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Bilan des manifestations contre le pacte de responsabilité
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(Le Monde) Des dizaines de milliers de salariés ont défilé, mardi 18 mars, dans plusieurs villes de France à l'appel des syndicats CGT, FO, FSU et Solidaires pour « le progrèssocial » et contre le « pacte de responsabilité », pièce maîtresse de la nouvellepolitique pour l'emploi de François Hollande.
Cette journée du « front du refus », dont les 140 cortèges ont été parfois clairsemés, a mobilisé 240 000 manifestants, selon la CGT. Une telle mobilisation à une date si rapprochée — cinq jours — d'un scrutin national, les élections municipales, est inédite.
- A Paris, des milliers de manifestants sont partis en début d'après-midi de Montparnasse pour rejoindre les Invalides, avec en tête les dirigeants des centrales syndicales, Thierry Lepaon (CGT), Jean-Claude Mailly (FO), Annick Coupé (Solidaires) et Bernadette Groison (FSU).
- A Marseille, ils étaient 5 900 manifestants, selon la préfecture de police, 42 000 selon les organisateurs.
- A Toulouse, la manifestation a rassemblé 3 100 personnes, selon la police, et 12 000, de source syndicale.
- A Bordeaux, l'intersyndicale ne revendiquait que 5 500 personnes
APPELS À LA GRÈVE PEU SUIVIS
Les appels à la grève semblaient néanmoins peu suivis. Si quelques perturbations ont eu lieu dans le transport aérien, en particulier en province, la SNCF et la RATP ont fonctionné normalement.
Dans l'éducation nationale, 5,7 % d'enseignants dans les vingt-six académies métropolitaines ont été grévistes, et 5,20 % du personnel du Pôle emploi, selon sa direction.
Le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a jugé cette mobilisation « très disparate ». « C'est avant tout contre le pacte de responsabilité », a-t-il dit, confirmant son souhait d'aller « vite ». « Les choses avancent, on est tout près de l'aboutissement sur les parties coût du travail et fiscalité », a-t-il déclaré lors d'une rencontre avec les agences de presse.
« POUR NOUS, C'EST LE PATRONAT QUI EST ASSISTÉ »
M. Mailly, à l'origine de cette mobilisation, appelle à combattre ce « pacte de complaisance », « une feuille blanche », dont « on ne sait comment il sera financé » et qui ne prévoit « rien » en termes d'emploi en contrepartie des 30 milliards d'euros de baisses de charges concédées aux entreprises.
Thierry Lepaon (CGT) a évoqué un « pacte d'irresponsabilité » qui « s'inscrit dans les politiques antérieures, y compris celles menées par Nicolas Sarkozy en son temps, d'abaissement du coût du travail ».
« On parle beaucoup des salariés qui seraient assistés, des chômeurs qui seraient assistés. Aujourd'hui, pour nous, c'est le patronat qui est assisté par ce gouvernement, et c'est quand même un comble pour ceux qui ont voté pour François Hollande ! » a-t-il déclaré, soulignant toutefois que les cortèges de mardi n'étaient pas des « manifestations anti-Hollande ».
LES SYNDICATS DIVISÉS
M. Lepaon, qui s'est montré dernièrement très critique vis-à-vis des syndicats qui ont accepté de jouer le jeu du pacte, a jugé que les syndicats réformistes avaient« accepté aujourd'hui l'idée que l'avenir de notre économie passe par un abaissement du coût du travail ». Il a admis l'existence d'une division syndicale :« Elle existe. Il faut en tenir compte. Mais l'objectif, c'est le rassemblement, car les grandes conquêtes sociales ont eu lieu quand les syndicats ont réussi à serassembler. »
Pour Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, qui ne s'est pas associée à la mobilisation, les manifestations qui se sont tenues mardi sont des « fourre-tout ». « On n'a pas du tout de gêne de ne pas être avec les autres organisations aujourd'hui » et « on n'a pas eu de remontées de nos troupes nous disant “on aurait aimé y aller” », a-t-il commenté.
Selon M. Berger, le « pacte de responsabilité » consiste à « voir si on peutredonner de l'espace à de l'activité économique pour créer de l'emploi, alors qu'il y a 3,3 millions de chômeurs, pour que les salariés soient davantage formés et pourinvestir dans des entreprises qui manquent d'investissements ». La CFDT « n'est pas là pour regarder les choses se faire, elle n'est pas là pour se satisfaire des inégalités ou du chômage sans essayer de trouver des solutions », alors que « les organisations qui manifestent aujourd'hui [contre le pacte] n'ont pas décidé de s'impliquer concrètement dans la recherche de solutions », estime le syndicaliste.