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Quand les entreprises américaines contrôlent les liaisons sentimentales ou sexuelles entre leurs employés
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Dimanche, le grand patron du géant américain McDonald’s a été limogé pour avoir entretenu une liaison avec un membre du personnel. Aux États-Unis, les relations entre les employés d’une même entreprise sont souvent sévèrement encadrées.
Au travail, peut-être encore plus qu’ailleurs, les couples se font et se défont. Mais aux États-Unis, les entreprises, échaudées par le mouvement #MeToo, encadrent de plus en plus les liaisons entre leurs employés.
« Afin d’éviter des situations qui pourraient avoir un impact négatif sur le cadre de travail, les employés qui ont un lien hiérarchique direct ou indirect n’ont pas le droit de nouer une relation sentimentale ou sexuelle », édicte le géant du fast-food McDonald’s dans son règlement intérieur.
Dans une préface, son directeur général Steve Easterbrook évoque les « responsabilités légales et éthiques » des salariés du groupe, sous une photo de lui tout sourire. Dimanche, il a été limogé pour ne pas en avoir tenu compte et s’être trop rapproché d’un ou une subordonnée. « Une erreur », a-t-il reconnu.
« Politiques de fraternisation »
Cela fait longtemps que les plus grandes entreprises américaines, notamment, ont adopté des « codes de conduite » sur les relations entre leurs employés, parfois appelés « politiques de fraternisation », explique Julie Moore, avocate en droit du travail et spécialiste de ces questions.
En 2013, 42 % des employés américains travaillaient dans une entreprise ayant ce type de règles, d’après une étude du réseau des professionnels des ressources humaines (Society for human resources management).
Leur but : minimiser le risque de harcèlement sexuel, mais aussi lutter contre le favoritisme, les conflits d’intérêts, les tensions en interne et dans une société puritaine, préserver « la morale »dans l’entreprise, énumère Mme Moore.
Jusqu’en 2017, ces règlements n’étaient pas toujours appliqués scrupuleusement et les salariés n’étaient pas forcément formés à les prendre en compte.
« Les entreprises font plus attention aujourd’hui à cause du bruit généré par le mouvement #MeToo », de lutte contre le harcèlement sexuel né il y a deux ans, souligne l’avocate.
« Pas vraiment consentie »
Pour elle, « les liaisons et le harcèlement sexuel vont de pair, car si une histoire finit mal, l’un des deux peut dire que la relation n’était pas vraiment consentie ».
L’entreprise risque alors de voir son image salie par l’affaire et sa responsabilité mise en cause en justice, avec des dommages financiers potentiellement très élevés, comme c’est arrivé au groupe de presse Vice Media.
Pour s’en prévenir, les grands groupes n’hésitent pas à faire rouler les têtes. En 2018, le fabricant de micro-processeurs Intel a remercié son PDG, Brian Krzanich, parce qu’il avait entretenu une liaison avec une employée, contrevenant à un règlement adopté en 2011.
D’autres segments de la société, comme le Congrès, ont à leur tour adopté des règles interdisant les relations sexuelles avec des subordonnés.
Cela a valu à la jeune élue démocrate Katie Hill d’être visée par une enquête qui, combinée à la publication de photos intimes, l’a poussée à la démission il y a une semaine.
Un Américain sur trois
Mais certaines entreprises ne se contentent pas d’interdire les relations entre les chefs et leurs employés.
Selon Mme Moore, les employeurs sont totalement « libres de choisir les règles » et peuvent interdire les rapports intimes avec des fournisseurs, au sein d’un même service, avec les employés des ressources humaines, du service comptabilité, ou tout bonnement avec l’ensemble des collègues.
En 2015, le fabricant de vêtements American Apparel a ainsi interdit toute relation, occasionnelle ou durable, entre ses employés, après un scandale de harcèlement sexuel impliquant son fondateur.
Pour Johnny Taylor, directeur de la Society of Human Resources Management, « cela n’a aucun sens d’interdire les histoires de cœur dans l’entreprise »
Un adulte américain sur trois est actuellement ou a été impliqué dans une relation avec un collègue, selon une étude de son organisation. « C’est normal vu le temps que l’on passe au travail », souligne-t-il dans un communiqué.
Pour lui, plutôt que de mettre un interdit sur ces aventures, les entreprises feraient mieux d’encourager leur personnel à les rendre publiques, ce qui couperait court à tout soupçon ultérieur de harcèlement ou de favoritisme.