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USA : Le syndicat de l’automobile appelle à préparer une grève générale tout en soutenant Biden
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Le syndicat United Auto Workers (UAW) illustre à la fois les problèmes et les possibilités du monde du travail. La semaine dernière, son président Shawn Fain a soutenu la candidature du démocrate Joe Biden à l’élection présidentielle, tout en appelant à organiser une grève générale.
En 2023, après l’inculpation et la condamnation pour corruption de l’ancienne direction de l’UAW, Shawn Fain et un groupe de réformateurs ont été élus à la tête du syndicat. Fain et son groupe ont alors mené le syndicat dans une grève nationale remarquable contre les trois grands constructeurs automobiles américains. Comme je l’ai écrit à l’époque : « L’UAW a mené une grève de 45 jours contre les trois grands constructeurs automobiles américains — Ford, Stellantis et General Motors — avant de négocier un contrat en octobre et d’obtenir non seulement d’importantes augmentations de salaire et l’élimination des échelons, mais aussi d’empiéter sur le contrôle des entreprises sur leurs usines et sur l’industrie. Cela faisait des décennies que les États-Unis n’avaient pas vu un syndicat mener une telle grève de travailleurs industriels ».
Vers un syndicat lutte des classes
Aujourd’hui, Shawn Fain a appelé les syndicats américains à organiser une grève générale… en mai 2028. S’exprimant lors de la conférence politique nationale de l’UAW, il a déclaré : « Nous voulons une grève générale. Nous voulons que tout le monde débraye, comme cela se fait dans d’autres pays ». Bien qu’il y ait eu quelques grandes vagues de grèves, comme celles de 1919, des années 1930, de 1946 et de 1970, et quelques grèves générales à l’échelle d’une industrie ou d’une ville, il n’y a jamais eu de grève générale à l’échelle nationale. Pour parvenir à une telle grève, Fain a appelé les syndicats à fixer la date d’expiration de leurs contrats collectifs à mai 2028, comme l’a fait l’UAW.
Un tel appel sera difficile à concrétiser. La loi Taft-Hartley de 1947 a interdit les grèves de soutien, les grèves de solidarité et les grèves générales, et depuis les années 1970 et jusqu’à ces dernières années, les grèves ont considérablement diminué aux États-Unis. Les dirigeants syndicaux ont hésité à remettre en cause le statu quo et, jusqu’à présent, les travailleurEs n’ont pas eu la conscience, l’organisation et la combativité nécessaires pour le faire. Il est clair que l’appel de Fain à une grève dans quatre ans est une tentative d’attirer l’attention des travailleurEs et d’orienter la classe ouvrière vers une politique de lutte de classe.
Dans le même temps, Fain a annoncé que l’UAW, qui compte près d’un million de membres (400 000 actifEs et 500 000 retraitéEs), soutiendra Biden à la présidence, qualifiant son rival Donald Trump de « briseur de grève » opposé à « tout ce que nous défendons ». Le président Biden avait rejoint les travailleurEs de l’UAW sur un piquet de grève l’année dernière, une première pour un président américain. Pourtant, un sondage interne de l’UAW réalisé l’été dernier a montré que 30 % des membres soutenaient Biden, 30 % soutenaient Trump et 40 % étaient indépendants. Lors des dernières élections présidentielles, environ 60 % des membres ont voté pour le parti démocrate. L’annonce de Fain vise à unifier les membres derrière Biden.
Le besoin d’un parti des travailleurEs
Les deux annonces de Fain révèlent les possibilités et les problèmes des travailleurEs. D’une part, une partie réduite mais significative de l’UAW et de la classe ouvrière en général est désormais prête à s’engager dans la lutte des classes. Mais l’orientation politique de la masse des travailleurEs est plus problématique. La direction de l’UAW a décidé de soutenir Biden, le candidat d’un parti capitaliste. Certains membres de l’UAW refusent cette position en raison du soutien de Biden à la guerre génocidaire d’Israël contre la Palestine. Un nombre encore plus important de membres de l’UAW soutient Trump et sa politique raciste, misogyne, pro-business et autoritaire. Et la classe ouvrière elle-même n’a pas de force politique indépendante.
Les États-Unis n’ont pas eu de parti ouvrier important — parti du travail, socialiste ou communiste — depuis les années 1910. Et la création d’un tel parti n’a pas rencontré beaucoup de soutien depuis les années 1930. Bien que sa création ne soit pas à l’ordre du jour pour le moment, le besoin d’un tel parti de travailleurEs est clair, mais il devra être créé en luttant contre la bureaucratie ouvrière et le Parti démocrate. Les obstacles sont donc clairs eux aussi.