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En Allemagne, l’Afd se radicalise et se marginalise
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
En Allemagne, le parti d’extrême droite AfD désigne deux dirigeants pour les législatives
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Frauke Petry a perdu la bataille. Même si elle reste symboliquement coprésidente de l’AfD (Alternative pour l’Allemagne), son avenir politique est désormais compromis. Lors du congrès de Cologne, les militants ont refusé de la suivre sur sa ligne de «realpolitik» et sur le recentrage du parti.
Brusque arrêt d'une trajectoire
A cinq mois du scrutin fédéral, elle ne jouera plus aucun rôle dans la campagne puisqu’elle a renoncé à prendre la tête de liste. Elle n’a donc aucune chance d’être réélue présidente au prochain congrès. C’est une cruelle défaite pour cette femme de 41 ans, enceinte de son cinquième enfant, qui voulait débarrasser l’AfD de l’aile dure pour devenir un parti de gouvernement. L’objectif était de prendre le pouvoir dans une coalition dès 2021.
Frauke Petry a sous-estimé l’importance du courant ultranationaliste. Le congrès de Cologne, ce week-end, a montré que les militants voulaient suivre les cadres les plus radicaux. Le discours de l’autre coprésident du parti, Jörg Meuthen, a été chaudement applaudi. «L’Allemagne est menacée d’islamisation. Elle n’a presque plus rien en commun avec le pays dans lequel j’ai grandi», a-t-il lâché sous les ovations. Les Allemands risquent de finir en «minorité ethnique», a-t-il ajouté.
En début d’année, Frauke Petry avait déjà encaissé un sérieux échec en ratant l’exclusion du président de l’AfD en Thuringe, Björn Höcke, proche des néonazis. Son maintien voulu par plusieurs cadres avait fait éclater au grand jour les divisions internes et engagé la mise sa mise à l’écart par les ultras. André Poggenburg, membre du comité directeur, a d’ailleurs proposé dimanche d’élire Björn Höcke au bureau directeur.
Un duo qui va brouiller encore plus le profil du parti
A la place de Frauke Petry, les 600 délégués ont choisi comme tête de liste aux élections un duo qui risque de brouiller encore plus le profil du parti. Alexander Gauland, âgé de 76 ans, représente le courant nationaliste. Cet ancien membre du Parti chrétien-démocrate (CDU) défend la thèse du «grand remplacement». L’idéologie du parti avait fait parler de lui en s’attaquant à Jérôme Boateng, le joueur de l’équipe national de football d’origine ghanéenne, star du Bayern de Munich et modèle d’intégration.
Il fera équipe avec Alice Weidel, une économiste libérale de 38 ans qui ne partage pas la rhétorique nationaliste de certains cadres du parti. Homosexuelle déclarée, elle plaide même pour une «immigration qualifiée et contrôlée».
Ce duo atypique devra défendre un programme fondé sur le rejet de l’islam. Le parti promet la fermeture des frontières, l’abrogation de la double nationalité, un durcissement du droit d’asile et une accélération des expulsions de réfugiés. L’Afd veut un retour des Etats souverains, une sortie de l’Union européenne, une élection directe du président de la République, des référendums sur le modèle suisse (démocratie directe) et surtout un «rapport sain au patriotisme» pour en finir avec cette «Allemagne vérolée par les soixante-huitards».
L’AfD a également achevé dimanche son divorce avec les organisations chrétiennes qui avaient appelé à manifester contre le parti dans les rues de Cologne. Pour le vice-président du Comité international d’Auschwitz, Christoph Heubner, ce congrès est une «rupture avec le consensus sociétal de l’Allemagne d’après-guerre». En faisant le choix d’un virage ultranationaliste, l’extrême droite allemande compromet ses chances d’entrer au Bundestag, l’Assemblée fédérale à l’automne prochain. Alors que le parti était crédité de 15% en début d’année, les intentions de vote sont tombées à 7% (or, il faut atteindre au moins 5% des voix pour être représenté). Même si l’aile dure a réussi à s’imposer à Cologne, les divisions internes vont continuer à ronger le parti. Le responsable de l’AfD de Rhénanie-du-Nord-Westphalie (le Land le plus peuplé d’Allemagne) a décidé de suivre «une autre politique» dans sa région que celle du bureau fédéral.
Ce jeune parti, créé en 2103 par des économistes anti-euro, était déjà en voie d’extinction à l’été 2015. La «crise des réfugiés» l’avait sauvé du naufrage. En marginalisant Frauke Petry, le parti se retrouve au point de départ. L’AfD se bat de nouveau pour sa survie.
(24 heures)