le comité de groupe GE France qui se tient à Paris, ce qui devrait permettre d’en savoir plus sur ses intentions. Le groupe américain avait pourtant promis de créer 1 000 nouveaux emplois à Belfort lors du rachat en 2015 des dernières activités énergie d’Alstom. GE versera une amende de 50 millions d’euros pour promesse non tenue. En plus de ce coup de canif dans l’accord signé en 2014 avec le gouvernement et négocié par le ministre de l’Economie d’alors, Emmanuel Macron, le géant américain entend aujourd’hui sabrer dans les effectifs, en les divisant par deux.
Aucun bras de fer du gouvernement
Une semaine après cette annonce, Bruno Le Maire venait jouer les pompiers sur le site. Il a longuement rencontré les syndicats, dit qu’il avait «compris», qu’il demanderait à la direction de «revoir sa copie», qu’il plaiderait et soutiendrait une diversification du site, notamment dans l’aéronautique. Selon l’intersyndicale, le ministre de l’Economie non plus n’a pas tenu parole : il n’aurait engagé aucun bras de fer avec Larry Culp, le PDG du groupe. Après le petit tour et puis s’en va ministériel d’il y a quinze jours, quelques 200 salariés, à l’appel de l’intersyndicale, ont bloqué pendant une matinée l’expédition d’une turbine la semaine dernière. Ils ont aussi lancé une pétition en ligne, «Stop au massacre de notre industrie par General Electric», qui a déjà recueilli 14 000 signatures. Surtout, ils en ont appelé au chef de l’Etat. Mais Macron, pourtant présent dans la région lundi dernier pour le bicentenaire de Gustave Courbet, n’a pas fait de crochet par l’usine.
Plusieurs autres engagements non respectés
En revanche, Nicolas Sarkozy a passé une tête vendredi. L’ancien chef de l’Etat inaugurait une rue Simone-Veil à Belfort, aux côtés de son ami Damien Meslot, le maire LR de la cité du lion. Tant qu’à faire, il a «répondu à l’invitation de l’intersyndicale», rapporte le quotidien l’Est Républicain. Celui qui, depuis le ministère de l’Economie, avait joué en 2004 le sauveur d’Alstom en injectant l’argent de l’Etat pour éviter au fleuron industriel de déposer le bilan a conseillé aux syndicats de «mettre le couteau sur la gorge de General Electric».
L’intersyndicale réclame que les autres engagements pris par le groupe en 2014 face au gouvernement soient respectés. L’accord devait durer dix ans et prévoyait, outre la création des 1 000 emplois, un centre européen pour les turbines à gaz 50 Hz localisé à Belfort, et non en Suisse comme cela a finalement été décidé. Le document stipulait également que des équipes de direction seraient présentes à Belfort alors qu’il n’en est rien. D’ores et déjà, l’intersyndicale appelle à manifester samedi à Belfort.