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    Bilan de la mobilisation nationale du 9 avril + comparatif

    Lien publiée le 9 avril 2015

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    Mobilisation du 9 avril 2015

    Selon les syndicats : 300 000 en France, 120 000 à Paris, 45 000 à Marseille, 10 000 à Bordeaux, 8 000 à Toulouse, 7 000 à Lyon, 5 000 à Rouen

    Selon la police : , 32 000 à Paris, 7 000 à Marseille, 4 700 à Bordeaux, 4 000 à Toulouse, 4 200 à Lyon, 2 800 à Rouen

    Mobilisation du 18 mars 2014 (contre le pacte de responsabilité)

    Selon les syndicats : 240 000 en France, 60 000 à Paris

    Selon la police : 10 000 à Paris (pas de chiffre national)

    Mobilisation du 10 septembre 2013 (contre réforme des retraites du gouvernement Ayrault)

    Selon les syndicats : 370 000 en France, 50 000 à Paris

    Selon la police : 155 000 en France, 15 000 à Paris

    Rappel mobilisations sur la réforme des retraites de l'automne 2010

    7 septembre 2010 : 2,7 millions selon les syndicats, 1,12 millions selon la police

    23 septembre 2010 : 3 millions selon les syndicats, 997 000 selon la police

    2 octobre 2010 : 3 millions selon les syndicats, 899 000 selon la police

    12 octobre 2010 : 3,5 millions selon les syndicats, 1,23 millions selon la police

    16 octobre 2010 : près de 3 millions selon les syndicats, 825 000 selon la police

    19 octobre 2010 : 3,5 millions selon les syndicats, 1,1 millions selon la police

    28 octobre 2010 : près de 2 millions selon les syndicats, 560 000 selon la police

    6 novembre 2010 : 1,2 millions selon les syndicats, 375 000 selon la police

    Article du Monde

    Une belle « manif » et une grève invisible

    La France n'a pas tourné au ralenti, jeudi 9 avril, lors de la journée de grèves et de manifestations contre l'"austérité", lancée par quatre organisations syndicales contestataires (CGT, FO, FSU et Solidaires) – les quatre syndicats réformistes (CFDT, CFTC , CFE-CGC, UNSA) s'en étant tenus à l'écart. Philippe Martinez semble avoir réussi son pari, celui d'une belle manifestation parisienne censée montrer la force militante de la CGT. La centrale de Montreuil n'hésite pas à parler (un peu vite) d'un "succès retentissant" et prépare un 1er-Mai unitaire. En revanche, l'appel à la grève interprofessionnelle lancé par Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de FO, est, lui, resté invisible.

    A Paris, des dizaines de milliers de manifestants (120 000, selon la CGT) ont défilé de la place d'Italie aux Invalides dans une marée de calicots et de drapeaux rouges démontrant l'écrasante domination des cégétistes dans le cortège. La CGT, déployant un vrai savoir-faire, avait bien fait les choses en faisant monter dans la capitale plus de 250 cars transportant 18 000 militants. La mobilisation des fonctionnaires et des employés municipaux a fait le reste.

    Pour Philippe Martinez, qui a besoin d'asseoir sa légitimité sur une centrale encore fracassée par la crise interne qui a entraîné la démission de son prédécesseur, Thierry Lepaon, il s'agissait d'un test qui a été d'autant plus réussi que beaucoup de militants ont eu à cœur de donner une image de rassemblement après avoir étalé leurs divisions. Pour autant, les plaies nées de cette crise ne sont pas encore cicatrisées et le secrétaire national de la CGT est toujours confronté, un an avant le congrès confédéral de Marseille, en avril 2016, à des remous dans plusieurs secteurs importants – santé, transports, énergie – de sa confédération.

    300 000 manifestants selon la CGT

    En tête du cortège parisien, où se tenaient au coude à coude, au premier rang, Philippe Martinez, Jean-Claude Mailly, Bernadette Groison (FSU) et Eric Beynel (Solidaires), une banderole indiquait la couleur "contre l'austérité, pour les salaires, les services publics, l'emploi, la protection sociale""Le mot d'ordre, a déclaré à l'AFP le secrétaire général de la CGT, c'est : contre l'austérité et pour des politiques alternatives à celle du gouvernement et du Medef, revalorisation des salaires, réduction du temps de travail, tout ce qui fait en sorte qu'on puisse développer l'emploi."

    La CGT ayant mis le paquet sur la manifestation parisienne, il y avait moins de rassemblements en province que lors des précédentes journées d'action, comme celle du 18 mars 2014, organisée avec FO, la FSU et Solidaires, où 140 manifestations avaient eu lieu contre 86 ce 9 avril. Les manifs de province ont rassemblé, selon la CGT, 45 000 manifestants à Marseille (7 000 selon la police), 8 000 à Toulouse (4 000), 10 000 à Bordeaux (4 700), 7 000 à Lyon (4 200). Au total, la CGT  parle de 300 000 manifestants dans toute la France (240 000 en mars 2014).

    24% des enseignants en grève

    La carte jouée par FO, celle de la grève interprofessionnelle, que Jean-Claude Mailly avait lancée en février lors de son congrès à Tours, n'a pas eu le même écho. N'ont été visibles que les grèves qui étaient sans rapport direct avec l'action du 9 avril, comme celles des contrôleurs aériens ou de Radio France. A la RATP et à la SNCF, il n'y a pas eu de préavis et les transports ont circulé normalement. La Tour Eiffel a été touchée de même que le musée du Louvre. Et selon le SNUipp-FSU, 24% des enseignants des écoles maternelles et élémentaires ont cessé le travail, avec un pic à 50% à Paris et en Seine-Saint-Denis. A La Poste, on n'a compté que 6,65% de grévistes.

    Si la CGT a fait état d'appels à la grève dans 800 entreprises publiques et privées – ce qui est faible par rapport au nombre d'entreprises –, le secteur privé, peu représenté dans les cortèges, a été le grand absent. A la mi-journée, Pierre Gattaz, le président du Medef, qui avait été reçu le matin même par François Hollande, confiait que dans son entreprise, Radiall, il n'avait pas connaissance d'un appel à la grève. Les deux principaux syndicats sont pourtant la CGT et Solidaires qui revendiquent des hausses de salaires, de 6% pour la première et de 4% pour le second. Le patron des patrons n'excluait pas qu'il y ait un débrayage symbolique en fin de journée.

    Coup d'épée dans l'eau

    Une belle manif, une grève invisible, les syndicats contestataires ne pourront pas faire l'économie d'une réflexion sur ces journées d'action à répétition qui montrent que les salariés préfèrent exprimer leur mécontentement ou leur colère dans les urnes plutôt que dans la rue. "Le gouvernement devrait être attentif à ce qui se passe aujourd'hui, a déclaré Jean-Claude Mailly. Ou il écoute ou il n'écoute pas, c'est son problème. Mais qu'il ne vienne pas se plaindre après."

    C'est toute la question. Même quand elle ne se solde pas, en apparence, par un échec, ce type d'action ne fait pas bouger le gouvernement d'un iota. Les annonces faites par Manuel Valls le 8 avril sur l'investissement et la création d'un compte d'activité étaient en direction de son électorat, après la déroute de la gauche aux élections départementales, et de Martine Aubry avant le congrès du PS, en juin à Poitiers, pas des syndicats contestataires qui de toute façon n'en attendaient rien. Au final, la journée du 9 avril est un nouveau coup d'épée dans l'eau.

    Article de Mediapart

    Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé ce jeudi dans toute la France, à l'appel de la CGT, FO, Solidaires et de la FSU. Contre l'austérité, la loi Macron, mais aussi pour l'emploi et les services publics : de nombreux enseignants, personnels de santé ou encore grévistes de Radio France étaient présents.

    « Tu m’étonnes que les mecs ils pètent les plombs après… » Un groupe de militants CGT commente l’arrivée de leur chef, Philippe Martinez, en tête de cortège de la manifestation anti-austérité de jeudi à Paris. Entouré de son service d’ordre, le leader syndical est aussitôt assailli par une nuée de micros et de caméras. C’est son premier gros mouvement social en tant que responsable de la confédération, à la suite de la démission tumultueuse de Thierry Le Paon en janvier. Bien évidemment, le cégétiste chasse la personnalisation d’un  revers de main, tout comme les critiques contre un mot d’ordre anti-austérité jugé trop flou : « Si on ne menait ce type d’action que pour des visées internes à la CGT, on jouerait petits bras. Et puis surtout, ce qui importe, c’est le sort des salariés. Or de l’argent, il y en a. On a réussi à trouver à nouveau plus de deux milliards pour les entreprises, on aurait bien aimé aussi un petit signe du gouvernement sur les salaires. »

    Selon la CGT, près de 300 000 personnes ont défilé en France ce jeudi, dont 120 000 à Paris (la police annonce 32 000 manifestants à Paris). Plus de 80 mobilisations ont eu lieu un peu partout en France, avec parfois des cortèges de plusieurs milliers de salariés, du public comme du privé, à Bordeaux, Marseille ou Lyon. Près d’un quart des enseignants de maternelle ou de l’école élémentaire ont fait grève jeudi, tout comme les contrôleurs aériens, fortement mobilisés, ou certains ouvriers de l'industrie. 

    À Paris, les syndicats ont vraisemblablement réussi leur coup, après une série de mobilisations en demi-teinte ces dernières années. Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière, défile derrière la même banderole que son homologue de la CGT. « Citez-moi une seule mesure, depuis deux ans, dont on puisse dire qu’elle a été faite en direction des salariés et pour eux seuls ? Vous n’en trouverez pas. Le compte pénibilité peut-être, mais quand on voit les obstacles qui s’accumulent dans sa mise en œuvre, je ne suis pas très optimiste… »  Les responsables syndicaux, réunis à quelques encablures de la place d'Italie pour ce défilé parisien, se plaignent tous de n’avoir que la rue pour se faire entendre du gouvernement, quand il « suffit à Monsieur Gattaz de donner une interview dans un journal pour être entendu ».

    Manifestement, les dernières annonces du gouvernement, que ce soit sur le dialogue social ou l’investissement, n’ont pas calmé les esprits échauffés par la loi Macron. « Ce qui a été décidé sur la représentation dans les petites entreprises va dans le bon sens, concède Philippe Martinez, commentant le projet de loi sur le dialogue social qui sera présenté le 22 avril au conseil des ministres. Mais cela reste très déséquilibré, et nous craignons toujours, par la fusion possible des instances représentatives, une disparition du CHSCT. »

    Loin des caméras, c’est Éric Beynel, l'un des deux porte-parole de Solidaires, qui met en garde sur le compte personnel d’activité, un nouveau dispositif annoncé par François Hollande, qui devrait rentrer dans le texte de loi sur le dialogue social. « On n’a pas beaucoup de détails, si ce n’est que cet outil va rassembler différentes choses qui existent déjà et qui posent problème, comme le compte pénibilité ou les droits rechargeables, dont le patronat s’échine à réduire la portée. Surtout, sa mise en route n’est pas possible avant 2017… Quand il s’agit de mesures fiscales en faveur des entreprises, au contraire, c’est quasi immédiat. »

    Sous sa blouse de papier fin, un masque sur le visage, le jeune Sylvain Carles assure vivre au quotidien les effets de l’austérité que dénoncent les dirigeants syndicaux rassemblés à quelques mètres de lui. Aide-soignant à l’hôpital de Rodez, il travaille 8 heures par jour et 5 jours par semaine, ainsi qu’un week-end chaque mois, pour 1 500 euros brut. Il a presque 10 ans d’ancienneté, et a vu les conditions de travail se dégrader : « On parle de 22 000 postes supprimés dans la fonction publique hospitalière, et chez nous, déjà, les nouveaux sont recrutés sur des CDD d’un mois, renouvelés sans cesse. Pour la vie privée, c’est difficile, et puis ce n’est pas bon non plus pour les patients. » Les salariés de la santé se sont d’ailleurs fortement mobilisés ce jeudi, avec nombre de banderoles et de slogans contre la loi sur la santé, examinée actuellement à l’Assemblée nationale.

    Même ressenti chez ces enseignants, une pancarte SNES-FSU à la main, qui regardent passer les métallos de Lorraine. « Dans le Morbihan, ce sont trois écoles publiques qui viennent de fermer, s’insurge Philippe Leastic. Notre département détient le triste record d’avoir deux villes de 10 000 habitants sans collège… Alors même qu’on laisse l'école privée prospérer. » Pour lui et ses collègues, les économies budgétaires laminent déjà sérieusement les services publics. Même si, selon le gouvernement socialiste, la France n’est pas soumise au régime d’austérité.

    La banderole Radio France soulève quant à elle la sympathie des manifestants, qui sifflent au passage des salariés de la maison ronde, lancent vivats et applaudissements. Grève emblématique, longue et visible, les employés de la radio publique veulent s’inscrire dans une lutte plus large : « On diminue partout les moyens de production, les petites unités, comme celle du nettoyage à Radio France, analyse cet attaché de production à France musique. On commence comme ça et on finira par tout casser. Pour mener ce combat, les autorités font appel à des dirigeants comptables, qui sont économes en tout sauf sur leurs salaires ou celui de leurs conseillers. »

    Les rémunérations des gros patrons seront, tout au long du défilé syndical, l’occasion de slogans vachards. La veille de la manifestation, Le Parisien dévoilait que l’ex-PDG de Vivarte aurait quitté ses fonctions avec un chèque de plus de trois millions d’euros, alors même que 1 600 emplois seraient menacés dans ce groupe regroupant des enseignes telles que La Halle aux vêtements ou André (lire le parti-pris de Laurent Mauduit).

    Manifestation parisienne, le 9 avril, contre l'austérité © @Mathilde Goanec

    Pour ne pas laisser le mouvement retomber, FO assure avoir déposé un cahier de revendications auprès de l’Élysée et de Matignon, « et je pense que Philippe Martinez a fait de même », a confié Jean-Claude Mailly. Mais l’un comme l’autre ne peuvent nier que la division du champ syndical affaiblit considérablement la portée de leurs souhaits. Ainsi, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC, en désaccord sur le mot d'ordre anti-austérité, n'ont pas participé à cet appel interprofessionnel.