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    Qu’est-ce que L’Autonomie Ouvrière ?

    Lien publiée le 2 juin 2015

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    http://vosstanie.blogspot.fr/2015/06/quest-ce-que-lautonomie-ouvriere.html

    Vosstanie propose une traduction "maison" et adaptée d'un ouvrage de Lúcia Barreto Bruno édité en 1985 au Brésil. Il sera le support d'une émission et d'un débat sur la question posée. Il va de soi que nous ne sommes pas en accord avec certains propos, approches du livre (ambiguës sur la question de la "gestion" et "d'auto-gestion") qui a donc 30 ans. Ils posent néanmoins en creux de nombreuses questions, critiques (à faire), de manière très stimulante, dans un débat complexe. Il s'agit donc d'un écrit qui nous permettra de dégager pas mal de perspectives.
     

    L'Autonomie ouvrière: Une pratique de classe

    De nos jours on parle beaucoup d'Autonomie Ouvrière. Différents auteurs ont discouru à ce sujet et les interprétations sont diverses.

    Je ne prétends pas faire ici un tableau des différents manières d'aborder le sujet. Ni, d'affirmer mon point de vue comme le seul valable.

    Dès maintenant je m'écarte de toute problématique qui se rapporte à une vérité éternelle, et pense que les idées d'un auteur sont toujours celles qui découlent de sa pratique sociale et non de l'humanité en général.

    De plus l'autonomie ouvrière, son développement sa réalisation ne dépendent pas du débat théorique, mais des conditions objectives existantes dans la société contemporaine et de la position que chacun de nous occupe dans la pratique sociale. C'est à ce niveau que les individus s'unissent ou se séparent autour de questions cruciales de notre temps. Nous verrons, donc, une des possibilités de penser l'autonomie ouvrière, les conditions de son développement, les limites avec lesquelles elle est confrontée pratiquement, seul le futur nous l'indiquera.

    Ce qui définit l'autonomie ouvrière, comme pratique sociale, c'est sa capacité à créer des relations sociales d'un nouveau genre, qui se structurent en antagonisme ouvert avec les relations sociales existantes dans la société capitaliste.

    Dans quel sens ?

    Dans le sens ou l'autonomie ouvrière s'exprime par la pratique de l'action directe contre le capital, sur les lieux de production — épine dorsale du capitalisme. Cette action directe unifie le pouvoir de décision et d'exécution, élimine la division entre travail manuel et intellectuel, abolie la séparation entre des dirigeants et dirigés, et fait cesser la représentation par la délégation de pouvoir.

    Sur le terrain de l'autonomie ouvrière, le travailleur ne se fait pas représenter. Il se représente. Il s'agit d'un processus de lutte dans laquelle la classe ouvrière s'organise et se dirige, en se différenciant des classes dominantes de leurs institutions, des pratiques et idéologies d'intégration et d'exploitation. C'est une pratique qui unifie tout les fronts de lutte : économique, politique et idéologique, en ayant comme objectif final le communisme.

    L'autonomie ouvrière est une tendance très ancienne à l'intérieur du mouvement ouvrier, qui s'est manifestée aux moments le plus aigus de l'affrontement de classes (1).

    L'organisation par laquelle le prolétariat en vient, historiquement, à exprimer son autonomie est le Conseil Ouvrier, où tout le pouvoir appartient aux assemblées générales de travailleurs, axe central des débats et de décisions.

    J'utilise ici la dénomination Conseils ouvriers, parce qu'elle est déjà entrée dans le vocabulaire commun. En réalité ils ont existé et existent sous des noms divers : commission d'usine, commission de travailleurs, comités de grève, soviet, etc. Ce qui importe comme critère de définition c'est la structure interne de ces organisations, leurs objectifs et l'activité qu'elles développent réellement: le contrôle et la gestion de la production et de toute la vie sociale.

    À cette niveau nous pouvons nous demander s'il possible à la classe ouvrière de développer un processus où elle se définit en complète rupture avec la société capitaliste comme un tout.

    C'est ce que nous allons examiner maintenant.

    La classe ouvrière n'est pas une réalité morale, mais sociale. Elle n'a de réalité que dans la manière dont elle s'organise et cette forme est contradictoire.


    D'un côté, c'est la classe organisée par le capital, dans les lieux de production, structurée dans des formes imposées par le système capitaliste, des outils et une technologie déterminée.

    Cette logique soumet la classe ouvrière à des opérations fragmentées, qui l'éloigne de la compréhension du processus de travail et en la soumettant à une stricte hiérarchie.

    C'est la classe ouvrière organisée pour la production de profit dans et pour le capitalisme.

    D'un autre côté, les ouvriers* développent autre eux, des relations libres et collectives et se livrent chaque fois à une lutte directe contre le capital.

    Dans ces nouvelles relations, l'égalité entre les ouvriers, dans la lutte contre le système qui les exploite, élimine les hiérarchies imposées par l'entreprise. En outre, la participation dans les réunions et les décisions collectives de l'ouvrier fait qu'il ne s'éloigne pas de la compréhension de sa propre activité. C'est la classe ouvrière auto-organisée qui lutte pour la réalisation de ses propres objectifs.

    De la contradiction entre ces deux formes d'organisation découle que tant qu'il y aura du capitalisme, l'une ne se développera pas sans l'autre. La discipline dans les entreprises suscite toujours des formes de luttes. Donc l'entreprise est le terrain premier, mais pas ultime du développement de la lutte pour l'autonomie.

    A la suite de ces luttes, la classe ouvrière développe des relations sociales d'un type nouveau, auxquelles je me réfère au début, et qui structurent l'autonomie de la classe face la société capitaliste et la classe des exploiteurs.

    Il s'agit de la création de nouvelles "institutions" sociales où se réalisent les relations établies par la démocratie directe, par la révocabilité et l'éligibilité des délégués par l'assemblée générale de travailleurs, qui auto-institue alors les conditions de développement de la société socialiste.

    Dans ce sens, l'autonomie ouvrière ne signifie pas une autonomie organique, physique, en  relations avec les institutions capitalistes. Elle ne signifie pas, par exemple, L'autonomie des syndicats en rapports avec l'État, ni des mouvements sociaux en relation avec les structures partidaires.

    Ce que signifie ce type d' «autonomie» en revanche, ce sont bien des relations avec les modèles capitalistes d'organisation et de gestion, qui comme toujours sont hiérarchisées, centralisent les décisions et reproduisent les inégalités sociales. Comme nous le verrons tout au long de ce livre, l'autonomie ouvrière s'attache à la création d'une nouvelle réalité sociale, dotée d'institutions spécifiques qu'ils se développent en rupture ouverte avec la société capitaliste.



    * Il est possible de lire ouvrière et / ou prolétaire.

    (1) La Commune de Paris (1871), dans la Révolution Russe (1917), ans la Révolution Allemande (1918/19), dans la Révolution Espagnole (1936/39), etc..