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Mariupol: l’armée de Kiev échoue à prendre le contrôle de la ville
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
REPORTAGE - L'armée a tenté sans succès de reprendre le contrôle de Marioupol avant le référendum séparatiste du dimanche 11 mai.
La ville a réagi comme un nid de guêpes recevant un coup de bâton. Une colonne de blindés légers de la Garde nationale a mené une expédition punitive contre le siège de la police de Marioupol après qu'une soixantaine de rebelles armés ont tenté de s'en emparer. Après un après-midi marqué par des accrochages en plusieurs endroits de Marioupol, l'armée s'est finalement repliée sur ses anciennes positions, à la limite de la ville. Bilan: vingt morts du côté des rebelles armés prorusses et quatre personnes arrêtées, selon le ministre de l'Intérieur ukrainien, Arsène Avakov, et un mort du côté des militaires.
Les habitants de Marioupol de sensibilité prorusse voient les événements sous un jour complètement différent. «Ils nous ont attaqués le jour le plus sacré de l'année. Avant, 80 % des habitants étaient pour l'indépendance de la République populaire de Donetsk, désormais, nous serons 100 %», clame Denis, qui se présente comme un ancien militaire. Selon des témoins oculaires, dont Denis fait partie, entre cinq et sept blindés ont attaqué le siège de la police vers 13 heures, heure locale. L'assaut fut très brutal et bref. Deux heures plus tard, le bâtiment apparaît largement détruit. Des impacts de balles de gros calibre parsèment la façade, éventrée par endroits. Le feu lèche les murs, et des pompiers s'affairent pour éteindre l'incendie. Une haute colonne de fumée noire s'échappe à travers ce qui reste du toit et attire la foule bien au-delà du quartier.
Vladimir, un jeune mécanicien, dit avoir accouru sur place juste après la fin des combats. «J'ai vu au moins dix morts», affirme-t-il. Curieusement, deux cadavres ont été abandonnés un peu à l'écart du sinistre, recouverts par des tissus. «Ils ont attaqué la police parce qu'elle est avec le peuple, estime Vladimir. Ici, nous sommes tous contre le gouvernement illégal de Kiev, et la police a refusé de se soumettre à la junte.»
«Maintenant, c'est sûr, la troisième guerre mondiale va commencer, et ce ne sont ni l'Ukraine ni la Russie qui sont responsables, c'est vous les Européens et les Américains. Vous marchez à l'argent, tandis que nous sommes animés par des idées, et c'est cela qui nous rend plus forts »
Un jeune prorusse
Les esprits s'échauffent vite. «C'est votre Europe qui sponsorise le gouvernement de Kiev, c'est votre Europe qui est responsable du massacre!» menace un jeune homme. «Maintenant, c'est sûr, la troisième guerre mondiale va commencer, et ce ne sont ni l'Ukraine ni la Russie qui sont responsables, c'est vous les Européens et les Américains. Vous marchez à l'argent, tandis que nous sommes animés par des idées, et c'est cela qui nous rend plus forts», lance-t-il d'un ton de défi.
Un homme ôte la couverture recouvrant un des deux cadavres, qui gît à côté d'une Lada aux vitres brisées. «Regardez, il porte un brassard ukrainien! Le salaud!» crie un badaud. D'autres s'approchent. L'un des badauds flanque un coup de pied au cadavre et crache dessus: «Ordure! C'est pas un être humain» Les insultes fusent. «C'est un fasciste! C'est Pravy Sektor (groupuscule nationaliste ukrainien, NDLR).» Quelqu'un s'interpose et replace la couverture sur le corps. La foule se calme mais ne se disperse pas.
Au-delà du lieu des affrontements, les rues du centre-ville sont pratiquement désertes. Seuls de petits groupes de jeunes gens errent, bouteilles de bière en main, ou bâton. L'atmosphère est lourde. Vers 17 heures, un puissant coup de klaxon éclate, suivi d'une clameur venant de l'avenue Lénine. Un camion apparaît, conduit par un homme cagoulé, tractant lentement un tank sur lequel sont juchés une dizaine d'adolescents surexcités, armés de barres de fer. «Hé, les gens! Il ne faut plus avoir peur! Nous sommes plus forts que les fascistes!» Rapidement, une foule compacte composée presque uniquement de jeunes gens entoure le convoi. «Nous vaincrons! Mort à l'Ukraine!» Tout ce qui leur tombe sous la main est jeté sur la chaussée pour former des barricades. Marioupol se transforme en ville assiégée.