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Macron en visite chez ses amis de la finance
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Macron en visite chez ses amis de la finance | L’Anticapitaliste (lanticapitaliste.org)
Crédit Photo: DR
Hebdo L’Anticapitaliste - 576 (08/07/2021)
Alors que l’on parle de 4e vague de la covid et que des dizaines de milliers d’emplois sont menacés, Macron s’est affiché ces derniers jours dans deux endroits significatifs : une grande banque d’affaires et un magasin de luxe. Il faut dire que leurs patrons l’adorent.
La banque d’affaires, c’est la banque étatsunienne JP Morgan, qui augmente ses effectifs parisiens : de 265 à 800. Faible compensation pour les centaines de milliers d’emplois supprimés, menacés ou précarisés. Le 23 juin, le président a visité la nouvelle salle de marché de la banque, où se font des transactions de centaines de milliards d’euros sur les dettes française et européenne. C’est-à-dire un lieu d’intenses et rentables spéculations.
« Ce jeune banquier plein de passion »
Le président de JP Morgan France, Kyril Courboin, n’a pas caché son enthousiasme pour son invité, « ce jeune banquier plein de passion qui voulait changer la France » et dont le ministre de l’Économie Bruno Le Maire « nous a dit : si vous avez un problème nous trouverons une solution ». Même enthousiasme chez le PDG de JP Morgan, Jamie Dimon, qui a rendu hommage à un président « cohérent, solide ». « Merci de votre confiance », les a remerciés Macron. « Vous mettez votre argent ici, c’est la meilleure preuve d’amour » pour la France, a-t-il souri. Après la visite, Dimon a encore lâché des tirades enthousiastes : Emmanuel Macron « comprend que la finance est ce qui fait tourner l’économie. […] Votre président de la République est devenu un des meilleurs dirigeants politiques au monde. Il n’y a aucun doute là-dessus. C’est un bosseur, il a l’esprit vif, il sait comment les choses fonctionnent. […] Il est vraiment en train de changer la France. »
On ne saurait mieux décrire l’inspiration de la politique de Macron et sa clique. Au-delà des discours sophistiqués, l’argent est pour eux la mesure de toute chose et c’est la finance, et non le travail de milliards d’exploitéEs à travers le monde, qui fait tourner l’économie ! Peu importe que JP Morgan soit fortement soupçonné d’avoir, par exemple, participé à un montage financier frauduleux ayant pour objectif de mettre à l’abri des regards du fisc plus de 300 millions d’euros au profit des dirigeants de De Wendel, dont l’ancien président du Medef Ernest-Antoine Seillière.
« L’art de vivre à la française »
Deux jours plus tôt, le 21 juin, Macron s’était empressé de répondre à l’invitation de Bernard Arnault pour célébrer la réouverture de la Samaritaine à Paris, transformée de magasin plus ou moins populaire en temple du luxe. L’inauguration d’un magasin par un président de République est une première. Arnault a cru pouvoir dire que « la réouverture de la Samaritaine est un événement qui marque la fin d’une période tragique ». Et Macron a célébré ce « retour à la vie, dans ce temple du shopping et de l’art de vivre à la française ». Dans quel monde vivent ces gens-là ? De ce côté aussi, l’évasion fiscale prospère. Bernard Arnault, l’homme le plus riche d’Europe, a transféré la quasi-totalité de la richesse familiale à Bruxelles. Quant à son yacht de 101 mètres de long, il ne lui appartient pas officiellement grâce à un montage astucieux.
Le patronat a toujours plusieurs fers au feu et, d’ailleurs, il est parcouru par des clivages économiques et idéologiques. Des fractions patronales peuvent donc soutenir ou s’accommoder de différents candidats possibles aux prochaines présidentielles, de l’extrême droite à l’écologie et la gauche de gouvernement. Mais, pour ce qui est de la finance internationalisée, le choix est pour l’essentiel fait : ce sera Macron. Xavier Bertrand s’en est rendu compte avec amertume lors d’un déjeuner organisé avec Bernard Arnault : selon le Canard enchaîné, Arnault a brutalement douché les espoirs de Bertrand et déclaré qu’il ferait tout pour soutenir Emmanuel Macron.
Avec ses moyens, le NPA s’efforcera de faire entendre un autre son de cloche lors de la présidentielle. C’est le travail qui est producteur de richesses et non la finance, et on ne peut laisser l’avenir du monde entre les mains de gens tels que Dimon et Arnault !