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Portugal, effondrement boursier dans une économie malade
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
http://www.lutte-ouvriere-journal.org/?act=artl&num=2399&id=33
Jeudi 10 juillet, le « gendarme » de la Bourse de Lisbonne a suspendu la cotation de Banco Espirito Santo (BES), après que l'action de cette banque portugaise eut chuté de 17 % dans la journée, et de 50 % en un mois. Dans son sillage, la Bourse de Lisbonne a dévissé de 4,2 % le même jour. Les Bourses du sud de l'Europe ont reculé à leur plus bas niveau depuis deux mois. Plombée par le Crédit agricole, qui possède 15 % de BES, la Bourse de Paris efface même tous ses gains de 2014.
La perte de confiance dans BES, première banque portugaise par ses actifs qui représentent la moitié du produit intérieur brut du pays, a eu d'autres effets en cascade : les taux auxquels le Portugal emprunte sur les marchés financiers sont repartis à la hausse après des mois de baisse, suivis par ceux d'autres États ; la Grèce n'a pu vendre la moitié des titres de dette publique qu'elle avait émis.
BES, fondé en 1869 par la famille Espirito Santo, est resté contrôlé par cette dynastie via sa holding familiale Espirito Santo International (ESI) jusqu'à sa recapitalisation d'un milliard d'euros en juin 2014... pour faire bonne figure en prévision d'un test de solidité !
Ses déboires actuels auraient pour origine des irrégularités comptables, sanctionnées le 9 juillet par une rétrogradation de trois crans de sa note par l'agence Moody's.
Il est reproché à ESI, déjà endetté à hauteur de 7 milliards d'euros, d'avoir caché depuis 2008 des pertes de 1,3 milliard d'euros. C'est encore peu, comparé ne serait-ce qu'à l'amende de 6,5 milliards d'euros que la BNP est condamnée à payer aux États-Unis. Mais cela suffit à faire resurgir le spectre de la crise de 2008, caractérisée par la méfiance des banques les unes envers les autres, et celui de la crise des dettes des États européens de 2011. Pour la chancelière allemande elle-même, l'affaire de la BES « montre à quelle vitesse les marchés s'inquiètent et à quel point la structure de l'euro reste fragile ».
Le 15 juillet, malgré le remplacement précipité des dirigeants de BES, l'action de la banque poursuivait sa chute, atteignant - 20 % et menaçant d'entraîner les Bourses européennes dans sa chute. Dans une économie toujours au bord d'une nouvelle crise financière, tous les discours sur la « reprise » sont de pures incantations.
David LOUVOIS