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26% des nouvelles hospitalisations "covid" ont une autre cause que le virus
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Covid-19 : 26 % des nouvelles hospitalisations ont une autre cause que le virus (lemonde.fr)
Durant la deuxième semaine de janvier, près de la moitié des 20-29 ans admis à l’hôpital en étant porteur du virus l’ont été pour un autre motif médical que le Covid-19. Ce biais de calcul tend à s’amplifier.
Plus de 27 000 personnes déclarées comme ayant le Covid-19 sont actuellement hospitalisées en France. Cependant, une partie non négligeable d’entre elles le sont pour une autre raison que les effets de la maladie. Ce biais, identifié depuis le début de l’épidémie – Libération le signalait en février 2021 –, tend à s’amplifier dans un contexte de forte circulation du virus.
Pour la semaine du 8 au 14 janvier 2022, environ 26 % des patients nouvellement hospitalisés et diagnostiqués positifs au SARS-CoV-2 ont été pris en charge pour un motif autre que le Covid-19, selon le point épidémiologique publié par Santé publique France (SPF) le 20 janvier. Ils étaient 13 % en moyenne sur l’ensemble de l’année 2021, et 21% au tout début de janvier.
Parmi les malades admis en soins critiques, ceux soignés pour une autre raison que le Covid-19 représentaient au même moment 13 % de l’ensemble des patients déclarés positifs au SARS-CoV-2 (contre 7 % la semaine du 27 décembre 2021). La proportion évolue légèrement (de 5 % à 8 % sur la même période) pour les admissions en réanimation.
Ce décalage entre hospitalisations « pour » et « avec » Covid-19 est plus marqué chez les jeunes adultes. Durant la deuxième semaine de janvier, 46 % des 20-29 ans nouvellement hospitalisés et diagnostiqués positifs au SARS-CoV-2 l’ont été pour un autre motif médical que le Covid-19 (24 % en soins critiques) et 44 % des 30-39 ans (17 % en soins critiques).
Tous ces éléments sont calculés à partir des données renseignées dans SI-Vic (système d’information pour le suivi des victimes), le système de surveillance mis en œuvre à la suite des attentats de novembre 2015 et devenu dès le début de l’épidémie « le pivot du dénombrement hospitalier des patients atteints [du] Covid-19 », selon la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees).
Une variable publiée quelques mois par SPF, puis retirée
Lors de la première vague, « aucune information médicale autre que le statut d’hospitalisation n’y est saisie », ce qui, de l’avis de la Drees, ne posait alors pas de difficultés majeures. En effet, comme « l’activité de base des hôpitaux était presque à l’arrêt, l’essentiel des patients entrés dans SI-Vic étaient admis du fait de leur infection. Puis, progressivement, les capacités de dépistage ont augmenté et ce dernier est devenu beaucoup plus fréquent pour les patients admis à l’hôpital. En parallèle, après le plus fort de la vague épidémique, les opérations planifiées ont progressivement repris ». Des personnes contaminées par le SARS-CoV-2 et hospitalisées pour une crise d’appendicite ou un accident de la route ont ainsi pu être admises dans la base de données, sans pour autant avoir de symptômes majeurs liés au Covid-19.
Par la suite, une variable renseignant le motif d’hospitalisation a été ajoutée dans SI-Vic. Elle rend possible la distinction entre les patients hospitalisés pour Covid-19 et ceux admis pour un autre motif. Si cette donnée a été utilisée durant quelques mois dans les points hebdomadaires de SPF, elle a été retirée car elle « était extrêmement stable », explique l’agence. Pourquoi ne pas avoir remplacé les données hospitalières en accès libre par les informations extraites de cette nouvelle variable, plus précise ? N’aurait-il pas été possible d’ajouter une colonne dans ces fichiers utilisés pour alimenter les tableaux de bord de nombreux médias ? Interrogé, SPF répond que l’objectif était de « maintenir un système de surveillance stable dans le temps » et de faciliter les comparaisons avec d’autres pays.
Une distinction effectuée dans d’autres pays
Pourtant, la même question s’est posée chez nos voisins. En Espagne, le quotidien El Pais estimait le 14 janvier que, dans les indicateurs hospitaliers de suivi du Covid-19, entre 25 % et 40 % des patients étaient hospitalisés pour d’autres causes. Au Royaume-Uni, la part de personnes traitées principalement pour Covid-19 parmi toutes celles déclarées positives semble aussi en décrue, selon les données hospitalières publiées par le National Health Service. Mais il faut interpréter ces données avec prudence : il n’est pas toujours facile de distinguer ce qui est causé par le Covid-19 de ce qui ne l’est pas : la maladie pouvant générer un certain nombre de complications, la classification « avec » et « pour » Covid-19 n’est pas forcément évidente.
Malgré ces réserves, avoir en accès libre le nombre de patients hospitalisés en raison du Covid-19, et non plus seulement « avec » le Covid-19, permettrait d’améliorer le suivi de la situation en pleine vague d’Omicron. Il s’agit également d’une question de transparence. « Bien que cela ne change rien à la gravité de la situation dans les hôpitaux de l’Ontario, il est important de partager ces données pour fournir un contexte supplémentaire sur l’état de la pandémie », explique ainsi sur Twitter Christine Elliott, la ministre de la santé de l’Ontario (Canada), province où les données publiques font depuis quelques jours le distinguo entre les patients hospitalisés en raison du Covid-19 et ceux déclarés positifs mais admis pour d’autres motifs (45 %). En France, SPF assure suivre cet indicateur « quotidiennement » et annonce sa publication « en open data prochainement ».